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Avec la guerre en Ukraine, Eurenco retrouve la production de poudre et s'agrandit à Bergerac

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Le site de Bergerac est en plein développement avec le conflit en Ukraine. L'entreprise est en train de construire une nouvelle ligne de production et va bientôt récupérer la fabrication de la poudre pour être autonome dans la fabrication des propulseurs d'obus, appelés charges modulaires.

Eurenco va produire à nouveau sa poudre à partir de 2025 et compte fabriquer plus d'un millions de charges modulaires d'ici 2026. Eurenco va produire à nouveau sa poudre à partir de 2025 et compte fabriquer plus d'un millions de charges modulaires d'ici 2026.
Eurenco va produire à nouveau sa poudre à partir de 2025 et compte fabriquer plus d'un millions de charges modulaires d'ici 2026. © Radio France - Charlotte Jousserand

"Les carnets de commande sont pleins jusqu'en 2029", Vincent Delhaes, le directeur du site d'Eurenco à Bergerac, sait qu'il a de quoi faire et que l'on risque de lui en demander encore plus. Eurenco est en train de s'agrandir et de relocaliser pour répondre à ces demandes pressantes. Le groupe est leader en Europe, pour la fabrication de "matières énergétiques".

À Bergerac, elle fabrique des propulseurs d'obus, ces "charges modulaires" dans le langage spécialisé, ce qui permet de les envoyer à plusieurs dizaines de kilomètres. Les soldats en charge jusqu'à six, au maximum pour la portée de l'obus et notamment dans les fameux canons Caesar.

135 hectares au bord de la Dordogne

Le site d'Eurenco à Bergerac est immense, on ne le soupçonne pas lorsqu'on emprunte le boulevard des Poudriers à Bergerac et pourtant. Derrière ces hauts murs, un village industriel s'étend sur 135 hectares au bord de la Dordogne. Depuis quelques années, l'entreprise était dans une période de "creux" et avait été contrainte à l'arrêt pendant plusieurs mois suite à une explosion qui avait fait huit blessés en août 2022.

Le retour de la poudrerie à Bergerac

Mais depuis, et avec le conflit en Ukraine, Eurenco est très sollicitée par les fabricants d'armes, eux-mêmes appelés par les États Européens. Ils fournissent des armes à l'Ukraine dans le conflit qui l'oppose à la Russie et les États ont besoin aussi de reconstituer leurs stocks.

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L'État qui est actionnaire à 100% chez Eurenco a demandé à l'entreprise privée d'être autonome dans la production des charges modulaires et d'avoir tous les composants "sur place" pour ne plus dépendre d'un approvisionnement étranger venu de Suède, d'Allemagne ou encore d'Italie. C'est dans ce sens, que le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé, en mars dernier, la relocalisation de la fabrication de la poudre sur le site de Bergerac.

Une nouvelle ligne de production

Aujourd'hui, un an après, le chantier à 60 millions d'euros est en cours à Bergerac, "à l'endroit même où se trouvaient les anciens sites de fabrication de poudre" avant leur délocalisation en 2007 vers la Suède, indique Vincent Delhaes.

La poudrerie de Bergerac, comme l'appelle encore les Bergeracois, a été créée en 1914 et a fourni la poudre aux soldats de la Première puis de la Seconde Guerre mondiale avant de perdre cette production, transférée en Suède en 2007, "personne n'aurait jamais imaginé ce retour de la poudre, mais le contexte géopolitique et politique a radicalement changé et on doit s'adapter".

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Le retour de cette production est ressenti comme une vraie fierté pour les salariés et notamment pour Pascal Bos, responsable production de l'unité pyrotechnie, "depuis toujours ma famille travaille à la poudrerie, mes oncles, mon frère et moi, c'est une évidence, cela permet de relancer une activité dans laquelle l'on avait de fortes compétences techniques et on voit que l'on n'a pas tout perdu. On va relancer cette activité, et savoir que Bergerac va participer à la souveraineté nationale, c'est quelque chose. Et enfin la poudrerie va redevenir la poudrerie".

1.800 tonnes de poudre par an

Pour recréer une usine de poudre, les engins de chantier sont en train de faire des opérations de terrassement sur des terrains encore recouverts de pelouse. Les permis ont été validés en trois mois et dans moins d'un an, une quinzaine de bâtiments seront construits et opérationnels pour produire "1.800 tonnes de poudre par an", détaille le directeur du site.

Dans le même temps, Eurenco est sur un autre chantier à Bergerac. Il est en train de développer une troisième ligne de fabrication de "charges modulaires", ces propulseurs d'obus. Actuellement, Bergerac en produit 500.000 par an, "l'objectif, c'est de dépasser le million", explique Vincent Delhaes. La ligne est automatisée et fonctionne "7 jours sur 7 et 24 heures pour 24", les bras jaunes articulés découpent les boîtiers et les remplissent, "au grain près", sous la surveillance des salariés. Ce sera la même qui sera construite pour être opérationnelle en 2026.

Une centaine de recrutements chaque année

Eurenco a doublé sa croissance l'an dernier, "on prévoit 500 milliards d'euros de chiffres d'affaires, et on vise le milliard en 2030 pour le groupe", indique le directeur du site à Bergerac.

Eurenco à Bergerac s'agrandit aussi en termes de salariés. Actuellement, 330 personnes travaillent sur Eurenco, et l'entreprise recrute une centaine de personnes par an, des opérateurs, mais aussi des ingénieurs.

Les équipes innovent sans cesse pour accélérer la cadence et pour être autonome. Les ingénieurs ont imaginé une machine en 3D qui permet de remplir les "tubes allumettes", "cela nous permet de ne plus dépendre de sous-traitant et si l'on doit augmenter la capacité de production, on aura juste besoin de doubler les machines", assure Julien Loyer, technicien d'études.

L'entreprise à Bergerac va recruter une centaine de personnes cette année.
L'entreprise à Bergerac va recruter une centaine de personnes cette année. © Radio France - Charlotte Jousserand

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