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Défense contre les astéroïdes : la sonde Hera s'apprête à s'élancer pour un voyage de 11 millions de kilomètres

Par
  • France Bleu

La sonde Hera est le premier vaisseau spatial européen destiné à défendre notre planète contre les astéroïdes. Son lancement est prévu en octobre, direction Dimorphos, à quelque 11 millions de kilomètres.

La sonde Hera, qui s'élancera en direction de l'astéroïde Dimorphos. La sonde Hera, qui s'élancera en direction de l'astéroïde Dimorphos.
La sonde Hera, qui s'élancera en direction de l'astéroïde Dimorphos. © AFP - KOEN VAN WEEL

Elle s'appelle Hera, du nom de la déesse grecque du mariage. Une petite sonde d'un peu plus d'une tonne, à peine la taille d'une Twingo, qui s'apprête à s'élancer pour un voyage de 11 millions de kilomètres, direction l'astéroïde Dimorphos. Son but : récolter des données pour mieux nous défendre contre d'éventuelles collisions avec ces objets célestes, et éviter de finir comme les dinosaures.

Pour mieux comprendre la mission d'Hera, développée par l'Agence spatiale européenne (ESA), il faut revenir deux ans en arrière : en septembre 2022, Dimorphos est la cible de la mission Dart ("fléchette", en anglais). Cette sonde de 600 kg conçue par la Nasa s'écrase volontairement, à la vitesse de 24.000 km/h, à la surface de cet astéroïde de la taille d'un terrain de football, dans le but de dévier sa trajectoire.

Mission réussie : alors que Dimorphos, en orbite autour d'un plus gros astéroïde, Didymos, fait le tour de sa grande sœur de 800 mètres de diamètre en près de 12 heures, l'impact raccourci cette orbite de plus d'une demi-heure. "Cette technique de déviation de la sonde Dart est l'une des plus efficaces que l'on puisse utiliser", confirme Juan-Luis Cano, spécialiste de la Défense planétaire à l'agence spatiale européenne.

La sonde Hera, après deux ans de voyage, retournera sur les lieux du crime pour observer les conséquences de la collision sur Dimorphos, comme la taille et la morphologie du cratère. "Dart s'est détruite pendant l'impact, donc on a besoin de revenir sur site pour comprendre quelle est la forme de Dimorphos aujourd'hui", explique Ian Carnelli, responsable du programme à l'ESA, l'Agence spatiale européenne.

Hera sera équipée de 12 instruments, dont deux "Cube-Sats", des sortes de "drones, des compagnons de voyage qu'on va déployer en proximité de l'astéroïde, explique Ian Carnelli. Ils vont voler très proches et éventuellement atterrir sur la surface, et donc mesurer les propriétés gravitationnelles, les propriétés thermiques, pour comprendre enfin comment se forment ces astéroïdes binaires et comment on peut interagir avec eux". Il s'agit donc de savoir à qui l'on a affaire, s'il fallait dans un futur lointain dévier un astéroïde pour sauver la Terre.

Des "briques qui ont formé le système solaire"

Car l'autre objectif de la mission est de "comprendre l'histoire de notre système solaire", expliquait en 2022 l'astrophysicien Eric Laguadec sur France Bleu. "Notre système solaire s'est formé il y a plus de 4,5 milliards d'années. Les planètes, dont la Terre, se sont formées en agrégeant de petits astéroïdes. Donc si on veut comprendre comment s'est formé la Terre, il faut comprendre comment sont faits ces astéroïdes, (...) la structure de ces briques qui ont formé le système solaire".

"Les astéroïdes sont loin d'être de petits cailloux ennuyeux, mais de vrais mondes géologiques avec des avalanches, des cratères, des bassins. Mais on en est encore au stade où l'on essaie de comprendre ce que l'on observe et leur comportement", complète Patrick Michel, directeur scientifique de la mission Hera, chercheur à l'observatoire de la Côte d'Azur et spécialiste des astéroïdes. Ces objets célestes ont en effet "un comportement qui défie notre intuition, du fait de leur environnement très différent de celui de la Terre", souligne l'expert.

La surface de Dimorphos, filmée par la mission Dart juste avant l'impact.
La surface de Dimorphos, filmée par la mission Dart juste avant l'impact. © AFP - NASA

Les astéroïdes sont-ils vraiment une menace ?

"Pour l'instant, on surveille les astéroïdes et on se rend qu'il n'y en a aucun potentiellement dangereux dans le siècle à venir", assure Eric Laguadec. "Le problème, c'est qu'il y a des centaines de milliers d'astéroïdes que nous ne connaissons pas", poursuit Juan-Luis Cano, spécialiste de la Défense planétaire à l'ESA. "Certains pourraient représenter une menace, tout dépend de leur taille. Un objet de 50 mètres qui s'écrase sur une ville, ce serait un vrai désastre. Et 50 mètres, ce n'est pas très gros" pour un astéroïde. Sans aller jusque-là, en 2013 en Russie, près d'un millier de personnes avait été blessées par les conséquences de l'onde de choc d'un météore de 15 mètres de diamètres.

D'où ces différentes missions. Hera, qui se trouve actuellement aux Pays-Bas, près de la Haye, dans les hangars du Centre européen de Technologie spatiale où elle est soumise à de nombreux tests, prendra son envol en octobre depuis les États-Unis. Arrivée prévue sur Dimorphos en 2026. Et en 2029, le passage de l'astéroïde Apophis à quelque 32.000 km de la Terre offrira une nouvelle opportunité, un "laboratoire naturel", pour l'étude de ces astres, selon Patrick Michel. Une mission est d'ailleurs en préparation pour aller étudier le comportement d'Apophis durant son passage, sans besoin d'aller le toucher puisqu'il sera, lui, visible du sol.

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