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L'histoire tragique des Oubliés de l'Île Saint-Paul

À retrouver dans le podcast
Par
  • France Bleu

Les Oubliés de l’Île Saint-Paul sont un groupe de six hommes et une femme enceinte qui furent abandonnés en 1930 sur une île dans le sud de l’Océan Indien. Ils étaient chargés de garder l’île et ses installations pour le compte de leur employeur : La Langouste Française.

Histoires salées - L'histoire tragique des Oubliés de l'Île Saint-Paul
Histoires salées - L'histoire tragique des Oubliés de l'Île Saint-Paul © Radio France - Sarah Debris-Erny / Atelier graphique

Cette île est située dans les Terres Australes, à 3 000 kms au sud de la Réunion. Elle est désertique et volcanique. Rien n’y pousse !

En 1928, les frères Bossières, basés au Havre, décident d’exploiter les richesses maritimes aux alentours de cette île et fondent « La Langouste française ». Ils recrutent dans la région de Concarneau, dans le sud Finistère, des pêcheurs expérimentés pour pratiquer, principalement, la pêche à la langouste.
En 1929, au terme de la première campagne, l’équipe est rapatriée. Les marins bretons rentrent chez eux convenablement rémunérés du fruit de leur travail. Ce qui encourage une deuxième équipe à s’expatrier à son tour dans l’hémisphère austral.
En 1930, à l’issue de cette deuxième campagne, la société « La Langouste Française » demande des volontaires pour assurer le gardiennage et l’entretien des installations sur place. Sept personnes, six bretons et un malgache, acceptent de rester sur l’île, jusqu’à la campagne suivante.

Les réserves de vivres étant insuffisantes pour une longue durée et le magasin de vivres ayant subi des dommages suite à un incendie, on leur garantit la venue d’un bateau de ravitaillement dans un délai de deux ou trois mois.
Restent alors sur l’île : Victor Brunou, 28 ans, et son épouse Louise enceinte, Julien le Huludut, 26 ans, Pierre Quillivic, Louis Herlédan, 18 ans, Emmanuel Pulloc’h, 26 ans et François Ramazoni, jeune Malgache de 18 ans.

En attendant le retour promis d’un bateau, ils se retrouvent avec pour seules provisions des conserves de viande. Ils prennent alors conscience de leur solitude, livrés à eux même sur ce caillou désert perdu au milieu de l’Océan Indien, à des milliers de milles* de toute terre. 

Des mois d'attente, rien à l'horizon

Quelques semaines après le départ du bateau, la petite Paule voit le jour mais ne survivra pas au-delà de deux mois. Une caisse en bois ayant contenu des conserves lui servira de cercueil. 

Les mois passent et toujours pas de bateau à l’horizon. Il ne sera de retour que 9 mois plus tard. A son arrivée : il ne reste alors que trois survivants... Louise Brunou, Julien le Huludut et Louis Herlédan.

Par la suite un procès, qui va durer six ans, va se tenir contre la société « La Langouste française » tenue responsable de ce terrible drame. Elle est condamnée à verser des indemnités aux victimes encore en vie, ainsi qu’aux familles de ceux qui ont péri. Ces indemnités ne seront jamais versées. La société ayant fait faillite et les frères Bossières étant ruinés.

Il y 10 ans, une association a été créée pour faire vivre la mémoire des Oubliés de l'Île Saint-Paul. 

Dominique Virlouvet et Maryvonne Tatéossian, deux descendantes des Oubliés
Dominique Virlouvet et Maryvonne Tatéossian, deux descendantes des Oubliés © Radio France - Jérôme Lebreton

Dominique Virlouvet et Maryvonne Tatéossian, deux descendantes de ces Oubliés, partagent cette histoire dramatique dans l'épisode 15 de nos “Histoires salées”.

* Un mille marin équivaut à 1 852 mètres.

Réalisation

  • Auteur : Jérôme Lebreton
    Voix : Jérôme Lebreton
    Prise de son : Frédéric Baguet
    Réalisation et Mixage : Frédéric Baguet

Ces "Histoires salées" sont également disponibles en podcast sur l'application Radio France

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