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Crise agricole : le gouvernement dévoile de nouvelles mesures , les syndicats entre satisfaction, vigilance et déception

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  • France Bleu

Le gouvernement a rendu publiques, ce samedi, des mesures "complémentaires" en faveur des agriculteurs, dans l'espoir de clore pour de bon la crise qui a provoqué des blocages exceptionnels au début de l'année et continue de couver chez les paysans.

Une manifestation d'agriculteurs, le 18 mars denrier à Balma, près de Toulouse. Une manifestation d'agriculteurs, le 18 mars denrier à Balma, près de Toulouse.
Une manifestation d'agriculteurs, le 18 mars denrier à Balma, près de Toulouse. © AFP - Frederic Scheiber/Hans Lucas

Ces dernières annonces suffiront-elles à apaiser totalement les agriculteurs qui ont manifesté cet hiver contre le manque de revenu et les normes trop complexes selon eux ?

La principale annonce de Gabriel Attal, ce samedi, vise les agriculteurs les plus en difficulté : ceux que les banques classiques ne peuvent, ou ne veulent, plus accompagner. BPI France, la banque publique d’investissement, va prendre le relai, avec une enveloppe de 100 millions d’euros en tout. Les exploitants pourront demander un prêt personnel (jusqu’à 75.000 euros chacun). BPI France pourra aussi transformer une de leurs créances en prêt immédiat, ou apporter une garantie pour un prêt dans une banque commerciale.

Pour les agriculteurs les plus endettés, à la suite d’un désastre sanitaire ou climatique, le Premier Ministre acte une exonération partielle d’impôt. Des dispositions pour soutenir la trésorerie et le revenu des agriculteurs, pour leur redonner de la compétitivité.

Pesticides, retraites et endettement

Parmi ces mesures, figurent aussi la présentation promise "début mai" de la version définitive du plan Ecophyto de réduction des pesticides, mis en pause à la faveur de la crise agricole, l'accélération de 100 projets de stockage d'eau ou d'irrigation, et un plan d'aide à trois départements frappés par les crises météorologiques (Pyrénées-Orientales, Aude, Hérault). Le gouvernement confirme en outre que la réforme des retraites agricoles, dont la mise en œuvre technique faisait débat, s'appliquera bien en 2026, sur les 25 meilleures années de carrière.

Avec ce dernier paquet de mesures, qui s'ajoutent aux 62 engagements déjà présentés par le Premier ministre, le gouvernement estime "apporter une réponse globale, aux préoccupations des agriculteurs et de leurs syndicats". Il espère ainsi tourner la page de la mobilisation de l’hiver. Gabriel Attal est pour sa part attendu samedi dans la Manche à Pirou où il visitera une "foire au bulots" puis une exploitation maraîchère.

La FNSEA et des JA saluent une nouvelle phase, mais restent "extrêmement vigilants"

Une phase de travail "se termine" ont jugé les syndicats majoritaires, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, ce samedi. Une nouvelle "phase" s'ouvre pour la "déclinaison concrète" de chacune de ces mesures, ont-ils également salué samedi, dans la foulée. Mais ils promettent d'être d'une "extrême vigilance" pour surveiller leur concrétisation et le vote cet été d'une nouvelle loi agricole. "Une crise ne se termine pas en claquant des doigts. Il faut que ruisselle dans les corps de ferme tout ce qui a été annoncé depuis des mois", a lancé le secrétaire général adjoint de la FNSEA Christophe Chambon sur franceinfo.

La crise "ne va pas s'arrêter avec ces mesures", estime la Coordination rurale

"La crise ne va pas s'arrêter avec les mesures qui viennent d'être annoncées", a estimé ce samedi sur franceinfo le porte-parole de la Coordination rurale Patrick Legras. "C'est dommage d'attendre deux mois pour faire des avancées qui pouvaient être prises il y a deux mois", selon lui, même s'il salue tout de même "des avancées".

Concernant la mise en pause du plan Ecophyto, il dit "rester très prudent" sur le calendrier, et réclame d'aller encore plus loin. "Il faut aussi revenir sur des décisions qui viennent tout juste d'être prises de supprimer certains produits", a-t-il jugé.

Pour la Confédération paysanne, "le compte n'y est "absolument pas"

La Confédération paysanne, syndicat qui milite pour une agriculture à taille humaine et plus respectueuse de l'environnement, est en revanche loin d'être satisfaite après ces annonces. Le compte n'y est "absolument pas", a dénoncé sur franceinfo Laurence Marandola, la porte-parole de l'organisation.

"Il n'y a pas eu de consultations depuis la mi-mars auprès de la Confédération paysanne, alors qu'on avait remis une liste de revendications, on n'a pas eu de contacts ces dernières semaines et je découvre presqu'en même temps que vous ces nouvelles annonces", a-t-elle déploré.

Pour elle, la réforme des retraites agricoles "va changer le type de cotisations, et ça laissera sur le bord de la route une quantité d'agriculteurs, qui n'ont pas les 25 meilleures années", a-t-elle déploré. Quant à la mise en pause du plan Ecophyto, "on n'est pas très optimistes sur le sujet", car "pour nous, les agriculteurs ont besoin d'être protégés par rapport aux pesticides les plus dangereux", parce que "les paysans sont les premières victimes dans l'utilisation de certains produits", a-t-elle rappelé.

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