Un centre pour consommateurs de drogues voit son ouverture reportée à Paris

"Protégez nos enfants, non à la drogue". Voilà ce qu'on peut lire sur deux draps installés au premier étage du 100 rue Doudeauville à Paris. Le rez-de-chaussée doit accueillir prochainement un centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud). Les membres de l'association Aurore, qui n'ont pas répondu à nos sollicitations, sont en train de s'installer, au grand désespoir du voisinage.

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Une ouverture repoussée de quelques jours

Selon nos informations, le centre qui devait ouvrir le 1er avril, n'ouvrira finalement que "courant avril" pour des raisons d'organisation. On ne sait pas si la mobilisation des voisins est responsable de ce retard, pour autant, la mairie du 18ᵉ arrondissement veut continuer de rassurer les habitants du secteur.

"On comprend les inquiétudes, mais on est vraiment sur des gens qui sont dans une démarche d'accompagnement et de soin. C'est la huitième installation du genre dans l'arrondissement et nous n'avons aucun problème avec les sept autres. C'est une politique de réduction des risques pilotés par l'État et mis en place partout en France. Si c'est à cet endroit, c'est parce qu'il y a un besoin. À Château-Rouge, la consommation et la présence de toxicomanes existent. Ce n'est pas une salle de consommation", précise la mairie du 18e.

Un centre à 60 mètres d'une école, les parents n'en veulent pas

"Je ne suis pas contre l'installation d'un Caarud, mais pas à côté d'une école et d'un collège", insiste Florian. Ce père de famille, qui travaille dans l'intelligence artificielle, habite à quelques mètres du futur centre. "C'est bien ce que fait cette association. Mais je ne comprends pas qu'on installe un tel lieu à cet endroit". Pour ce père de famille, la présence de consommateur de drogue à quelques mètres de l'école de ses deux enfants, n'est pas envisageable. Ce Caarud, à ne pas confondre avec une salle de shoot, va permettre aux consommateurs de drogue de prendre une douche, de faire une lessive et de bénéficier d'un accompagnement. Selon ce voisin, l'ARS à précisé qu'il n'y aura donc pas de distribution de matériel comme des kits d'injection.

Ce qui ne rassure pas pour autant Benjamin et Romain, tous deux propriétaires au 100 rue Doudeauville. "Je suis admiratif du travail de ce genre d'association, mais pas ici, dans un immeuble résidentiel, avec ma fille de 4 ans. Cela va ramener des consommateurs de drogue dans un quartier où il y a déjà beaucoup de problèmes. La prostitution, l'insécurité. Peut-être qu'on peut éviter de rajouter des problèmes !", s'agace Romain, qui passe en coup de vent devant son immeuble.

Benjamin, également policier dans la vie de tous les jours, a un regard très sombre concernant ce genre de structure. "Je connais les conséquences. On essaie toujours de nous dire que ça va bien se passer, mais ça ne se passe jamais bien. Parce qu'il n'y a jamais suffisamment de personnel. Puis à 20h30 quand les bénéficiaires vont devoir partir, ils ne vont pas partir gentiment. Ils vont graviter dans le secteur. C'est une salle de repos, ils vont partir agacés. Je rappelle qu'ils oublient les besoins primaires, ils oublient de boire à cause du crack par exemple. Donc on veut nous faire croire que ça va bien se passer alors que non."