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Des malfaçons retrouvées dans une maison vendue par un adjoint à la mairie de Cers, une famille menacée d'expulsion

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Une situation bien embarrassante pour un adjoint à la mairie de Cers, dans l'agglomération de Béziers. Le toit de la maison qu'il a vendue il y a deux ans, menace de s'effondrer. Il y a péril en la demeure. L'acheteur porte plainte, mais vit toujours à l'intérieur malgré le danger d'éboulement.

Des fissures importantes apparaissent dans la maison de Christophe à Cers Des fissures importantes apparaissent dans la maison de Christophe à Cers
Des fissures importantes apparaissent dans la maison de Christophe à Cers © Radio France - Stéfane Pocher

“Je ne sais pas où aller, je ne sais plus quoi faire. Je n'ai plus un sou en poche pour me payer un autre logement, en plus de mon crédit immobilier”. Christophe, sous médicament et suivi psychologiquement depuis des mois, est dépité et démuni. Le 9 avril 2024, ce père de famille de 47 ans aurait dû quitter sa maison à Cers, dans l'agglomération de Béziers.

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Le risque d'éboulement est important. D'ailleurs, un arrêté de péril a été pris par la mairie. Pourtant, il vit toujours dans la maison et peut à tout moment se retrouver sous des tonnes de matériaux et y laisser sa vie.

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Des fermettes de charpente abîmées et rafistolées

Le toit de cette maison de 100 mètres carrés menace de s'effondrer en raison de malfaçons constatées en 2021. Ce plombier, qui est à son compte, a d'abord tenté un arrangement à l'amiable. En vain. Il a fini par porter plainte pour des vices cachés contre l'ancien propriétaire, qui est par ailleurs un des adjoints au maire.

“Vous imaginez, j'ai découvert la supercherie six mois après l'achat de la maison, en me rendant dans les combles. J'avais pour projet de les isoler. C'est à ce moment-là que je me suis rendu compte que les fermettes étaient abîmées et rafistolées. D'après l'expertise réalisée. Il y avait des rajouts de bois. C'était tout et n'importe quoi."

Christophe alerte alors aussitôt le vendeur et l'agence immobilière de sa commune. "Ma maison n'est pas si vieille. Elle date du début des années 2000. Ce n'est pas un château, pas un domaine. Je ne voyais pas la raison pour laquelle j'aurais mis la tête dans les combles, qui, qui plus est, ne sont pas aménageables."

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Le vendeur accuse l'acheteur de ne pas être aller dans les combles

Le vendeur, adjoint la mairie de Cers, avait lui-même acheté cette maison deux ans auparavant, mais a décidé de la revendre pour s'installer 500 mètres plus loin dans la commune. L'avocate de la partie adverse, aurait reproché à l'actuel propriétaire de ne pas être monté dans les combles au moment de l'achat pour vérifier l'état de la toiture. "Je ne suis ni un expert, ni un charpentier. Mais un simple plombier. Chacun son métier" déplore Christophe.

Le toit peut s'effondrer à tout moment

"Je ne peux pas me permettre de partir ailleurs". Le quadragénaire avait acheté cette maison (crédit sur 25 ans)  pour pourvoir y accueillir ses deux enfants depuis sa séparation. Ils n'y mettront pas les pieds par mesure de sécurité. "J'ai fait confiance aveuglement au vendeur, que je connaissais, et à l'agence immobilière à qui j'ai donné plus de 12.000 euros de commission. Je n'aurais pas dû. Je ne suis pas monté dans les combles. Et si je l'avais fait ? Tout le monde ne se déplace pas avec une échelle."

L’agence immobilière refuse de prendre ses responsabilités

Pour sa défense, le vendeur, qui n'a pas souhaité être enregistré, produit aujourd'hui des attestations de voisins expliquant que le premier propriétaire avait déjà constaté des irrégularités. L'élu précise à France Bleu être désolé de cette situation qui n'a que trop duré. Il assure n'avoir jamais eu de fuite, ni observé de fissure dans la maison, si ce n'est, celle dans l'une des chambres connues par l'acheteur.

3.000 euros investis par la mairie pour sécuriser les lieux

Fin 2023, la mairie de Cers, qui avait elle-même été alertée de ce risque d'éboulement par le propriétaire, prend alors un premier arrêté de péril imminent. La commune entreprend à sa charge des travaux de consolidation à hauteur de 3.000 euros, mais l'intervention s'avère insuffisante et ne permet pas à Christophe de rester chez lui.

"Nous nous démenons pour trouver une solution" confie le maire Didier Bresson. "Nous avons mis un logement à disposition pendant le temps du chantier. Début juin, nous serons en mesure de proposer un nouveau logement, gracieusement pendant un an. Mais cela ne réglera pas tout. Les travaux s'imposent. Nous n'avons pas les moyens de les prendre à notre charge. Nous sommes une petite commune.

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L'arrêté municipal précise en effet que la mairie s'engage à faire les travaux si le propriétaire n'est pas en mesure de le faire. Plusieurs devis ont été réalisés pour remettre le toit en état. Il faut compter à minima plus de 60.000 euros sans prise en charge du déménagement et la location d'un box pour stoker le mobilier le temps des travaux.

"Nous n'avons pas les moyens de supporter notre charge le toit de la maison. Nous sommes une petite commune dixit le maire très embarrassé par cette situation. Je me mets à la place de Christophe et ses locataires. Voilà plus de deux ans qu'ils vivent cette situation, ça va encore prendre du temps. Je souhaite une accélération de la procédure judiciaire. Nous allons voir avec la banque. Si on pouvait bloquer le crédit, ce serait une bonne chose."

Le cas de Christophe ne serait pas unique dans la commune. Deux autres arrêtés d'expulsion pour des questions de sécurité ont déjà été pris.

"J'ai donné tout ce que je pouvais"

Christophe ne vivait pas seul dans cette maison de 100 mètres carrés. Sandra, une amie, et ses deux enfants de 3 et 10 ans l'ont rejoint en 2022 pour permettre à son fils ainé, qui souffre d'une grave maladie, de suivre une scolarité dans le Biterrois.

"Aujourd'hui, nous vivons dans un local de 15 mètres carrés" attenant à la maison. Ce n'est plus vivable. Nous sommes trois à l'intérieur, alors que Christophe prend le risque de dormir dans une chambre à l'intérieur de la maison, faute de mieux" explique Sandra.

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Christophe espère une solution rapide. Le plombier, qui a perdu pied, est aujourd'hui en arrêt-maladie. Il n'a pas les moyens de prendre un autre logement. "J'ai donné tout ce que je pouvais. Les frais d'avocat ont un coût. Je suis plumé. J'avais une belle vie avant. Aujourd'hui, c'est la descente aux enfers".

Charpente  Maison Cers
Charpente Maison Cers - Christophe
Charpente de Christophe à Cers
Charpente de Christophe à Cers - Christophe
Des fissures importantes apparaissent dans la maison de Christophe à Cers
Des fissures importantes apparaissent dans la maison de Christophe à Cers © Radio France - Stéfane Pocher
Toiture Christophe à Cers
Toiture Christophe à Cers - Christophe

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