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Visite parlementaire à la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, unique en France pour la réduction des risques

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Anne Souyris, sénatrice écologiste de Paris, a exercé son droit de visite parlementaire à la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone le 2 mai. Un établissement unique en France en matière de prévention des risques. France Bleu Hérault a pu suivre cette visite à l'improviste.

Un couloir de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone Un couloir de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone
Un couloir de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone © Radio France - Salah Hamdaoui

La sénatrice écologiste Anne Souyris se présente à l'entrée de la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, aux portes de Montpellier, le jeudi 2 mai, et s'annonce au surveillant à travers l'interphone :
- Bonjour, je suis sénatrice et je viens pour une visite.
- Ah, mais je ne suis pas au courant, lui répond son interlocuteur.
- Oui, c'est bien le but, rétorque à son tour l'élue de Paris.
Elle est là, elle vient en vertu de son droit de visite parlementaire et France Bleu Hérault a pu suivre cette visite inopinée, sans avoir le droit de poser de questions.

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Du déo, du shampoing, des éponges et un matelas

La visite est encadrée par une employée du service de la formation qui enfile sa tenue réglementaire avant de pénétrer dans le secteur de la détention. Premier arrêt : le local où sont entreposés les paquetages "arrivants".

Ils comprennent des produits d'hygiène pour le détenu, des produits d'entretien pour sa cellule, de la vaisselle en plastique, un bloc-notes avec deux enveloppes prétimbrées et le nécessaire pour le couchage. "Est-ce que les produits sont renouvelés ?" s'enquiert la sénatrice. "Seulement pour les indigents" précise notre accompagnatrice.

Payés 5,25 euros l'heure

Ensuite, un passage par les ateliers où travaillent une trentaine de détenus. La directrice de l'établissement, en congé ce jour-là, rejoint malgré tout le groupe. La maison d'arrêt passe des contrats avec certaines entreprises à l'image de Well, par exemple, dont certains collants et bas sont pliés et conditionnés à Villeneuve-lès-Maguelone.

La main d'œuvre est bon marché, 5,25 euros l'heure, mais elle n'est plus payée au rendement. Les détenus font une journée continue, de 8 heures à 13 heures, car "cela leur permet de  participer aux activités de l'après-midi" justifie la directrice, comme le sport, les cours ou encore les promenades.

La visite se poursuit à l'extérieur avec les détenus qui sont en formation pour six mois afin de passer le certificat d'ouvriers-paysagistes. Ils apprennent à réaliser des allées bordées de plantes, à verdir des ronds-points et même, à faire un potager. "Ils sont motivés, ça leur fait du bien de sortir, d'être en contact avec la terre. Ça leur ouvre l'esprit, ça les épanouit et ça les responsabilise" se félicite leur formateur.

Le travail du médecin-chef de la prison salué par l'OMS

Très engagée dans la lutte contre le Sida et les questions de toxicomanies, Anne Souyris se montre extrêmement intéressée par le travail du Dr Fari Meroueh, à la tête de l'unité sanitaire de la maison d'arrêt depuis 28 ans. Ce qu'il a fait pour la réduction des risques est salué par l'Organisation mondiale de la santé : il a notamment réussi à éliminer l'hépatite C, depuis sept ans, alors que le virus est 10 fois plus présent en milieu carcéral qu'à l'extérieur.

En premier lieu, il doit ce résultat à une politique de dépistage très volontariste. "On est à plus de 90%, si on prend la population cible" indique le médecin-chef qui arbore une belle moustache blanche en guidon. C'est-à-dire les toxicomanes, ceux qui s'injectent leur produit. 5% des détenus environ déclarent le faire.

Pas d'hépatite C, pas d'overdose

En second lieu, le Dr Meroueh, dont l'unité dépend du CHU de Montpellier, a mis en place un programme d'échange de seringues afin d’endiguer l’une des principales voies de contaminations. Ce programme concerne moins d'une dizaine de détenus chaque mois.

Il existe également un échange de pipes à crack, une drogue très présente en prison. "Quand on me dit, il va y avoir plus de drogué, je réponds que c'est faux : il y en a déjà". Ici comme ailleurs, elle est amenée par des visiteurs ou bien livrée par drone.

Les plus et les moins, selon la sénatrice

Après trois bonnes heures de visites au cours de laquelle elle a pu s'entretenir avec deux détenus (un mineur et un majeur), Anne Souyris dresse le bilan. Elle loue "la forte prise en charge médicale et sanitaire qui fait que, je crois, c'est la seule prison de France où il n'y a plus de virus de l'hépatite C".

Elle salue également la réduction des risques "avec l'échange de seringues" et l'attention portée aux usagers de drogue alors que beaucoup d'établissements pénitentiaires "sont dans le déni" sur cette question, en rappelant qu'il "n'y a pas eu d'overdose dans cette prison depuis 10 ans".

Autre bon point : les activités sportives accessibles aux détenus deux fois par semaine, "très importantes à l'époque des JO". En revanche, "la surpopulation carcérale est un vrai souci", 150% à la maison d'arrêt et 51 matelas au sol, ainsi que la question des moyens "pour avoir plus de formations et qui reste une décision d'Etat qui devrait être forte et qui manque".

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