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Biodiversité : ce que contient le nouveau plan du gouvernement pour "stopper l'effondrement du vivant"

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

La Première ministre Elisabeth Borne a présenté lundi la version finale de la "stratégie nationale biodiversité" (SNB). Quarante mesures qui constituent la nouvelle feuille de route de la France pour sauvegarder la nature et "stopper l'effondrement du vivant" à l'horizon de 2030.

Elisabeth Borne dévoile ce lundi le nouveau plan de défense et de protection de la biodiversité Elisabeth Borne dévoile ce lundi le nouveau plan de défense et de protection de la biodiversité
Elisabeth Borne dévoile ce lundi le nouveau plan de défense et de protection de la biodiversité © AFP - Serge Tenani / Hans Lucas

Cela fait deux ans qu'était attendue cette nouvelle "stratégie nationale biodiversité". Ce plan, qui doit prendre la suite des deux précédents dont les objectifs n'ont pas été atteints, a été présenté ce lundi par Élisabeth Borne.

"L'effondrement de la biodiversité est si fort, si rapide, si généralisé qu'une sixième extinction menace. (...) En un mot, l'effondrement de la biodiversité est une menace existentielle pour nos sociétés. Nous devons l'endiguer rapidement et inverser la tendance fortement", a déclaré la cheffe du gouvernement en présentant les 40 mesures destinées à sauvegarder la nature et "stopper l'effondrement du vivant" d'ici 2030.

Mais elle a souhaité que les objectifs suivent "un même principe : la radicalité des résultats sans la brutalité des mesures", laissant ses ministres Christophe Béchu (Transition écologique) et Sarah El Haïry (Biodiversité) en préciser les contours.

Cette feuille de route doit reprendre le contenu de l'accord Kunming-Montréal, adopté en décembre 2022 par la communauté internationale à la COP15 Biodiversité : protection effective de 30% des terres et des mers, restauration de 30% des écosystèmes dégradés, réduction de moitié des pesticides, etc. "Ce ne sont pas juste de grandes paroles", a indiqué la secrétaire d'Etat chargée de la Biodiversité Sarah El Haïry, dans un entretien avec l'AFP. Elle promet du "très opérationnel" et du "concret".

Un milliard d'arbres et 50.000 km de haies plantés

Avec par exemple la mise en place d'aires protégées pour "stopper et inverser l'effondrement du vivant", "restaurer la nature" en plantant un milliard d'arbres, "50.000 km de haies", créer "des îlots de fraîcheur dans les écoles" ou encore mobiliser tous les acteurs dont le monde de l'entreprise car "aujourd'hui la biodiversité est l'angle mort du monde économique".

Après un premier projet de cette "stratégie nationale biodiversité" présenté en juillet qui a été soumis à quatre instances qui ont donné leur avis (Conseil national de la biodiversité, Conseil national de la mer et des littoraux, Conseil national de la protection de la nature, Conseil national de l'eau), voici donc la version définitive, articulée autour de quarante mesures.

Parmi les axes qui ont été ajoutés : "la restauration des prairies qui stockent énormément de carbone", les "écosystèmes libérés par la fonte des glaciers" ou encore "la pollution sonore sous-marine qui dérange en particulier les cétacés et les phoques et est principalement due aux activités humaines", a précisé le cabinet de la secrétaire d'État.

Frustration

En octobre, le Comité national de la biodiversité - organisme qui réunit 150 membres, scientifiques, collectivités ou ONG - avait déjà fustigé ce projet de SNB, évoquant une ambition "partielle et perfectible". Celundi, Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue nationale pour la protection des oiseaux (LPO) a déploré les atermoiements du gouvernement à ce sujet. "On espérait un grand plan agriculture où l'on change de paradigme, donc frustration", a-t-il commenté. Pour lui, la concertation prévue à ce sujet "dessert l'ambition" de la SNB. Il a aussi posé la question d'interdire la chasse dans les zones à forte protection.

Michael Weber, président de la fédération des parcs régionaux et sénateur PS de Moselle, a déploré l'absence du ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau. "Si on peut subventionner tout ce qu'on a comme politiques agricoles impactantes (négativement, NDLR) sur l'environnement, ça ne sert à rien", a-t-il dit à l'AFP. "On peut toujours vouloir faire plus, le fait est que nous n'avons jamais fait autant", a répondu Christophe Béchu.

À l'inverse, le président des chambres d'agriculture Sébastien Windsor a salué une volonté "d'embarquer et pas d'imposer", pour "ne pas mettre la nature sous cloche et ne pas stigmatiser telle ou telle profession".

Un milliard d'euros pour la protection de la nature et de l'eau en 2024

La Première ministre a confirmé qu'un milliard d'euros allaient être consacrés à la protection de la nature et de l'eau en 2024, en hausse de 250 millions d'euros. "Il s'agit d'une première étape, pour des besoins complémentaires estimés à 450 millions d'euros en 2027", a précisé le cabinet de Mme El Haïry. Le gouvernement a confirmé vouloir placer, d'ici 2030, 10% du territoire national en "protection forte" (contre 4,2% en 2023).

Promis pour cet automne, le nom de l'emplacement du futur "parc national des zones humides" sera finalement connu "au printemps", a indiqué Mme El Haïry, qui a aussi évoqué la création de Tracnat, un service qui sera le pendant de Tracfin pour lutter contre le commerce illégal de ressources naturelles.

Les principales mesures de la Stratégie nationale biodiversité :

Réduire la pression

  • Le gouvernement entend placer 10% du territoire national (contre 4,2% aujourd'hui) sous "protection forte" d'ici à 2030, en particulier les récifs coralliens d'outremer, les mangroves et les herbiers de Posidonie de Méditerranée.
  • Il entend aussi placer la totalité (contre 60% actuellement) des glaciers français sous protection forte.
  • Contre l'artificialisation des sols, la consommation d'espaces naturels, agricoles et forestiers sera divisée par deux pour préserver 120.000 hectares par an.
  • Pour réduire les pollutions par les pesticides, une nouvelle stratégie nommée Ecophyto 2030 est "en cours de consultation" pour réduire de moitié l'utilisation des produits phytopharmaceutiques par rapport à la période 2015-2017.
  • Pour diviser par deux la pollution lumineuse, le gouvernement veut étendre les règlementations encadrant les usages non essentiels et faciliter les contrôles et sanctions.
  • Contre la pollution des plastiques, outre l'interdiction progressive des emballages à usage unique, le gouvernement promet que, toujours d'ici à 2030, les 94 décharges littorales répertoriées seront résorbées et souhaite que d'ici à 2025, la moitié des communes littorales s'engagent à des plages "sans plastiques" puis 100% cinq ans plus tard.
  • Une action de "réduction de la pollution sonore sous-marine" sera engagée avec les compagnies maritimes et les activités récréatives dans les aires marines protégées.
  • Le gouvernement promet de mener 500 opérations coup de poing pour réduire d'au moins 50% l'établissement des espèces exotiques envahissantes à l'horizon de 2025.
  • Un service à compétence nationale, nommé TracNat, sera créé en 2024 pour améliorer le contrôle du commerce des espèces en danger, des minerais importés en provenance de zones de conflits, et la lutte contre la déforestation importée.

Restaurer la biodiversité

  • En application d'un plan européen, "un plan de restauration national" de la nature doit être lancé "au plus vite", outre des mesures déjà prises en faveur de la restauration de prairies permanentes, de haies (+50.000 km d'ici 2030), et de zones humides (+50.000 hectares d'ici 2026).
  • Pour les forêts, environ un milliard d'arbres d'essences diversifiées adaptées au climat futur seront plantés sur la décennie, et un plan pour protéger les sols forestiers déployé.
  • Afin que les Français puissent "accéder à la nature à moins de 15 minutes de chez eux", l'État soutient des projets de renaturation des villes et la création d'îlots de fraîcheur.
  • Un premier recensement exhaustif de la biodiversité doit être réalisé d'ici à 2027 en recourant aux technologies de l'ADN environnemental.

Mobiliser tous les acteurs

  • Le gouvernement mise sur de nouvelles obligations de publications de données extra-financières (CSRD) par les entreprises.
  • Il souhaite mettre à contribution les écoles et les collèges et faire passer les aires éducatives qui permettent d'adopter un petit bout de territoire de 1.000 à 18.000, soit un établissement scolaire sur trois d'ici à 2030, avec un focus sur les quartiers prioritaires de la ville.
  • Dans les mêmes délais, il prévoit l'accueil de dix fois plus de jeunes en service civique Jeunes et Nature. Les moyens
  • L'État consacrera plus d'un milliard d'euros supplémentaire à la biodiversité en 2024, avec un financement de 264 millions d'euros en plus pour le programme Eau Biodiversité, de 400 millions d'euros du Fonds vert (renaturation et recyclage des friches), et de 475 millions d'euros pour la préservation du milieu aquatique.
  • Les besoins complémentaires sont estimés à 450 millions d'euros en 2027.
  • Un plan de réorientation ou suppression progressives des subventions néfastes à la biodiversité sera élaboré à compter de 2024.
  • Pour la première fois en vingt ans, des emplois supplémentaires (141) sont créés en 2024 pour cette stratégie.
  • Dans le cadre de la loi "Industrie verte", des crédits de renaturation, cessibles entre acteurs économiques, pourront être attribués à des sites naturels pour inciter les entreprises à s'engager, en miroir des crédits carbone.

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