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Le cri d'alarme des commerçants nantais : "Si ça continue, on va mourir!"

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Jeudi, à Nantes, les violences en marge de la manifestation contre la réforme des retraites sont encore montées d'un cran. Conséquence, le centre-ville se vide et les commerçants sont de plus en plus inquiets.

Devant la banque CIC cours des 50 otages à Nantes. Devant la banque CIC cours des 50 otages à Nantes.
Devant la banque CIC cours des 50 otages à Nantes. © Radio France - Anne Bertrand

Lendemain de manif à Nantes. Steve, salarié de Verre Solutions, pose une planche de contre-plaqué sur une vitre brisée de la Fnac, place du Commerce : "A la base, je ne suis pas sur les chantiers, je suis chargé d'affaires. Mais on est en manque de personnel et il y a pas mal de boulot donc il faut y aller", explique-t-il en souriant. Juste avant, il était à la station de tramway toute proche : "On a mis en sécurité la station Commerce car il y a des vitrages de cassés. On les a enlevés et on les remplacera plus tard".

Plus tard, quand le climat social sera apaisé. De l'autre côté de la ligne de tramway, la rue Kervégan a aussi été jeudi la scène d'affrontements violents. Il reste des détritus partout sur les pavés. Une vision qui désole Adrien, serveur dans un des restaurants de la rue : "On ne sait pas en plus avec les grèves d'éboueurs si ça va être nettoyé dans les prochains jours. Sinon, on va devoir le faire nous-mêmes. C'est... compliqué !"

La rue Kervégan, à Nantes, a été la scène de violents affrontements jeudi entre policiers et casseurs.
La rue Kervégan, à Nantes, a été la scène de violents affrontements jeudi entre policiers et casseurs. © Radio France - Anne Bertrand

La crainte pour Teddy Robert, le président de l'association de commerçants Plein Centre, c'est que les Nantais désertent le centre-ville : "Au lieu de sortir prendre un café, boire une bière ou aller au restaurant, ils se font livrer. Et on sait comment travaillent les sociétés de livraison, l'uberisation que ça entraîne."

"Si ça continue, on va mourir", prévient Olivier Dardé, le président de l'UMIH 44, l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie. "On n'est pas là pour dire si c'est bien ou pas la grève, le 49.3, on ne fait pas de politique", insiste-t-il. "On dit simplement que nos entreprises sont en souffrance. Depuis plusieurs semaines, on n'arrive pas à travailler. Les poubelles envahissent les rues. Avec des rats en centre-ville, l'image est déjà assez catastrophique pour faire venir les gens de l'extérieur. Et petit à petit, la violence arrive. On a commencé par les feux de poubelles, des vitres cassées et on arrive à la violence ultime."

Près de la place du Bouffay s'entassent les poubelles qui n'ont pas été brûlées.
Près de la place du Bouffay s'entassent les poubelles qui n'ont pas été brûlées. © Radio France - Anne Bertrand

Sa collègue, Olivia Delezinier, représente le GNI, le Groupement national des indépendants dans l'hôtellerie et la restauration, et elle se dit effrayée aussi d'un tel niveau de violence. "J'ai vécu plusieurs manifs mais celle-ci est insurmontable. Les gens sont dans un état de violence euphorique", raconte cette restauratrice du quartier Bouffay. "Du coup, on est traité d'anti-grévistes parce qu'on travaille. Ce n'est pas du tout le cas. On n'est pas contre la manifestation, c'est juste qu'aujourd'hui je ne vois pas comment nos clients peuvent venir chez nous et comment faire travailler nos salariés. J'en ai deux qui sont allés à la pharmacie ce matin car ils n'entendaient plus d'une oreille."

Olivia Delezinier a fait 11 couverts jeudi dans son restaurant contre 100 habituellement. Elle parle déjà de mettre ses 8 salariés au chômage partiel. Et selon Olivier Dardé, le taux de remplissage des hôtels à Nantes est en chute de 50% : "On voit arriver le 28 avec la boule au ventre", dit-il.

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