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Appel au 15 obligatoire la nuit en Dordogne : l'inquiétude des patients, le soulagement des urgentistes

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Pendant plus de quatre mois, l'accueil des urgences de Périgueux, Bergerac et Sarlat est fermé. Pour entrer, il faut d'abord appeler le 15 et avoir son accord. L'accueil est en mode "dégradé" à cause du manque de médecins urgentistes qui sont parfois submergés.

Jusqu'au 30 septembre, la nuit, il faudra appeler le 15 avant de pouvoir entrer aux urgences en Dordogne. Jusqu'au 30 septembre, la nuit, il faudra appeler le 15 avant de pouvoir entrer aux urgences en Dordogne.
Jusqu'au 30 septembre, la nuit, il faudra appeler le 15 avant de pouvoir entrer aux urgences en Dordogne. © Radio France - Charlotte Jousserand

À l'entrée des urgences de Bergerac, il y a un crochet fixé au mur, tous les soirs, à partir de 19h et jusqu'au lendemain matin, 8h, un téléphone rouge est installé, relié directement au 15. L'accueil est fermé et pour entrer aux urgences de Bergerac, il faut avoir eu l'accord préalable du SAMU.

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Le mode d'accès aux urgences change en Dordogne, le soir et la nuit à cause du manque de médecins. Depuis le 17 mai et jusqu'au 30 septembre prochain, il faudra obligatoirement appeler le 15 avant de se rendre aux urgences de Bergerac, mais aussi Périgueux et Sarlat. C'est ce que l'Agence régionale de santé appelle "la régulation" et qui inquiète les patients.

Un système "angoissant"

Cet après-midi, Marianne est venue aux urgences simplement en poussant la porte. Devoir appeler le 15 la nuit, lui rappelle mauvais souvenirs : "mon mari a des problèmes cardiaques, une nuit, ça n'allait pas, j'ai appelé le 15, et j'ai attendu une demi-heure au téléphone, car on a eu le médecin et puis on ne savait pas s'il fallait rester chez nous ou bien venir sur place". Finalement, Marianne a eu l'accord du 15 pour emmener son mari. Elle a fait 30 minutes de route jusqu'aux urgences de Bergerac "C'est long, ça fait long". Une nuit éprouvante qu'elle ne veut pas revivre "je ne suis pas vraiment d'accord pour le principe".

À côté d'elle, Sylvie attend une amie qui ne se sentait pas bien "On m'a dit, est-ce que vous avez vu le médecin traitant ?, mais elle n'a pas de médecin traitant, car ils n'ont plus de place". Cette Parisienne, installée à Bergerac depuis deux ans, galère pour ses rendez-vous médicaux en Dordogne, "je ne trouve pas alors, je retourne à Paris et je les cale tous en même temps". Elle est en colère et elle ne comprend pas ce nouveau système pour accéder aux urgences  "ce n'est pas normal d'appeler le 15 et de se faire transférer sur un médecin qui vous dit des choses. C'est exagéré et puis, on paye quand même, on paye la sécurité sociale. Et puis par téléphone, ce n'est pas pareil que quand on a quelqu'un en face".

Des médecins urgentistes "soulagés"

L'appel au 15 est a déjà été expérimenté pendant certains jours ou nuits à Bergerac quand il n'y avait qu'un seul médecin urgentiste au lieu de deux. Ils ont constaté "20% de passage en moins" la nuit, entre 18h et, 8 heures, explique Mathieu Labat, le directeur de l'hôpital de Bergerac, "ce qui veut dire une meilleure prise en charge et moins d'attente pour les patients qui ont besoin d'être là, les urgences "vraies".

Aux urgences, le docteur Isabelle Hénocque, cheffe de service à Bergerac, raconte que lorsqu'elle a annoncé à un collègue que désormais le tri et l'accueil des patients allaient être gérés toutes les nuits par le 15 : "il a poussé un ouf de soulagementça soulage, parce qu'on est moins parasité par des patients qui ne devraient pas être là et qui peuvent être réorientés autrement. Cela ne veut pas dire qu'ils ne vont pas être pris en charge. C'est juste qu'on leur dit d'aller voir leur médecin le lendemain ou on leur donne un conseil, c'est ce que fait le 15 en fait".

Dans le service, il faudrait 16 personnes à temps complet pour fonctionner normalement. Il n'y a que 9,5 équivalents temps pleins. Il y a quelque temps où ils n'étaient que 5, mais 9,5 ce n'est pas suffisant. "Pour faire les plannings, c'est un vrai casse-tête", explique le docteur Hénocque qui s'inquiète pour les semaines à venir et surtout l'été, "les titulaires viennent en plus, sur leurs jours de congés, les médecins actuels sont épuisés parce que l'équipe n'est pas complète et parfois, on est tout seul la nuit et gérer les urgences la nuit seul, sans la régulation, ce n'est pas possible, ce n'est vraiment pas possible".

Le docteur Hénocque qui constate que depuis plus d'une dizaine d'années, les urgences sont de plus en plus sollicitées car "c'est le dernier recours" et parce qu'il n'y a pas "SOS médecins ici ou suffisamment de médecins généralistes de garde". La cheffe de service espère également que ce nouveau mode de fonctionnement va permettre de recruter de nouveaux médecins urgentistes.

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