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Refus de mariage à Béziers : impensable que Robert Ménard ne soit pas poursuivi pour l'avocate du couple franco-algérien

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Robert Ménard a été entendu comme suspect libre mardi par la police judiciaire suite à la plainte déposée contre lui par un couple. Le maire de Béziers avait refusé de les marier l'été 2023. Une audition d'un peu plus d'une heure. L'élu reconnait les faits. Les poursuites paraissent inévitables.

Vanessa Edberg, avocate de cet Algérien expulsé, que Robert Ménard a refusé de marier Vanessa Edberg, avocate de cet Algérien expulsé, que Robert Ménard a refusé de marier
Vanessa Edberg, avocate de cet Algérien expulsé, que Robert Ménard a refusé de marier - Vanessa Edberg

Robert Ménard va-t-il se retrouver devant le tribunal correctionnel après avoir refusé de marier un couple au prétexte que Mustapha, le futur marié, était sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) ? C'est désormais au procureur de Montpellier de prendre la décision. L'affaire avait été rapidement délocalisée l'été dernier dans sa juridiction à la demande du parquet de Béziers. Avant cette polémique, Raphael Balland, le procureur e Béziers ne s'était pas opposé à cette union, suite à une alerte de suspicion de mariage blanc.

"Il est impensable que le maire ne soit pas poursuivi" pour l'avocate du couple

Le maire et président de l'agglomération de Béziers a été entendu mardi pendant une heure comme suspect libre par la police judiciaire suite à une plainte déposée par le couple. "Il est impensable que le maire ne soit pas poursuivi" dit Me Vanessa Edberg, l'avocate du couple. Robert Ménard reconnait les faits

"Le parquet aurait malheureusement bien du mal à venir justifier un classement sans suite puisque effectivement, l'infraction est caractérisée, que le maire reconnaît l'infraction. S'il y a des textes qui laissent place à interprétation, ici le texte de loi est parfaitement clair. Cette liberté de pouvoir se marier pour un étranger avec un français en France est préservée par tous les textes fondamentaux, que ce soit au niveau national, au niveau européen, international avec la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme, les textes sont très clairs sans équivoque et sans interprétation. Lui (le maire) a parfaitement conscience qu'il a voulu violer la loi dans le sens d'une idéologie politique qu'il ne partage pas. Mon client avait bien été frappé par une OQTF. Il n'avait à l'époque pas fait de recours, mais il s'est quand même présenté à la mairie pour se marier et c'était son droit le plus fondamental".

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"Ma position n'a pas changé d'un iota" martèle Robert Ménard

L'affaire avait fait scandale l'été dernier. Le futur marié avait dans la foulée était renvoyé vers l'Algérie son pays d'origine. Robert Ménard ne cache pas son inquiétude sur d'éventuelles sanctions judiciaires, mais déplore se retrouver dans cette situation après avoir alerté les autorités,  du sous-préfet au ministre de l'intérieur.

"Ma position n'a pas changé d'un iota. Je sais que c'est illégal, mais c'est légitime. La responsabilité première c'est pas la mienne. Pendant la semaine qui a précédé le mariage, j'ai saisi tout le monde. La police des frontières, le préfet, le ministre le procureur en leur demandant ce qu'ils attendaient pour appliquer l'OQTF, que vous avez délivrée et vous allez me mettre dans une situation où je vais devoir marier quelqu'un qui légalement ne devrait pas être là puisqu'il devrait être expulsé"

"On me demandait de signer un papier officiel, pardon un mariage c'est un papier officiel de quelqu'un qui ne devrait pas être devant moi et en plus, en signant ce papier, fait qu'il sera encore plus difficile de l'expulser. Alors que vous l'État avait demandé qu'on l'expulse. C'est se ficher de ma figure. Si l'État décide et dit qu'il ne doit pas être en France, on le met hors de France.  D'ailleurs trois jours plus tard il n'y était plus".

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"Le monde continue de tourner et moi je suis là. Je n'avance plus" confie la fiancée

Eva, la compagne de Mustapha, se dit soulagée de l'avancée dans ce dossier : "*Il ne faut pas oublier que c'est une vie de couple, une vie de famille qui a été gâchée...".*L'enquête préliminaire a été confiée au service interdépartemental de la police judiciaire de l'Hérault.

Mustapha se trouve aujourd'hui toujours en Algérie depuis son expulsion le 20 juillet dernier . Il travaille comme pêcheur sur un bateau familial. Après l'obtention difficile d'un visa, sa compagne Eva a pu traverser la Méditerranée et le revoir pendant deux semaines avant les fêtes de Noël.

"Voilà des mois qu'on est dans l'attente avec mon fiancé. La justice fait son travail. Je me rends compte qu’on est enfin reconnus en qualité de victime" confie Eva à France Bleu Hérault. "À mes yeux c'est une très bonne chose qu’il soit entendu. C'est un grand soulagement. Robert Ménard trouve que sa décision (NDLR : de refuser le mariage) était la bonne et estime que cette convocation est honteuse. Moi, je trouve ça juste normal."

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"Il a enfreint des lois françaises et européennes. Faut pas oublier que c'est une vie de couple, une vie de famille qui ont été gâchées. Presque sept mois sont passés. On vit dans le désespoir. Nous avions une vie de famille et du jour au lendemain, tout s’est arrêté après son expulsion. Donc il y a encore de l'espoir. Le meilleur des cas, ce serait qu'on puisse se retrouver. Retrouver notre vie de famille et être heureux comme tout le monde. Depuis le jour où on m'a enlevé Mustapha, ma vie, elle s'est mise en pause. C'est-à-dire que le monde continue de tourner et moi je suis là. Je n'avance plus. je suis épuisée."

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