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"Je ne peux plus" : six cabinets d'infirmiers libéraux vont fermer d'ici l'été en Dordogne faute de remplaçants

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Cathy Marchioro est infirmière libérale à Bergerac depuis plusieurs années, mais aujourd'hui, elle souhaite arrêter, épuisée par le rythme et par le manque de remplaçants. Selon la Fédération nationale des infirmiers en Dordogne, six cabinets vont fermer dans le département d'ici à la fin de l'été.

Cathy Marchioro est infirmière libérale depuis cinq ans mais elle envisage d'arrêter, épuisée par le rythme. Cathy Marchioro est infirmière libérale depuis cinq ans mais elle envisage d'arrêter, épuisée par le rythme.
Cathy Marchioro est infirmière libérale depuis cinq ans mais elle envisage d'arrêter, épuisée par le rythme. © Radio France - Charlotte Jousserand

Dans le cabinet de Cathy Marchioro à Bergerac, il y a l'ordinateur, l'imprimante pour numériser les ordonnances, les dossiers et une boîte de puzzle encore emballée : "Il est beau, je ne l'ai pas commencé, cela fait plusieurs mois qu'il est là, je ne l'ai pas encore ouvert".

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L'infirmière libérale n'a pas le temps, elle enchaîne tous les jours une journée de plus 12 heures : "Je commence vers 6h30 et jusqu'à midi, ensuite, je rentre et je repars entre 15h30 et jusqu'à 20 heures, pendant la pause, je m'occupe de l'administratif". Cathy Marchioro aime toujours autant ce lien fort qu'elle a tissé avec ses patients, elle aime être en lien avec les médecins et les hôpitaux, mais aujourd'hui "je ne peux plus, je suis épuisée physiquement".

"Je consacre du temps à mes patients, mais pas à mes enfants"

L'infirmière de 53 ans a déjà enchainé des mois sans aucun repos, ses dernières vacances remontent à il y a deux ans, "c'était une semaine", elle ne voit plus sa famille : "Je pars, ils ne sont pas levés, je rentre et je les vois juste pour manger, et je consacre du temps à mes patients, mais pas à mes enfants, et ça, je ne veux plus".

La Périgourdine se sent piégée dans un rythme infernal, car elle ne trouve pas de remplaçants pour avoir des weekends et des congés : "J'ai l'impression d'avoir la double peine, je travaille beaucoup parce que je n'ai pas de remplaçants, et comme je travaille beaucoup, j'ai beaucoup de charges et je suis obligée de travailler plus". Cathy Marchioro a eu une dizaine de remplaçants en quatre ans dans son cabinet : "Je leur propose 10 jours par mois, mais aucun n'est resté". La Bergeracoise a tout tenté, faire une partie de la tournée pour les décharger, ne rien prendre sur leurs actes, être présente "par téléphone ou en présentielle, je ne sais plus comment faire".

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Le manque de remplaçants

La quinquagénaire a quitté l'hôpital en 2019 pour créer son propre cabinet et se lancer en tant qu'infirmière libérale. Six ans après, Cathy Marchioro veut arrêter : "Je ne sais pas encore ce que je vais faire, je n'ai pas encore pris ma décision, mais je ne peux plus continuer".

Cathy Marchioro envisage de vendre son cabinet pour soit redevenir collaboratrice, soit pour changer de métier, mais elle ne veut pas abandonner ses patients. Parmi eux, Francis, il habite Bergerac et il connait l'infirmière depuis six ans : "Je l'ai vue de plus en plus fatiguée, on le voit, dans les mouvements, dans le comportement, vous savez, le métier d'infirmière, c'est dur". Cathy Marchioro se souvient quand il lui a dit "qu'il fallait que je me ressaisisse".

Selon la Fédération nationale des infirmiers en Dordogne, six cabinets, dont celui de Cathy Marchioro vont fermer d'ici à la fin de l'été, faute de repreneurs.

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