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"Europe mortelle", défense, investissements : ce qu'il faut retenir du discours d'Emmanuel Macron sur l'UE

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  • France Bleu

Depuis la Sorbonne, ce jeudi, Emmanuel Macron a partagé ses perspectives sur l'avenir de l'UE à un peu plus d'un mois des élections européennes, sept ans après un premier discours sur l'Europe prononcé dans l'université parisienne.

Discours sur l'Europe d'Emmanuel Macron à La Sorbonne le 25 avril 2024. Discours sur l'Europe d'Emmanuel Macron à La Sorbonne le 25 avril 2024.
Discours sur l'Europe d'Emmanuel Macron à La Sorbonne le 25 avril 2024. © AFP - Christophe PETIT TESSON / POOL

Sept ans après la "Sorbonne 1", le 26 septembre 2017, Emmanuel Macron a proposé une nouvelle série de mesures pour une Europe "plus souveraine et plus puissante". Un discours perçu comme une entrée en campagne du chef de l'État, à six semaines des élections européennes. Le président de la République veut "influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin, a défendu l'Élysée, qui réfute toute tactique électoraliste.

"Sept ans après le discours de la Sorbonne  [en septembre 2017], je souhaitais venir ici dans ce même lieu pour renouer le fil de nos accomplissements et parler de notre avenir : notre avenir européen, mais qui est par définition l’avenir de la France", a déclaré Emmanuel Macron en guise d’introduction, avant de passer en revue les réussites et échecs des dernières années.

Des "réussites" en matière "d'unité et de souveraineté"

L'idée de souveraineté s'est "imposée", "rarement l'Europe aura autant avancé" malgré les crises, a-t-il estimé, évoquant "l’unité financière pour sortir de la pandémie" liée au Covid-19. Le chef de l'État a également vanté "l'unité stratégique" des Vingt-Sept face cette crise sanitaire et à l'agression de l'Ukraine par la Russie.

"Second choix décisif, cela a été le choix de l’unité stratégique sur des sujets qui, jusque-là, étaient restés du seul ressort des nations : la santé", a déclaré Emmanuel Macron. Ajoutant, au sujet du Covid-19 : "Produire des vaccins en Europe, sécuriser les approvisionnements et les distribuer partout en Europe, nous l’avons fait."

"Qui aurait cru que nous pourrions nous défaire de notre dépendance aux hydrocarbures russes, acheter en commun et réformer vite notre marché de l’électricité ?", a-t-il ensuite interrogé. "Et la défense ? Qui aurait parié sur l’unité européenne dès le premier jour de l’agression russe en Ukraine et sur un soutien militaire massif de l’Union européenne ? Et nous l’avons fait."

Au chapitre des réussites, Emmanuel Macron s'est aussi félicité que les Européens aient "commencé à jeter les bases d’une plus grande souveraineté technologique et industrielle", citant le soutien "à la filière de batteries, l’hydrogène et l’électronique", puis les réussites permises, selon lui, par le Green Deal (Pacte vert européen).

"L’Europe a commencé à réaffirmer clairement l’existence de ses frontières", s'est-il enfin réjoui, en référence notamment au nouveau pacte sur la migration et l’asile, adopté par le Parlement européen début avril.

Une "Europe puissance" qui "se fait respecter" et "assure sa sécurité"

Cependant, "nous devons être lucides sur le fait que notre Europe, aujourd'hui, peut mourir", a poursuivi le Président. "C'est aujourd'hui que se joue la question de la paix et de la guerre sur le continent et de notre capacité à assurer notre sécurité ou pas", a-t-il assuré. "Les grandes transformations, celle de la transition digitale, celle de l’intelligence artificielle comme celle de l’environnement et de la décarbonation, se jouent maintenant".

"D’abord, nous ne sommes pas armés face au risque qui est le nôtre, malgré tout ce que nous avons fait", a estimé Emmanuel Macron. "Nous avons engagé un réveil. La France elle-même a doublé son budget de défense. (…) Mais, à l’échelle du continent, ce réveil est encore lent, trop faible face au réarmement généralisé du monde."

"L’Europe puissance, c’est simple, c’est une Europe qui se fait respecter et qui assure sa sécurité", a poursuivi le chef de l’État, évoquant d’abord ce défi de la sécurité pour l’Union européenne"C’est une Europe qui assume d’avoir des frontières et qui les protège. C’est une Europe qui voit les risques auxquels elle est exposée et qui s’y préparent pour ça", a-t-il déclaré, ajoutant : "Il nous faut en quelque sorte sortir d’une forme d’état de minorité stratégique". "C’est pourquoi, dans les prochains mois, j’inviterai nos partenaires à bâtir cette initiative européenne de défense, qui doit d’abord être un concept stratégique", a-t-il avancé et qui inclura "peut-être" un bouclier anti-missile européen.

"Le principal danger pour la sécurité européenne est évidemment aujourd’hui la guerre en Ukraine", a-t-il continué, plaidant pour la création d'une académie militaire européenne.

"Nous devons également investir les nouveaux espaces de conflictualité" en développant "une capacité européenne de cybersécurité et de cyberdéfense", a ajouté le chef de l'État.

Le président a plaidé pour un nouvel "emprunt européen" afin de financer l'effort de défense avec une "préférence européenne dans l'achat de matériel militaire".

"Retrouver la maîtrise" de ses "frontières"

Face aux débats sur l'immigration portés par la droite et l'extrême droite, il a affirmé que l'UE devait "retrouver la maîtrise" de ses "frontières" et "l'assumer", proposant "une structure politique" continentale pour prendre des décisions sur les sujets de migrations, de criminalité et de terrorisme.

Aboutir à une "Europe de prospérité"

Sur le plan économique, pour aboutir à une "Europe de prospérité", Emmanuel Macron a défendu un "choc d'investissements commun", en doublant la capacité financière de l'UE pour faire face aux défis de défense, climatique, numérique et industriel. Mais aussi l'introduction d'un "objectif de croissance", voire de "décarbonation" dans la politique monétaire de la Banque centrale européenne, aujourd'hui cantonnée à la maîtrise de l'inflation. Car la concurrence de la Chine et des États-Unis est une autre menace vitale pour le Vieux Continent, a prévenu le président français, assurant qu'il fallait également réviser la politique commerciale européenne puisque ces superpuissances n'en "respectent plus" les règles.

Emmanuel Macron souhaite voir l'Union européenne devenir, d'ici 2030, un "leader mondial", avec des "stratégies de financement dédiées", dans cinq "secteurs stratégiques de demain" : intelligence artificielle, informatique quantique, espace, biotechnologies et "nouvelles énergies" (hydrogène, réacteurs modulaires et fusion nucléaire). Il veut, en outre, inscrire dans les traités communautaires "la préférence européenne" dans "la défense et le spatial".

"Humanisme européen"

Enfin, pour une "Europe humaniste", le chef de l'État veut "défendre une Europe de la majorité numérique à 15 ans", avec avant cet âge, un contrôle parental sur l'accès aux réseaux sociaux, dans la seule proposition concrète susceptible d'affecter le quotidien des électeurs.

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