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Baromètre des territoires : après la crise sanitaire, les Français recentrés sur leurs proches et la proximité

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  • France Bleu

Le Baromètre des territoires, réalisé par Elabe et l’Institut Montaigne avec la SNCF et publié par franceinfo ce mardi, révèle une France convalescente et qui se recentre sur la proximité après la crise sanitaire. Les Français donnent la priorité à leurs proches, mais aussi à leur territoire.

Les Français se recentrent sur leur "cercle de proches et sur la vie près de chez eux. Les Français se recentrent sur leur "cercle de proches et sur la vie près de chez eux.
Les Français se recentrent sur leur "cercle de proches et sur la vie près de chez eux. © AFP - Nicolas Guyonnet/Hans Lucas

La deuxième édition du Baromètre des territoires, réalisée par Elabe et l’Institut Montaigne avec la SNCF et publiée par franceinfo ce mardi, révèle une France convalescente après la crise sanitaire. Les 10.000 personnes interrogées via cette vaste étude disent donner la priorité à leurs très proches et à leur territoire immédiat. Les citoyens se recentrent sur la proximité affective et géographique.

Après la crise sanitaire, priorité au "premier cercle" 

Après plus d'un an et demi de crise sanitaire, les Français semblent vouloir tourner la page du coronavirus et se recentrent sur leur intimité familiale et personnelle. En octobre, 67% des personnes interrogées pensaient qu'on parlait trop du Covid-19. 

Après la peur du virus, la lassitude d'une crise sans fin

Après plusieurs mois où la peur et l’inquiétude figuraient en tête, la lassitude (41% de citations, 1er sentiment évoqué) d’une crise sans fin et la nostalgie (40%) s’installent comme les premières émotions des Français. Elles devancent nettement la satisfaction (34%), la confiance (33%) et la sérénité (33%), mais également la colère qu’éprouve un Français sur quatre. 

La santé est devenue la préoccupation personnelle n°1 des Français : avec 37% de citations, c'est le premier thème cité, sans distinction de classe sociale, de génération ni de territoire. Parmi les "essentiels" cités pour définir une vie réussie, les personnes interrogées évoquent le fait d’être en bonne santé (8,6 sur 10), le fait de se sentir bien dans son corps (8,1) et d’avoir des relations régulières avec sa famille (7,9).
 

Priorité à la famille et à l'utilité sociale 

Pour un Français sur deux, la famille a aujourd’hui une place plus importante qu’avant la crise sanitaire. L'étude permet de conclure que la situation familiale (père/mère, marié, célibataire, ...) est la fondation de l’identité. Une majorité de Français se définit aujourd’hui d’abord par ce qu’il est en tant qu’individu, en privé, loin devant l’opinion politique, l’engagement pour une cause, la classe sociale, la nationalité, ou la profession, qui sont relégués au second rang.

La "quête de sens" fait évoluer les rêves et ambitions des Français : avoir un métier qu’on a choisi et qui plaît, savoir faire des choses de ses mains, avoir un métier utile pour la société deviennent des priorités largement partagées.

Les Français veulent être bien chez eux, quitte à déménager 

Loin des envies de tour du monde, contraints par la pandémie et les restrictions, les Français aspirent surtout à être bien chez eux : 2 Français sur 3 décrivent leur lieu de vie comme un endroit qui va bien, dans lequel il fait bon vivre. Si 8% ont déménagé suite à la pandémie, 19% ont envie de franchir le pas. 

L'étude note un réel mouvement d’exode des grandes agglomérations vers les villes moyennes notamment. Ceux qui ont déménagé disent être motivés par la recherche d’un meilleur cadre de vie (51%), synonyme notamment de proximité de la nature, de la campagne (37%),  

Le taux de ceux qui souhaitent déménager atteint 29% dans l’agglomération parisienne et 21% dans les autres agglomérations de plus de 100.000 habitants, alors qu’il n’est "que" de 14% dans les zones rurales et les petites agglomérations. Si le rêve apparaît réalisable rapidement pour 25% d’entre eux, 66% estiment que cela n’est pas faisable dans l’immédiat. 9% jugent leur envie d’ailleurs inatteignable. 

Baromètre 2021 des Territoires - L'attachement à ma région
Baromètre 2021 des Territoires - L'attachement à ma région © Visactu

Près de 8 Français sur 10 se disent heureux malgré tout 

A rebours du pessimisme national, près de 8 Français sur 10 se disent heureux (78%), et le sentiment de déclin économique est en baisse. Un bonheur qui incite une majorité à envisager leur avenir personnel avec optimisme (57%). Cependant, des motifs d’insatisfaction et d’inquiétude demeurent, sur la qualité du lien social, l’insécurité, l’accès aux services publics et aux lieux de culture et de loisirs. Ils sont le plus souvent marqués en fonction des types d’agglomération, les habitants des zones rurales et les petites agglomérations décrivant des zones sous-dotées.

Baromètre 2021 des Territoires - Il fait bon vivre dans mon quartier, ma commune
Baromètre 2021 des Territoires - Il fait bon vivre dans mon quartier, ma commune © Visactu

Le pouvoir d'achat, deuxième préoccupation des Français et source principale d'inégalités 

Le pouvoir d’achat, devenu l'un des thèmes majeurs de la campagne présidentielle, est la 2ème préoccupation personnelle des Français. 36% d’entre eux se restreignent pour boucler leurs fins de mois. 39% des Français, sans se restreindre, ne peuvent pas mettre d’argent de côté. Environ un Français sur quatre rencontre des difficultés à régler ses factures au moins une fois dans l’année. 

Près d’un Français sur quatre fait ses courses alimentaires en cherchant systématiquement les prix les plus bas, 4 Français sur 10 pour s’habiller, pour les loisirs/les vacances, et pour équiper leur foyer. 

Plus de 4 Français sur 10 ont été à découvert au moins une fois dans l’année, dont 3 sur 10 régulièrement (et 13% tous les mois). Ce couperet du découvert s’installe en moyenne le 18 du mois. 

Ces inégalités entraînent de grandes différences dans le sentiment de bien-être : 87% des individus qui n’ont pas à se restreindre se déclarent heureux et 69% d’entre eux ont le sentiment d’avoir choisi leur vie, contre respectivement 65% et 43% parmi ceux qui doivent se restreindre.

Un contrat social qui reste fragile 

L’étude fait cependant apparaître que le contrat social, qui reste fragile, ne s’est pas fissuré davantage pendant la crise du Covid. Si 54% des Français estiment que la réussite sociale est jouée d’avance, ce chiffre est en recul de 9 points. Le sentiment de vivre dans une société injuste, s’il reste nettement dominant (68%) est en recul de 10 points par rapport au pic de colère de la crise des Gilets jaunes. Si le pessimisme sur l’avenir de la société française demeure majoritaire (60%), il est lui aussi en recul de 10 points. Plus d’1 Français sur 2 a le sentiment de davantage contribuer au système qu’il n’en bénéficie. Là aussi, la perception de déséquilibre est en recul (-9 points par rapport à décembre 2018), mais reste cependant majoritaire (56%).

Le télétravail, symbole des fractures sociales et géographiques

Autre risque d’inégalité qui émerge fortement : le rapport au télétravail. 76% des cadres ont un métier "télétravaillable", contre seulement 37% des employés. C’est le cas de 53% des habitants de l’agglomération parisienne, contre 30% dans les agglomérations moyennes et rurales.

Baromètre 2021 des Territoires - Les jeunes doivent s'éloigner pour réussir leur vie professionnelle
Baromètre 2021 des Territoires - Les jeunes doivent s'éloigner pour réussir leur vie professionnelle © Visactu

Une France désunie, impossible de débattre pour 7 Français sur 10

Sept Français sur 10 estiment qu’il n’est plus possible de débattre sereinement et même de débattre tout simplement. La crise sanitaire, la question vaccinale sont des sujets de clivages forts et des motifs d’indignation apparaissent : le harcèlement de rue, la conduite alcoolisée, ou encore les incivilités. 

L'environnement, une question fondamentale 

La question de l’environnement est perçue comme fondamentale : 6 Français sur 10 jugent le modèle économique actuel incompatible avec les enjeux soulevés par le défi écologique, et les trois quarts considèrent que nous sommes dans l’obligation de changer nos modes de vie. Pour changer la société, les Français font d’abord confiance aux entreprises (63%), devant l’exécutif local (maires 58%, présidents de région 51%) et l’exécutif national (président de la République 54%).

S’il est minoritaire sur l’ensemble du territoire, le sentiment d’insécurité environnementale atteint des hauts niveaux dans les grandes agglomérations : 33% des habitants de l’agglomération parisienne et 21% de ceux des autres agglomérations de plus de 100.000 habitants considèrent que le lieu où ils vivent est pollué. 

Le sentiment d'insécurité, sujet de préoccupation

Le sentiment d’insécurité, bien que minoritaire, s’installe comme une inquiétude diffuse : 3 Français sur 10 entendent de plus en plus parler de cambriolages dans leur voisinage, 3 parents sur 10 ne peuvent laisser leur enfant sortir en journée sans inquiétude, seul 1 Français sur 4 sait qu’il peut compter sur la réaction des passants pour être aidé ou secouru en cas d’agression et 1 Français sur 5 estime qu’il ne peut pas sortir de chez lui à n’importe quelle heure. Ce sentiment d’insécurité est nettement plus répandu dans les grandes agglomérations.

La sécurité apparaît comme le troisième sujet de préoccupation personnelle. Il est le premier thème dont les Français jugent qu’on ne parle pas assez dans le débat public. 

Quatre catégories de Français

Selon l'étude, deux grandes dimensions structurent les opinions, les parcours de vie, et la vie quotidienne des Français : la situation financière et le rapport à son territoire. Ces deux dimensions permettent de dégager quatre catégories dans la population :

-Les "Enracinés" (31%), qui mènent une vie qui leur convient, et qui envisagent l’avenir avec une relative sérénité, attachées à leur territoire et à leur "bon-vivre".
-Les "Affranchis " (20% de la population), dotés d’un capital économique et culturel élevé, qui se considèrent comme maîtres de leur destin et menant une vie agréable.
-Les "Assignés" (24%), asphyxiés par les difficultés du quotidien, qui vivent dans des territoires souffrant d’un manque de dynamisme et de lien social, pessimistes sur la société française.
-Les "Sur le Fil" (25%), qui ont une vie parsemée d’embûches et peinent à s’affranchir de leur situation sociale et des inégalités territoriales, mais dont la situation n’est pas figée.  

La méthodologie de l'étude 

L'étude a été réalisée sur un échantillon de 10.054 personnes, divisé en 12 sous-échantillons régionaux de 800 individus (1.200 en Ile-de-France), représentatifs de la population résidente de chaque région administrative métropolitaine âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas. Les personne sont été interrogées par Internet, entre le 10 septembre et le 7 octobre 2021.
 

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