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The Transat : dernière course qualificative pour François Guiffant, le Bigouden qui rêve toujours de Vendée Globe

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Engagé sur The Transat, dont le départ sera donné dimanche à Lorient, François Guiffant dispute sa dernière course qualificative pour le Vendée Globe. Depuis deux ans, en raison d'un bateau trop vieux de six mois, le skipper bigouden vogue après un improbable sésame pour son premier tour du monde.

François Guiffant devant son IMOCA Partage à Port-la-Forêt François Guiffant devant son IMOCA Partage à Port-la-Forêt
François Guiffant devant son IMOCA Partage à Port-la-Forêt - Hughes Ducrocq / droits réservés

Mais qu'est-ce qui fait bien naviguer François Guiffant ? Depuis deux ans, après avoir remplacé au pied levé Pierre Lacaze blessé pour la Route du Rhum 2022, et dont il était initialement son chef de projet, ce marin bigouden de 50 ans participe à toutes les courses de la classe IMOCA qualificatives au Vendée Globe, le tour du monde en solitaire sans escale ni assistance dont le départ de la prochaine édition est prévue en novembre prochain. Problème : il y a toujours 42 candidats en lice, alors qu'il y a 40 places au maximum sur la ligne de départ. Et, malgré les milles accumulés, il est le dernier sur la liste des prétendants car son bateau est trop vieux de six mois par rapport à la règle établie.

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Qu'importe, Fanch Guiffant est engagé, à partir de ce dimanche, sur la course The Transat, entre Lorient et New-York, elle aussi qualificative pour le Vendée Globe auquel il croit toujours pouvoir participer. Il faut dire que le skipper finistérien ne se départit jamais de son sourire et de cet espoir, aussi minime soit-il, qu'un souffle d'air qu'on attend dans la pétole. Avec The Transat comme dernière preuve qu'il a toute sa place pour le Vendée Globe, à la barre de son IMOCA Partage. "C'est ma quatrième course en deux ans avec le bateau" rappelle-t-il, revendiquant même six traversées de l'Atlantique (Route du Rhum et retour en convoyage en 2022 ; Transat Jacques Vabre et Retour à la Base en 2023 ; The Transat et retour en convoyage en 2024), "j'aurai donc fait toutes les qualifications et même un peu plus".

"Je fais tout bien, mais je ne suis pas sûr de participer"

Sans aucune certitude, donc d'être de la fête début novembre aux Sables-d'Olonne pour le Vendée Globe. Car son monocoque de 60 pieds, "c'est le numéro 20 de la série IMOCA, c'est le plus vieux de la flotte". Et c'est ce qui est justement reproché à ce bateau passé entre les mains de Roland Jourdain, Sam Davies, Yoann Richomme et Boris Herrmann entre autres. Il date de juin 2004, mais la règle du Vendée Globe fixe l'année 2005 comme année de fabrication maximum des bateaux. Son monocoque est trop vieux de six mois, en somme. Fanch Guiffant vit avec cet état de fait. "Je fais tout bien, mais je ne suis pas sûr de participer. C'est une petite épée de Damoclès, dont j'ai connaissance depuis le début" souffle le marin établit à Combrit, car il a un accord tacite avec la SAEM Vendée, organisatrice du tour du monde : si le quota de 40 bateaux n'est pas atteint, alors il pourra être de la partie.

Il y avait 52 prétendants déclarés, il n'en reste désormais plus que 42 au gré des désistements pour divers motifs. "Je me dis carrément que c'est possible. Je me dis que je suis là. Je montre que j'ai envie. Que le projet est fiable, que le projet est fort parce qu'il a un bon bateau, sécurisant, que je sais naviguer avec ce bateau. Donc on a notre place dans l'aventure du Vendée. L'aventure du Vendée s'est toujours créée comme ça, avec des projets qui qui ont essayé de tenir jusqu'au bout". Le sien en fait partie, avec un niveau d'engagement sans nulle autre pareille. Car Fanch Guiffant mène son projet souvent tout seul - il n'a d'ailleurs pris aucun jour de vacances depuis deux ans et demi - avec beaucoup de débrouille, mais parfois quelques préparateurs pour les coups de bourre. Et des coups de main de copains marins à Port-la-Forêt, où son IMOCA est amarré. Il y a des dons, aussi : Louis Duc lui a offert un jeu de voiles inadaptées au nouveau mât de son IMOCA Fives Group – Lantana Environnement. Damien Seguin (Groupe Apicil) lui a prêté un gennaker lors de la dernière transat Retour à La Base.

Un budget très limité sans certitude d'être au Vendée Globe

Il faut dire que le budget de Fanch Guiffant est réduit à peau de chagrin. Sans certitude d'être affichés au Vendée Globe, les partenaires sont frileux, ou s'engagent moins qu'ils le pourraient. "Il est difficile pour eux de communiquer sur une chose un peu aléatoire" résume le marin, qui fait l'impasse sur la transat retour New-York - Vendée en raison de coûts trop élevés. Mais il s'accroche. "Ce qui me fait courir, c'est la passion du large, la passion de la voile et la passion technique de ce métier. Parce que j'ai travaillé sur beaucoup de bateaux comme technicien, avec beaucoup de coureurs avec qui j'ai appris beaucoup de choses. Ce sont vraiment un métier et une envie passions. J'ai commencé la compétition en voile à l'âge de 16 ans, et je cours toujours. Je me dis aussi qu'il peut se passer beaucoup de choses sur les deux transats (The Transat, puis New-York Vendée). Il y a aussi une wild-card. Pourquoi un projet comme le mien ne pourrait-il pas en bénéficier ?"

Pourra-t-il bénéficier de la wild-card ?

Cette invitation sera accordée le 2 juillet par les organisateurs du Vendée Globe, mais elle est déjà quasiment promise à Clarisse Crémer, si la navigante ne se qualifie pas sportivement, après sa maternité durant le cycle de qualification. "Déjà, je souhaite à Clarisse de se qualifier de façon sportive parce qu'elle a un bon bateau, une bonne équipe, et que son projet est solide de toutes parts" pose Fanch Guiffant. "Pour le reste on peut se laisser aussi à rêver. Que s'il n'y a plus de 41 bateaux en compétition, tous soient acceptés. Ou que l'organisation du Vendée Globe se tourne vers des projets un peu plus humbles, qui ont une référence solidaire (les entreprises partenaires ont financé dernièrement un séjour en classe de mer à Lesconil à 60 enfants en difficulté pendant deux semaines) et aussi un peu écologique. On ne peut plus dire que le bateau a une empreinte carbone très très forte justement". D'ailleurs, la classe IMOCA vient de voter, il y a une semaine, une règle de réduction d'impact environnemental sur la construction des nouveaux bateaux. Alors que le sien va fêter ses 20 ans, François Guiffant verrait forcément d'un bon oeil que le sien soit accepté au départ du Vendée Globe au nom de la durabilité.

Fanch Guiffant fait beaucoup de choses lui-même, avec une équipe technique très réduite à ses côtés
Fanch Guiffant fait beaucoup de choses lui-même, avec une équipe technique très réduite à ses côtés - Hughes Ducrocq / droits réservés

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