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"Chèque carburant", baisse des taxes, réduction des marges : les pistes face à la hausse du prix de l'essence

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  • France Bleu

Face à la hausse des prix de l'essence, le gouvernement va proposer une " action de court terme", a assuré jeudi Emmanuel Macron. Le gouvernement semblait ce lundi se diriger vers le versement d'un chèque carburant, mais plusieurs options sont sur la table. Chacune a ses revers.

Une station essence à Paris, mercredi. Une station essence à Paris, mercredi.
Une station essence à Paris, mercredi. © AFP - Caroline Paux/Hans Lucas

Comment aider les Français à supporter la flambée des prix de l'essence, alors que le gazole a atteint un nouveau record la semaine dernière ? Le litre de gazole valait en moyenne 1,5583 euro, pendant que l'essence SP 95 a atteint 1,6567 euro le litre en moyenne. Des prix qui grèvent une nouvelle fois le pouvoir d'achat des Français, déjà amenuisé par les prix croissant du gaz et le l'électricité.

Le gouvernement penche pour un "chèque carburant"

Ce lundi, le gouvernement semblait se diriger vers le versement d'un d'un chèque, qu'il tente de calibrer au mieux. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'est dit sur Europe 1 "davantage favorable" à la création d'un chèque, sur le modèle du chèque énergie, qu'à une baisse des taxes sur le gazole et l'essence. Mais "il reste du travail à faire" pour le mettre au point, a-t-il prévenu. La question est "surtout (de) savoir que ça puisse arriver le plus rapidement possible vers les Français" qui en ont besoin, selon lui. Le temps presse pour le gouvernement, qui entend faire une annonce "dès qu'on peut", a assuré la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili sur France 2.

Jeudi, Emmanuel Macron a annoncé qu'"une action de court terme d'accompagnement des ménages" allait être mise en place, pour "ne laisser personne dans le désarroi". Le président de la République a également dit mener en parallèle "une action diplomatique pour essayer de contraindre ces prix", avec les principaux pays exportateurs, face à une "situation subie".

Réduire les marges des distributeurs ? Impossible pour les professionnels 

Mardi, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a demandé aux distributeurs "de faire un geste en réduisant leurs marges".  Impossible, répondent les professionnels du secteur, arguant de marges déjà extrêmement serrées. "La marge nette des distributeurs est de l'ordre de 1 centime par litre donc nous estimons qu'à ces niveaux-là, il n'est pas raisonnable de les réduire davantage", a réagi Olivier Gantois, le président de l'Union française des industries pétrolières, l'Ufip, auprès de l'AFP. 

"Les distributeurs de carburants ne sont pas des voleurs de marge", abonde Francis Pousse, du Conseil national des professions de l'automobile, le CNPA. "Que le carburant soit à 1 ou à 2 euros, on a toujours la même marge", souligne-t-il. Les professionnels mettent également en avant la très forte concurrence du marché français, avec un poids important de la grande distribution, qui tire plutôt les prix vers le bas.

Baisser les taxes, quitte à creuser le déficit ? 

La taxation représente plus de la moitié du prix de l'essence et du diesel. La Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, la TICPE, représente la quatrième recette fiscale de l'Etat, avec 33,2 milliards d'euros de recettes en 2019. En plus, la TVA s'applique à la fois sur le carburant et sur la TICPE. 

"Aujourd'hui, sur un litre de gazole, vous avez 66 centimes de TICPE et à peu près 20 centimes de TVA collectée sur le prix de vente... s'il faut faire un effort, n'est-ce pas logique que ce soit celui qui empoche le plus qui fasse l'effort?", questionne Francis Pousse, du CNPA, pointant la responsabilité de l'Etat.

La composition d'un litre de gazole
La composition d'un litre de gazole © Visactu - Visactu

"On n'en est pas là aujourd'hui" - Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement 

De nombreux candidats à la présidentielle souhaitent utiliser cette arme de la fiscalité, quitte à peser sur les finances publiques. Marine Le Pen (RN), Anne Hidalgo (PS) ou Arnaud Montebourg (ex-PS) prônent ainsi une baisse de la TVA. L'écologiste Yannick Jadot a défendu une taxe "flottante" - qui s'adapte en fonction des cours du brut, tout comme Fabien Roussel, le candidat du PCF.

Mercredi sur BFMTV, Gabriel Attal a affirmé, à propos de la baisse des taxes, "On n'en est pas là aujourd'hui", évoquant plutôt une aide spécifique. Des sources au sein de l'exécutif pointent aussi le manque de cohérence environnementale d'une baisse des taxes, qui "bénéficierait aussi à celui qui a un 4x4 ou un SUV et qui s'en sert pour aller à la plage".

Après une baisse des taxes, le risque d'un rebond 

Autre risque d'une baisse temporaire des taxes, celui d'un effet rebond. En clair, pour "rattraper" le déficit creusé par la baisse d'une taxe, l'État doit soit réaugmenter cette taxe une fois la crise passée, soit trouver des ressources ailleurs, souvent via une autre taxe. "On voit bien qu'à chaque fois qu'il y a une baisse de taxes massive, finalement, on finit nous les entreprises, par la repayer par ailleurs", a protesté Dominique Schelcher, le président de Système U, sur franceinfo jeudi. "Donc, ce n'est pas forcément ce que l'on souhaite", a-t-il indiqué, après avoir affirmé son opposition à une baisse des marges.

Un "chèque carburant", oui mais pour qui ? 

Le gouvernement penche donc pour une aide spécifique et de court terme. Pourrait-il annoncer un chèque carburant, sur le modèle du chèque énergie, augmenté pour aider les plus modestes à faire face aux prix de l'électricité et du gaz ? Ce "chèque carburant" serait-il réservé aux plus modestes, ou à ceux qui roulent le plus et souffrent donc le plus de la hausse des prix, sans forcément avoir les plus bas salaires ? Une source ministérielle indique à franceinfo qu'il est "beaucoup plus difficile de flécher et de distribuer un chèque carburant qu'un chèque énergie".

"On n'a pas aujourd'hui, comme pour le chèque énergie, une base de données de toutes les personnes qui pourraient en avoir besoin. On n'a pas une base de données des gens qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler par exemple", a expliqué sur France 2 Barbara Pompili ce lundi.

Une déduction fiscale pour les gros rouleurs ?

Pour les cibler, selon franceinfo, le gouvernement réfléchit également à une déduction fiscale pour les personnes qui utilisent le plus leur voiture, basée sur les déclarations de frais réels. Mais un tel dispositif ne concernerait que les foyers qui paient des impôts sur le revenu, et ne toucherait donc pas les plus modestes. 

On s'accorde un peu de temps pour trouver le bon dispositif

"On s'accorde un peu de temps pour trouver le bon dispositif, cohérent en termes de pouvoir d'achat et cohérent sur le plan environnemental", indiquait  jeudi une source au sein de l'exécutif à l'AFP.

L'évolution du prix des carburants.
L'évolution du prix des carburants. © Visactu - Visactu

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