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Environnement : un accord "historique" à l'ONU pour protéger la haute mer

Par
  • France Bleu

Les États membres de l'ONU se sont mis d'accord samedi sur le premier traité international de protection de la haute mer, qui comprend par exemple la création d'aires marines protégées en haute mer. Des défenseurs de la nature l'ont salué comme étant un tournant décisif.

Le traité doit notamment permettre la création d'aires marines protégées. Le traité doit notamment permettre la création d'aires marines protégées.
Le traité doit notamment permettre la création d'aires marines protégées. © AFP - Gabriel Barathieu / Biosphoto

Après plus de 15 ans de discussions, les États membres de l'ONU se sont finalement mis d'accord ce samedi sur le premier traité international de protection de la haute mer. "Le navire a atteint le rivage", a annoncé la présidente de la conférence Rena Lee, au siège de l'ONU à New York samedi soir, sous les applaudissements nourris et prolongés des délégués.

Les délégués ont finalisé le texte dont le contenu est désormais gelé sur le fond, mais qui sera formellement adopté à une date ultérieure après avoir été passé au crible par les services juridiques et traduit pour être disponible dans les six langues officielles de l'ONU. "Il n'y aura pas de réouverture ni de discussions de fond" sur ce dossier, a affirmé Mme Lee aux négociateurs.

Le contenu exact du texte n'a pas été publié dans l'immédiat mais les militants l'ont salué comme étant un tournant décisif pour la protection de la biodiversité. Parmi les avancées du traité, la "création d'aires marines protégées en haute mer", l'obligation d'évaluer l'impact des nouvelles activités en haute mer, un partage "juste et équitable" des bénéfices des découvertes faites dans les océans, ainsi que le "renforcement des capacités des États en développement" pour assurer "une bonne gouvernance des aires marines".

"Un jour historique"

"C'est un jour historique pour la conservation et le signe que dans un monde divisé la protection de la nature et des personnes peut triompher sur la géopolitique", a déclaré Laura Meller, de Greenpeace. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a félicité les délégués, saluant une "victoire pour le multilatéralisme et pour les efforts mondiaux visant à contrer les tendances destructrices qui menacent la santé des océans, aujourd'hui et pour les générations à venir".

La France a salué un "accord historique" pour "la conservation et l'utilisation durable" de la haute mer, dans un communiqué du ministère français des Affaires étrangères et du secrétariat d'État à la mer. Paris estime que le texte "ouvre la voie à des avancées essentielles et inédites", selon le communiqué. "Notre capacité à gagner la course contre la montre climatique dépend largement de la préservation des océans et donc de la haute mer qui couvre 45% de la surface de la planète", a souligné le secrétaire d'État chargé de la mer Hervé Berville dans une déclaration transmise à l'AFP. "La haute mer ne sera plus un espace sans protection environnementale, où règne la loi du plus fort et dont l'utilisation des ressources est guidée par l'injustice", a-t-il affirmé.

L'Union européenne s'est également réjouie de cette "étape cruciale pour préserver la vie marine et la biodiversité qui sont essentielles pour nous et les générations à venir", par la voix du commissaire européen à l'Environnement, Virginijus Sinkevicius, qui s'est dit "très fier" de ce résultat.

Aires marines protégées

Ce nouveau traité, quand il entrera en vigueur après avoir été formellement adopté, signé puis ratifié, permettra de créer des aires marines protégées dans les eaux internationales, en haute mer. Dans le droit international, la haute mer commence là où s'arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des Etats, à maximum 200 milles nautiques (370 km) des côtes. Elle n'est donc sous la juridiction d'aucun État.

Les océans fournissent à eux seuls la moitié de l'oxygène que nous respirons et limitent le réchauffement climatique en absorbant une partie importante du CO2 émis par les activités humaines. Or La haute mer représente plus de 60% des océans et près de la moitié de la planète. Elle a pourtant longtemps été ignorée dans le combat environnemental, au profit des zones côtières et de quelques espèces emblématiques. Et alors qu'environ 1% seulement de la haute mer fait l'objet de mesures de conservation à ce jour, les océans s'affaiblissent, victimes de pollutions en tout genre et de surpêche.

Ce premier traité international de protection de la haute mer est donc jugé indispendable pour espérer protéger d'ici 2030 30% des terres et des océans de la planète, comme s'y sont engagés l'ensemble des gouvernements de la planète en décembre. "Les zones de haute mer protégées peuvent jouer un rôle essentiel pour renforcer la résilience face aux effets du changement climatique", a déclaré Liz Karan, de l'ONG Pew Charitable Trusts qui a qualifié cet accord de "réalisation capitale".

Le traité introduit également l'obligation de réaliser des études d'impact sur l'environnement des activités envisagées en haute mer.

Partage des ressources marines

Enfin, chapitre hautement sensible qui a cristallisé les tensions jusqu'à la dernière minute, le principe du partage des bénéfices des ressources marines génétiques collectées en haute mer. Les pays en développement qui n'ont pas les moyens de financer de très coûteuses expéditions et recherches se sont battus pour ne pas être exclus de l'accès aux ressources marines génétiques et du partage des bénéfices anticipés de la commercialisation de ces ressources - qui n'appartiennent à personne - dont entreprises pharmaceutiques ou cosmétiques espèrent tirer des molécules miracles.

Comme dans d'autres forums internationaux, notamment les négociations climat, le débat a fini par se résumer à une question d'équité Nord-Sud, ont commenté des observateurs. Avec une annonce vue comme un geste pour renforcer la confiance Nord-Sud, l'Union européenne a promis, à New York, 40 millions d'euros pour faciliter la ratification du traité et sa mise en oeuvre initiale.

Au-delà, elle s'est engagé à consacrer plus de 800 millions d'euros à la protection des océans en général pour 2023 lors de la conférence "Notre Océan" qui s'est achevée vendredi à Panama. Au total, la ministre panaméenne des Affaires étrangères Janaina Tewaney a annoncé que "341 nouveaux engagements", d'un montant de près de 20 milliards de dollars - dont près de 6 milliards des Etats-Unis-, avaient été pris lors de cette conférence pour protéger les mers.

Prochain rendez-vous : la France et le Costa Rica organiseront la troisième conférence des Nations unies sur les océans prévue à Nice en 2025.

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