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Le réchauffement climatique s’annonce pire que prévu en France, selon de nouvelles projections

Par
  • France Bleu

Si les émissions de gaz à effet de serre se maintiennent au même niveau, les températures dans l'Hexagone pourraient être supérieures de 3,8°C en moyenne en 2100 par rapport au début du XXᵉ siècle, révèle une étude parue début octobre dans la revue "Earth Systems Dynamics".

Sécheresse au lac du Broc (Alpes-Maritimes) le 5 octobre 2022. Sécheresse au lac du Broc (Alpes-Maritimes) le 5 octobre 2022.
Sécheresse au lac du Broc (Alpes-Maritimes) le 5 octobre 2022. © Maxppp - SEBASTIEN BOTELLA

L'été 2022 marqué par des canicules, des sècheresses et des incendies n'a fait que préfigurer ce que nous allons vivre sous l'effet du dérèglement climatique, révèle une étude publiée début octobre dans la revue "Earth Systems Dynamics". Selon ces travaux, le réchauffement pourrait être jusqu’à 50 % plus intense au cours du siècle que ce que montraient les précédentes estimations. Si les émissions de gaz à effet de serre ne baissent pas drastiquement, les températures dans l'Hexagone pourraient augmenter en 2100 de 3,8°C en moyenne par rapport au début du XXe siècle. Dans l'ensemble, "la France se réchaufferait davantage (environ +20%) que la moyenne planétaire" avec une hausse moyenne de 0,36°C par décennie, a précisé à l'AFP l'un des auteurs de l'étude, Aurélien Ribes, climatologue au Centre national de la recherche météorologique (CNRM).

+1,8°C en 2023

Mené par les chercheurs du CNRS, du CNRM, et du Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (Cerfacs), ce travail est basé sur les données récoltées depuis 1899 par une trentaine de stations météorologiques réparties sur le territoire. Les scientifiques ont calculé le réchauffement actuel et futur, à partir de différents scénarios, du plus optimiste (celui où l'on atteint la neutralité carbone en 2050 après d'importants efforts au niveau international), au plus pessimiste (où les émissions continuent de grimper).

Selon l'ONU, le réchauffement de l'ensemble de la Terre pourrait, si rien n'est fait, atteindre les +2,7°C à la fin du siècle. Mais en France, dans le pire des scénarios (celui où on continuerait à avoir un recours massif aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon)), les températures moyennes pourraient grimper de 6,7°C, avertit l'étude. Dans le meilleur des cas, l'augmentation de la température serait de 2,3°C. 

Le réchauffement moyen de 3,8°C correspond au scénario "intermédiaire", où les émissions de gaz à effet de serre progresseraient encore un peu avant de décroître. Au vu des émissions récentes et des politiques actuellement mises en œuvre, les chercheurs estiment que c'est la tendance que le monde suit.

Les recherches ont aussi montré que la température moyenne de la France actuelle était de 1,66°C supérieure à la période 1900-1930. "Dont la quasi-totalité (1,63_°C) sont dus uniquement aux activités humaines",_ a souligné Aurélien Ribes auprès de l'AFP. "Chaque tonne de CO2 compte dans la mesure où le réchauffement dépend du niveau d'émission cumulé", a-t-il ajouté, précisant que "pour 2023, on atteindrait déjà +1,8_°C"._ 

Le dernier rapport des experts climat de l'ONU (Giec) a montré que la planète avait déjà gagné en moyenne près de 1,2°C depuis l'ère pré-industrielle en raison des gaz à effet de serre générés par ces activités humaines.

Une moyenne 

La hausse de 3,8°C en 2100 en France n'est qu'une moyenne, insistent les chercheurs : certaines régions notamment autour de l'arc méditerranéen ou en montagne, pourraient connaître des températures encore plus élevées. Et le réchauffement varierait fortement selon les saisons. Si en hiver, la hausse des températures serait de 3,2°C (2,3 à 4,2°C selon les régions), en été, le thermomètre pourrait s'affoler, avec une hausse moyenne de 5,1°C (3,6 à 6,6°C selon les régions). "Cela voudrait dire qu'on aurait des phénomènes extrêmes (chaleur, sécheresse, inondations...) _largement plus forts que ce qu'on a connus à l'été 2022, où le réchauffement n'était que de 4_°C en moyenne par rapport à 1900", selon Julien Boé, chercheur en climatologie au CNRS. Ils seront aussi plus fréquents et surtout plus intenses, d'après le climatologue Aurélien Ribes.

Selon Météo-France, dans un scénario à 4°C de réchauffement, les vagues de chaleur en Ile-de-France par exemple s'étendraient de 21 à 94 jours selon les régions contre sept aujourd'hui en moyenne nationale et la fréquence de ces événements devrait doubler d'ici 2050. Et, selon le Giec, chaque degré supplémentaire de réchauffement équivaut à une augmentation de 7% des précipitations lors des tempêtes et orages.

Conséquences sur les écosystèmes

Dans tous les cas, ce réchauffement aura "des conséquences sur les écosystèmes et la biodiversité, avec des habitats qui deviendront moins favorables à certaines espèces, qui seraient contraintes de se déplacer, et aussi sur le système agricole" avec l'abandon de certaines cultures, faute d'eau ou un changement dans les cycles de récolte, explique Julien Boé.

Seul petit point positif : "On est au moment où le réchauffement augmente le plus vite" du fait de la baisse des aérosols (qui ont un effet rafraîchissant), qui est amenée à ralentir, concomitante à la hausse des gaz à effet de serre (qui réchauffent).

"Le rythme de hausse devrait donc ralentir après 2030", estime Aurélien Ribes. Mais même comme cela, si rien ne change, on n'échappera pas au + 3,8°C.

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