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VIDÉO - Retraites : pour Johanna Rolland, Emmanuel Macron "doit agir en urgence pour apaiser la situation"

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La présidente de Nantes Métropole et maire de Nantes, Johanna Rolland estime que seul le président de la République peut apaiser la situation. La numéro 2 du Parti socialiste l'appelle à agir "en urgence" pour ramener le calme dans le pays.

La maire PS de Nantes, présidente de Nantes Métropole, est l'invitée de France Bleu Loire Océan à la veille de la 10ᵉ journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites. La dernière manifestation à Nantes a dégénéré avec des affrontements et des dégradations.

France Bleu Loire Océan : Que pouvez-vous faire, en tant que maire de Nantes, pour empêcher que la manifestation de demain mardi dégénère ?

Johanna Rolland : Je voudrais commencer par rappeler que l'immense majorité de celles et ceux qui viennent manifester contre cette réforme, aussi brutale qu'injuste, viennent le faire de manière pacifique, de manière calme et de manière très déterminée.

En revanche, les dégradations qui ont eu lieu la semaine dernière, je pense à ce qui s'est passé sur le tribunal administratif, sont intolérables. Ça l'est évidemment par principe, mais ça l'est aussi parce que ça vient nuire de manière aussi stupide que scandaleuse à ce mouvement, à cette mobilisation pacifique. Et puis, il y a aussi une montée des tensions avec des étudiantes qui ont rapporté des faits glaçants, extrêmement graves avec des policières. La justice devra faire toute la lumière. La police républicaine doit être exemplaire.

Vous faites allusion aux accusations portées à l'encontre de policières lors de palpations ?

J.R. : La justice est saisie et ce sera à elle de faire toute la lumière. Mais ce climat doit s'arrêter. On voit bien la spirale dans laquelle on est entré. Moi, quand je vois les commerçants, quand je vois les riverains, quand je vois les Nantaises et les Nantais, aujourd'hui, qu'ils soient pour la réforme des retraites ou contre la réforme des retraites, ils disent tous la même chose :  il faut que ça cesse, il faut que le calme revienne. Et pour cela, il n'y a pas 12 000 solutions. Il faut que le président de la République prenne ses responsabilités

En tant que maire à Nantes, que pouvez-vous faire pour que ça se passe mieux ?

J.R. : Sécuriser un certain nombre de choses. Qu'est-ce que ça veut dire ? Très concrètement, je vous donne un exemple. Sur le parcours des manifestations : oui, nous assumons par exemple, alors que par ailleurs nous respectons totalement le droit de grève de tous les salariés, de tous les travailleurs et notamment des éboueurs, nous assumons de faire enlever les poubelles sur le parcours, parce que là, il y a urgence en termes de sécurité. Mais ça ne règle pas la question de manière pérenne.

"E. Macron doit sortir de cette forme d'entêtement, de cet enfermement et, disons-le, dans les propos quand même d'une forme d'arrogance"

Alors comment règle-t-on, la situation, selon vous ?

J.R. : Régler la question, c'est quoi ? C'est comprendre ce pays, c'est envoyer un message d'apaisement, donc c'est soit retirer la réforme, soit le président de la République se décide enfin à sortir de cette forme d'entêtement, de cet enfermement et, disons-le, dans les propos quand même d'une forme d'arrogance qui rajoute à la complexité, à la tension du moment. Donc soit c'est le retrait de la réforme, soit c'est faire confiance au peuple avec un référendum d'initiative partagée.

"Il faut dans l'urgence des gestes d'apaisement"

Vous y croyez vraiment à ce référendum ?

J.R. : Je crois que demain, ça peut être une solution et pour l'instant, il faut agir dans l'urgence. Là, maintenant, dans les heures qui viennent. Il faut dans l'urgence des gestes d'apaisement. Ce n'est pas possible qu'à Paris, ceux qui sont en situation de ramener le calme dans le pays ne fassent rien. Et je crois qu'au stade où on en est sincèrement, c'est surtout Emmanuel Macron. Parce que la situation qu'on connaît à Nantes - vous évoquiez la question des poubelles - on la connaît dans beaucoup de grandes villes, de droite comme de gauche. C'est le cas au Havre. C'est le cas à Angers. La décision doit venir de Paris pour que le calme puisse justement irriguer.

Ici à Nantes, l'un des faits les plus visibles de la grève, ce sont les poubelles non ramassées. Vous respectez le droit de grève, mais à quel moment allez-vous décider de faire nettoyer la ville ?

J.R. :  Ce qu'on fait aujourd'hui, c'est très simple. À chaque fois qu'il y a une urgence en termes de sécurité ou de salubrité, on agit. On l'a fait, par exemple, pour préparer le marché de la Petite-Hollande. On le fait certains soirs autour des établissements pour personnes âgées. Et on le fait en effet pour sécuriser le parcours de la manif. Mais est-ce-que c'est agréable pour les Nantaises et les Nantais ? Évidemment que non, puisqu'ils aspirent à retrouver une ville belle et propre comme on l'aime. Est-ce qu'ils sont conscients, je le redis, que les éboueurs, comme les caissières, comme les aides soignantes, seront demain les plus concernés par cette réforme brutale et injuste ? Alors, on applaudit tous ces gens-là pendant le Covid, on dit qu'on a besoin de tous ceux qui sont en première ligne, en deuxième ligne. Et ensuite, on se dépêche de l'oublier parce que ça n'arrangerait pas le président de la République ? Ce n'est pas sérieux, ce n'est pas honnête et ce n'est pas respectueux.

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