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Opérations anti-drogue dans Paris : "Ils déplacent le problème d'un arrondissement à un autre", regrette une habitante

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Des opérations anti-drogue sont menées depuis quelques jours dans toute la France. La Capitale n'est pas épargnée. Dans le nord de Paris, plusieurs secteurs des 18ᵉ et 19ᵉ arrondissements vivent avec une présence policière inhabituelle. Une situation qui fait réagir le voisinage.

Forte présence des forces de l'ordre à la sortie du métro "la Chapelle" à Paris ce mercredi Forte présence des forces de l'ordre à la sortie du métro "la Chapelle" à Paris ce mercredi
Forte présence des forces de l'ordre à la sortie du métro "la Chapelle" à Paris ce mercredi © Radio France - Nina Valette

867 interpellations en France. C'est le dernier chiffre communiqué par le ministre de l'Intérieur au sujet de l'opération "place nette XXL" lancée en France. Gérald Darmanin veut s'attaquer au trafic de drogue dans le pays. Plusieurs départements d'Île-de-France sont concernés par cette opération, tout comme le nord de Paris. Une situation qui fait réagir les habitants.

"C'est un coup de communication"

Une cigarette roulée à la main. Serge, habite rue de Crimée. Selon le ministre de l'Intérieur, l'une des opérations anti-drogue s'est déroulée dans ce secteur. Pour ce Parisien, consommateur de cannabis, les autorités font une erreur de stratégie. "C'est du cinéma, de la poudre aux yeux. Ils ne vont pas s'attaquer aux vrais problèmes comme le crack à Stalingrad. Ça fait énormément de dégâts. Croyez-moi, il y a une grosse différence".

Pour Christine, habitante dans le secteur de Stalingrad, justement, les conséquences du crack font partie de son quotidien. "Je me suis vu ouvrir ma porte d'appartement le matin, ils étaient en train de se shooter sur mon tapis,  devant ma porte. Les autorités font place nette, ok, mais trois mois après, les consommateurs sont de retour. Les prisons sont pleines, on ne va pas les mettre en prison, donc on les déplace du 18ᵉ au 19ᵉ et inversement depuis des années."

Selon le ministre de l'Intérieur, des contrôles ont eu lieu Rue de Crimée
Selon le ministre de l'Intérieur, des contrôles ont eu lieu Rue de Crimée © Radio France - Nina VALETTE

"Ça bouge, c'est rassurant" Christiane, 77 ans

Pourtant, dans le 19ᵉ, au pied du métro' La Chapelle', la présence d'une petite dizaine de fourgons de gendarmerie rassure Christiane. "Tout à l'heure, je discutais avec un voisin. On s'est dit 'tiens, il se passe quelque chose. Enfin ! Parce que nous n'avons jamais eu autant de force de police. D'ailleurs, des fois, on aimerait bien en voir un peu plus. Aujourd'hui, il y en a partout. Même à vélo, dans le square. Je leur ai parlé en disant, 'Écoutez, dans le quartier, on est très heureux que vous soyez là. On est très heureux de vos interventions parce qu'on voit qu'il y a un effort de fait, on voit que ça bouge et ça, c'est rassurant", raconte la retraitée qui n'aime plus le visage de son quartier depuis quelques années."À Noël, il y a eu des sapins, sauf qu'ils planquaient la drogue à l'intérieur. Du shit devant ma boulangerie... Ou alors, ils dissimulaient la drogue entre le pneu et la carrosserie de la voiture. Moi, je voudrais retrouver le quartier de mon enfance", raconte celle qui vit dans le même immeuble depuis 77 ans.

Rendez-vous dans six mois

François Dagnaud, le maire du 19ᵉ arrondissement de Paris, est très attentif à l'opération qui se déroule dans sa zone. Pour lui, les changements ne sont pas significatifs, mais l'initiative du gouvernement est bonne à prendre. "L'opération ressemble surtout à une labellisation. C'est-a-dire, donner un nom a quelque chose qui se faisait deja. Rien de très nouveau, mais en revanche, en interne, les procédures (des forces de l'ordre; NDLR) sont priorisées. Rendez-vous dans six mois. Moi, je crois au travail sur la durée", ajoute le maire de cet arrondissement qui lutte contre les conséquences du crack. "Il y a des gens qui gagnent beaucoup d'argent en exploitant la déchéance physique et psychologique de consommateurs. Il y a parallèlement la nécessité de déployer des dispositifs médicaux-sociaux pour les usagers qui sont en situation d'addiction. C'est une maladie et qui doit être traitée comme un enjeu de santé publique."

François Dagnaud, le maire du 19ᵉ arrondissement de Paris,
François Dagnaud, le maire du 19ᵉ arrondissement de Paris, © Radio France - Nina Valette

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