Passer au contenu
Publicité

Colère des agriculteurs : élus et associations écologistes s'insurgent contre la suspension du plan "Ecophyto"

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

La "mise en pause" du plan Ecophyto visant à réduire l'usage des pesticides provoque la colère des écologistes, ce jeudi. Élus ou responsables d'associations, ils sont nombreux à réagir.

Le plan gouvernemental Ecophyto vise à réduire de moitié l'utilisation des pesticides d'ici 2030 (par rapport à 2015-2017). Le plan gouvernemental Ecophyto vise à réduire de moitié l'utilisation des pesticides d'ici 2030 (par rapport à 2015-2017).
Le plan gouvernemental Ecophyto vise à réduire de moitié l'utilisation des pesticides d'ici 2030 (par rapport à 2015-2017). © AFP - Sylvain Cordier / Biosphoto

La décision du gouvernement de mettre "en pause" le plan Ecophyto, qui vise à réduire l'usage des pesticides, fait ce jeudi l'unanimité contre elle du côté des écologistes. "Nous allons remettre sur l'ouvrage le plan Ecophyto, le temps d'en retravailler un certain nombre d'aspects, de le simplifier", a en effet annoncé le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, dans le cadre d'annonces répondant à la mobilisation des agriculteurs.

Publicité

Une décision "dramatique"...

De nombreux élus écologistes ont réagi sur les réseaux sociaux. "Le gouvernement peut décider de ne plus protéger l'eau, la terre, la biodiversité et même notre santé. Mais avec ça nos agriculteurs ne gagneront pas plus", a commenté sur X, la patronne des Ecologistes Marine Tondelier.

Pour la tête de liste écologiste pour les Européennes Marie Toussaint, la mise sur pause du plan Ecophyto "est un recul inacceptable. "Le gouvernement vient de faire un cadeau empoisonné au monde agricole, il choisit la voie de la duplicité et de l'ambiguïté : l'indispensable réorientation de notre modèle agricole n'aura pas lieu si on ne sèvre pas l'agriculture de sa dépendance aux toxiques", a-t-elle martelé sur le même réseau social.

La députée Sandrine Rousseau a rappelé que le plan Ecophyto "est un plan d'aide à la réduction des pesticides. Telle est la réponse du gouvernement au problème de revenu agricole. C'est dramatique pour notre santé et pour la biodiversité". Son collègue Julien Bayou a ironisé : "Finalement c'est Make pesticides great again. Le soutien aux agriculteurs ne peut pas se faire au détriment de la santé publique".

... et un obstacle à la "transition écologique"

Même son de cloche du côté des associations. Sur franceinfo, le président de France Nature Environnement Antoine Gatet a déploré "un très mauvais signal". "C'est la quatrième fois qu'on essaye de mettre en place un plan depuis 2007 pour réduire la consommation des pesticides et qu'on n'aboutit pas parce qu'elle continue à augmenter", a-t-il regretté.

Générations Futures a dénoncé "des mesures totalement rétrogrades nous ramenant plus de 15 années en arrière", selon son porte-parole François Veillerette dans un communiqué. "Il s'agit d'une erreur politique majeure car si la question du revenu agricole est une vraie question pour un certain nombre d'agriculteurs, ce n'est pas en sacrifiant l'environnement et les ressources naturelles qu'on règlera ce problème, bien au contraire", a-t-il ajouté.

Le directeur du playdoyer au WWF France, Jean Burkard, a publié sa réaction dans un communiqué, estimant qu'"il est temps de considérer que la pollution chimique est l’un des principaux facteurs responsables du déclin de la biodiversité animale et végétale, au même niveau que le changement climatique".

La décision du gouvernement est une catastrophe pour "l'effondrement de la biodiversité, qui elle ne connaît pas de pause", s'est désolée l'ONG Pollinis. Et un obstacle à l'évolution du métier d'agriculteur pour Sandrine Bélier, directrice de l'ONG Humanité et Biodiversité. "Mettre en cause ce mécanisme, ça veut dire renoncer à accompagner les agriculteurs dans leurs transitions écologiques", a-t-elle en effet commenté. Un point de vue partagé par Greenpeace France, qui a estimé qu'"utiliser la colère des agriculteur/trices pour revenir en arrière sur des avancées indispensables à la transition agricole comme l'interdiction de certains pesticides est opportuniste et inadmissible".

À noter que la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole classé à gauche, s'est également désolé de l'annonce de la pause, déplorant "beaucoup de reculs environnementaux dans les annonces".

L'État sous la menace d'une décision de justice

Le plan Ecophyto vise à réduire de moitié l'utilisation des pesticides d'ici 2030 (par rapport à 2015-2017), une dynamique que les principaux syndicats souhaitent enrayer tant qu'il n'y a pas d'alternatives considérées comme équivalentes, de leur côté. Selon le gouvernement, le plan est simplement "mis à l'arrêt le temps de mettre en place un nouvel indicateur", alors que l'indicateur central du plan, qui mesure l'usage des molécules par les exploitants, est contesté par des organisations agricoles.

La "pause" d'Ecophyto est annoncée alors que l'État a jusqu'au 30 juin 2024 pour mieux respecter ses trajectoires de baisse de l'utilisation des pesticides et protéger les eaux, sur ordre de la justice. Dans sa décision rendue en juin 2023, le  le tribunal administratif de Paris a en effet "enjoint au gouvernement de prendre toutes les mesures utiles de nature à réparer le préjudice écologique, prévenir l'aggravation des dommages en rétablissant la cohérence du rythme de diminution de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques avec la trajectoire prévue par les plans Ecophyto et de nature à restaurer et protéger les eaux souterraines contre les incidences des produits phytopharmaceutiques".

Depuis le Grenelle de l'environnement fin 2007, qui avait fixé un objectif de réduction de 50% de l'usage des pesticides de synthèse en 10 ans, les deux plans successifs mis en oeuvre, Ecophyto 1 et 2, ont abouti à des échecs.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

L'info en continu

Publicité

undefined