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"Je pensais qu'en trois mois ce serait réglé" : à Excideuil, les riverains de la falaise effondrée vont devoir patienter

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Presque une année sera nécessaire pour rouvrir la route après l'effondrement de la falaise début février à Excideuil (Dordogne). Dans la commune, les riverains sont soulagés d'être enfin fixés. Mais ils trouvent le délai très long.

Trois mois après l'effondrement les grillages barrent toujours le passage, sur la D76, coupant les habitants du centre-bourg. Trois mois après l'effondrement les grillages barrent toujours le passage, sur la D76, coupant les habitants du centre-bourg.
Trois mois après l'effondrement les grillages barrent toujours le passage, sur la D76, coupant les habitants du centre-bourg. © Radio France - M. B.

Les énormes rochers sont à dix mètres de la maison d'Huguette. À 77 ans, elle vit seule avec son chien Praline, dans son pavillon avec vue sur la falaise effondrée. Plus moyen d'aller à pied dans le village, elle doit faire un détour de plusieurs kilomètres en voiture, par des petites routes remplies d'ornières : "J'en ai ras-le-bol ! J'ai téléphoné plusieurs fois au Conseil départemental : je leur ai demandé, si c'était un député qui habitait là, si ça n'irait pas plus vite", sourit la septuagénaire.

Depuis que l'impressionnante falaise est tombée le soir du 2 février, la D76, l'un des principaux axes de la commune qui rejoint Thiviers, est coupée à la circulation. Le département vient d'annoncer que les travaux vont durer six mois, et commencer seulement à l'été, ce qui permet d'espérer une réouverture de la route à la fin de l'année. Un délai qui s'explique par la complexité du chantier : il va falloir abattre une partie de la falaise encore debout.

"Croyez-moi, il ne faut pas que j'oublie le beurre"

Huguette est soulagée d'être enfin fixée. Mais encore sept ou huit mois à tenir, c'est long : "Déjà que je suis âgée, les routes de déviation sont toutes petites, et les gens roulent dessus comme des malades. Je ne vais plus faire mes courses qu'une fois par semaine et croyez-moi, il ne faut pas que j'oublie le beurre". Sa voisine, trop âgée pour conduire, est dépendante de sa fille pour aller faire ses courses : "Avant, elle allait au marché tous les jeudis à pieds, elle ne peut plus".

À côté de chez elle, la boucherie-charcuterie Goursat est aussi coupée du monde. C'est le seul commerce situé du "mauvais" côté des blocs rocheux, qui obligent à faire un détour de plusieurs kilomètres pour l'atteindre depuis le centre-ville. "En région PACA, où des villages entiers avaient disparu et des routes emportées, en deux ans ils ont fait tous les travaux", s'étonne Philippe, qui amène désormais sa mère à la boucherie en voiture : "Aujourd'hui c'est quasiment reconstruit, ils ont fait des travaux qui semblent mille fois plus gros que ce qu'il y a ici".

"On a perdu 1000 euros par jour"

Les jours de marché, avant, il y avait la queue devant la boutique. Le fils du patron, Christophe, montre le parking, quasiment vide : "Je pensais naïvement qu'en trois mois ce serait réglé. On est aux trois mois et rien n'a bougé. Nous, on a huit salaires à sortir et les charges sont toujours les mêmes. Cela devient dur à tenir". Il remercie la mairie de lui avoir payé des panneaux dans la commune, pour indiquer le chemin pour trouver la boucherie dans le dédale de détours. Mais il n'a droit à aucune aide financière.

Le commerçant a fait les comptes : "Sur les 15 premiers jours en février, on a perdu 1000 euros par jour". Il craint surtout pour cet été : avec la route fermée, plus aucun touriste ne passe devant chez lui. Il n'y a que quelques semi-remorques étrangers qui n'ont pas vu les panneaux "route barrée", et qui viennent s'échouer au pied des blocs de roche, obligés de faire demi-tour.

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