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Le gouvernement relance le débat sur la consigne des bouteilles en plastique

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Le gouvernement lance ce lundi une consultation sur la consigne des bouteilles en plastique, idée déjà rejetée en 2019 par les Sénateurs et les collectivités locales, selon lesquels il s'agit d'une fausse bonne idée.

La France est l'un des plus mauvais élèves d'Europe en matière de recyclage du plastique. La France est l'un des plus mauvais élèves d'Europe en matière de recyclage du plastique.
La France est l'un des plus mauvais élèves d'Europe en matière de recyclage du plastique. © Maxppp - FRANCOIS DESTOC

Payer sa bouteille en plastique plus cher, pour récupérer une partie du prix une fois la bouteille ramenée à la consigne ? L'idée n'est pas neuve, mais elle revient dans le débat. L'initiative, qui existe notamment en Allemagne, avait déjà été envisagée en France dans la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire de 2020, mais avortée devant l'opposition des collectivités locales et renvoyée à juin 2023.

À partir de ce lundi et jusqu'au mois de juin, le gouvernement lance une consultation sur le sujet pour tenter de sortir du blocage. Sont invités les industriels de l'agroalimentaire ou de l'embouteillage, supermarchés, associations d'élus, de consommateurs et ONG, autour de la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Bérangère Couillard.

Le ministère envisage des automates de dépôt installés sur les parkings de supermarchés où les consommateurs pourraient ramener leurs bouteilles vides, en échange d'une rétribution de quelques centimes.

Objectif : collecter 90% des bouteilles plastique d'ici 2029

Les objectifs européens de taux de collecte des bouteilles plastique sont de 77% en 2025 et 90% en 2029, quand la France plafonne à moins de 60%. Conséquence : la France est l'un des pays d'Europe qui recycle le moins bien ses emballages plastiques, avec un taux de recyclage d'environ 30%, selon l'entreprise spécialisée Citeo.

Sortis des poubelles, les déchets plastique peuvent aujourd'hui connaître trois destins: être mis en décharge, être brûlés pour produire de l'énergie ou encore être recyclés dans du nouveau plastique.

"Grâce au dialogue qui va s'instaurer sur plusieurs mois, nous pourrons prendre la décision qui répondra au mieux à nos objectifs principaux : atteindre un meilleur taux de collecte des bouteilles, viser 100% de plastique recyclé, développer le réemploi, et lutter contre les dépôts sauvages" qui se multiplient, se félicite Mme Couillard, citée dans un communiqué.

La consigne, une fausse bonne idée ?

Mais l'idée de consigner les bouteilles en plastique divise. Si tant est qu'il s'agisse bien d'une consigne : le terme même est quelque peu galvaudé en l'occurrence, puisque contrairement au principe de la consigne du verre, il ne s'agit pas de réutiliser les bouteilles en plastique, mais de les collecter pour les recycler.

Certaines voix s'élèvent pour souligner que l'objectif n'est pas de recycler le plastique, mais bien d'en réduire la production, en limitant de suremballage et en trouvant des alternatives. Or, la consigne provoquerait l'effet inverse : en donnant une image plus "verte" à l'usage de plastique, il nous pousserait à sa consommation. À l'époque de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire déjà, sur France Bleu, la sénatrice des Yvelines Marta de Cidrac (LR) soulignait qu'en Allemagne, "la consommation de plastique à usage unique a augmenté de 60%".

Autre argument : la consigne des bouteilles en plastique serait ni plus ni moins d'un "cadeau" aux industriels, aux dépends des consommateurs et des collectivités locales. Le système aboutit en effet à une augmentation des prix de l'alimentaire, puisque chaque consommateur doit payer une "caution" sur sa bouteille à chaque achat. Or une partie des consommateurs ne ramèneront jamais leurs bouteilles à la consigne, autant de bénéfices qui se retrouveront directement dans la poche des Coca Cola, Nestlé, Pepsi et autres Danone, dénonce par exemple Nicolas Soret, maire de Joigny et président de la commission déchet de l'association des maires de France, qui estime une recette "de l'ordre de 240 millions d'euros".

Le Sénat, qui a rejeté en septembre 2019 l'idée d'une consigne des bouteilles en plastique, craignait aussi qu'une telle mesure ne permette aux industriels de s’exonérer de la taxe recyclage, d'un centime par bouteille.

Enfin, le gouvernement reconnaît lui-même que l'imposition d'une consigne sur les bouteilles en plastique en 2019-20 aurait eu pour effet de réduire les revenus des collectivités locales, en diminuant les flux d'emballages dans les bacs jaunes des déchets ménagers triés pour le recyclage. Or elles ont investi massivement ces dernières années dans de coûteuses machines pour améliorer le tri et les volumes de matériaux à recycler.

En 2019, sur France Bleu, le maire de Joigny estimait même que la mesure contraindrait les collectivités locales augmenter leurs impôts : "On va me dire : 'Mais M. Soret, avant le boulot, c'est vous qui le faisiez en venant chercher nos bouteilles, maintenant c'est à nous de les remettre en point de vente, donc vous allez baissez les impôts', et je vais devoir expliquer que non seulement on ne va pas baisser les impôts, mais on va les augmenter, parce qu'en choisissant de remettre votre bouteille à Coca, vous nous privez d'à peu près 20% de notre budget. Donc il va falloir les compenser", fait valoir Nicolas Soret.

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