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Antidépresseurs : la consommation chez les jeunes a augmenté de plus de 62% en sept ans, selon un rapport

Par
  • France Bleu

Les prescriptions de psychotropes explosent chez les enfants et les adolescents. C'est le constat que dresse ce lundi le Haut conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (HCFEA) dans un rapport. Entre 2014 et 2021, la consommation d'antidépresseurs a augmenté de 62,58%.

La consommation d'antidépresseurs chez les jeunes a augmenté de plus de 62% entre 2014 et 2021 (Illustration) La consommation d'antidépresseurs chez les jeunes a augmenté de plus de 62% entre 2014 et 2021 (Illustration)
La consommation d'antidépresseurs chez les jeunes a augmenté de plus de 62% entre 2014 et 2021 (Illustration) © AFP - ANNA KURTH / HANS LUCAS

Le constat est alarmant. Le Haut conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (HCFEA), a publié ce lundi son rapport intitulé "Quand les enfants vont mal, comment les aider ?". Selon cette étude, les prescriptions de psychotropes explosent chez les enfants et les adolescents. Entre 2014 et 2021, la consommation d'antipsychotiques chez les enfants a augmenté de 48,54%, elle a augmenté de 62,58% pour les antidépresseurs et de 155,48% pour les hypnotiques et les sédatifs. Le phénomène concerne des dizaines de milliers d'enfants. Le niveau de prescription de psychotropes concerne un enfant sur vingt, précise le HCFEA.

Le Covid et les confinements successifs ont eu un effet délétère sur la santé des enfants, selon le rapport. Les gestes suicidaires ou encore les sentiments d'angoisse sont également en hausse.

Non-respect des règles de prescription

Les prescriptions de psychotropes se font souvent hors autorisation de mise sur le marché (AMM), alerte le HCFEA, les médicaments appropriés n’existant pas pour les enfants. Selon le rapport, c'est le cas pour 40% des prescriptions en ville, et entre 67 et 94% de celles délivrées à l’hôpital.

Parmi les psychotropes les plus utilisés, le Haut conseil s'inquiète particulièrement de la prescription pour des enfants, parfois avant l'âge de six ans, de médicaments dédiés aux adultes comme des antiparkinsoniens, des hypnotiques ou des antidépresseurs. L'étude relève aussi des co-prescriptions nombreuses et le non-respect des règles de prescription par des médecins spécialistes.

La baisse de l'offre de soin en cause

Le HCFEA dénonce un "effet ciseau" entre cette augmentation vertigineuse de la consommation de médicaments et la baisse de l'offre de soin en France. Le rapport note que "l’offre pédiatrique, pédopsychiatrique et médicosociale est en recul et ne permet plus d’accueillir dans des délais raisonnables les enfants et les familles". Faute de spécialistes, la majorité des consultations de l’enfant est réalisée par le médecin généraliste. "Seuls 30% des enfants sont reçus par un pédiatre, qui concentre sa patientèle sur les moins de deux ans."

Le mal-être des enfants et adolescents est accentué par un déficit de l'offre de soin, note le rapport qui pointe un manque de spécialistes et une médecine scolaire dont la situation se détériore.

Les médecins et infirmiers scolaires ne peuvent plus assurer "leurs missions d’accueil et de suivi individuel de l’ensemble des enfants qui le demanderaient". Et de son côté, la Protection maternelle et infantile (PMI) "ne peut plus non plus répondre de manière satisfaisante aux besoins des parents et des enfants pour ce qui relèverait de sa compétence". Et les consultations en centres médicaux pédagogiques (CMP) ont été divisées par quatre.

Le rapport pointe également qu'il existe une détermination scolaire et sociale de la prescription de médicaments psychostimulants chez l’enfant et l’adolescent en France. Les enfants les plus jeunes de leur classe ou issus des milieux défavorisés présentent des risques accrus de médication.

"Le bien-être mental des enfants est une préoccupation qui doit mobiliser toute la société"

Le rapport entend proposer "des voies d’amélioration de ces accompagnements et prises en charge". Il plaide pour des psychothérapies plus adaptées, mais aussi un savoir-faire éducatif pour mieux accompagner et inclure l'enfant et, enfin, des interventions sociales optimisées pour mieux prendre en compte les facteurs de risques et les troubles mentaux chez les enfants. "Le Haut conseil recommande de renforcer considérablement les moyens structurels dédiés à la santé mentale de l’enfant et au déploiement d’une politique publique ambitieuse en la matière, ce qui implique de renforcer les moyens de la pédopsychiatrie, mais également les moyens dédiés aux approches psychothérapeutiques, éducatives et sociales destinées à l’enfant et à la famille", écrit le rapport.

"La santé et le bien-être mental des enfants est une préoccupation qui doit mobiliser toute la société. Tous les acteurs des champs de l’action éducative et sociale doivent y apporter une réponse", indique également le HCFEA

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