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Aide à mourir : avec ce projet de loi, "je continuerai à accompagner les personnes en Belgique et en Suisse"

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Le projet de loi sur la fin de vie entame son parcours parlementaire, avec la présentation du texte ce mercredi en Conseil des ministres. Pour Claudette Pierret, militante de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité en Lorraine, il ne correspond pas à "ce que les malades veulent".

Claudette Pierret, militante de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité, à Longwy, en janvier.
Claudette Pierret, militante de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité, à Longwy, en janvier. © AFP - Simon Wohlfahrt

"Ce n'est pas la loi que j'attendais", regrette Claudette Pierret, militante historique de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité en Lorraine, invitée de France Bleu Lorraine, mercredi 10 avril. Le projet de loi sur la fin de vie est présenté ce mercredi en Conseil des ministres. Il prévoit une aide à mourir sous des conditions strictes. "J'espérais une loi comme en Belgique, où l'on a 22 ans de recul, sachant qu'elle a progressé au fil du temps. Mais ça n'a rien à voir avec le projet de loi de chez nous !"

La militante pour le droit à mourir dans la dignité conteste notamment la condition posée d'un pronostic vital engagé "à court ou à moyen terme". "Je me demande comment les médecins vont faire pour savoir quand leur malade va mourir. Et puis, c'est quoi le court et le moyen terme ? C'est un peu flou", déplore-t-elle. "En Belgique, il n'y a pas de court ou de moyen terme. À partir du moment où le patient a une maladie grave et incurable, et qu'elle entraine des souffrances physiques ou psychiques inapaisables, il peut être aidé."

"On a l'exemple sous les yeux"

Claudette Pierret le martèle : il faut se calquer sur la législation belge. "Je ne vois pas pourquoi on referait exactement le même chemin qu'eux, alors qu'on a l'exemple sous les yeux", dénonce-t-elle. "On veut faire un modèle à la française, mais les Belges ne veulent pas revenir sur leur loi. C'est une loi qui leur convient bien, et d'ailleurs ils ne comprennent pas qu'on n'arrive pas à sauter le pas depuis tout ce temps."

Deuxième condition : obtenir l'accord du médecin. "Ce n'est pas ce que les malades veulent", affirme la militante, qui accompagne, depuis plusieurs années, des patients souhaitant se faire euthanasier de l'autre côté de la frontière. "Le temps que le médecin rende un avis, le patient risque d'être déjà mort. Il faut une loi où ils peuvent décider eux-mêmes de mettre fin à leurs jours, à partir du moment où ils n'en peuvent plus de souffrir."

Avec cette version du texte, elle reste "persuadée" qu'elle continuera à accompagner des patients en Belgique et en Suisse. "Ça me rend triste et ça m'énerve un peu. Si jamais le projet de loi passe comme ça, sans être modifié ou amélioré, j'aurai encore des demandes de personnes qui voudront aller mourir à l'étranger, c'est certain."

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