Des plaques installées dans les rues du Havre pour rappeler son passé esclavagiste

À l'occasion de la Journée nationale de mémoire de l’esclavage, de la traite et de leurs abolitions, ce vendredi 10 mai, la ville du Havre a inauguré ce lundi un parcours mémoriel. Des plaques ont été installées dans dix rues, qui portent le nom de personnalités qui ont soit participé à la traite négrière, soit l'ont dénoncée.

ⓘ Publicité

"Ce n'est plus tabou au Havre, se félicite Jean-Baptiste Gastine, adjoint au maire, au moment d'inaugurer la première plaque rue Jules Masurier. Il y a au Havre des personnalités qui ont donné leur nom à des rues car elles ont permis la prospérité de la ville, mais leur histoire est aussi celle de l'esclavage, et il faut que cette histoire soit rappelée et expliquée."

Des plaques explicatives ont ainsi été installées dans dix rues havraises, rappelant l'histoire du personnage historique. Cinq retrace le rôle de personnalités havraises dans la traite, comme Jules Masurier, cinq autres le combat de ceux qui s'y sont opposés, comme Marie Le Masson Le Golft. Des textes ont aussi été enregistrés, accessibles grâce à des QR codes.

Les textes ont été rédigés par des historiens, les archives municipales du Havre, mais encore l'association Le Havre Mémoire et partage et des lycéens havrais.

Expliquer plutôt que renommer

Les plaques explicatives ont été préférées à l'option de renommer les rues, comme ça a été fait à Paris. "Effacer les noms, ce serait effacer l'Histoire", explique Nahelle, élève au Lycée Porte Océane, rue Masurier au Havre. Avec sa classe, cela fait trois ans qu'elle travaille à ce projet.

"On est heureux de voir qu'il se concrétise, et que nous les jeunes avons un rôle à jouer dans l'avenir, en rappelant le passé", appuie Clara. Ce travail de mémoire a notamment conduit les élèves en Martinique le mois passé, mais aussi en Italie l'an dernier.

"C'est redonner de la dignité au peuple antillais, salue de son côté Anaïs Guernidos, présidente de l’association Le Havre Mémoires & Partages, qui a accompagné les élèves et milite depuis 20 ans pour faire connaître le passé esclavagiste de la ville. C'est aussi redonner de la dignité à la communauté antillaise du Havre."