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A69 : après la tribune des scientifiques, le président PS de la Haute-Garonne en appelle au gouvernement

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Sébastien Vincini, le président socialiste du département de la Haute-Garonne, est aussi l'un des artisans de la Nupes en 2022. Et s'il respecte l'engagement de son prédécesseur sur le dossier de l'autoroute A69, il demande aujourd'hui au gouvernement d'écouter les scientifiques.

Sébastien Vincini n'a jamais caché qu'il n'était pas personnellement favorable à l'autoroute Toulouse-Castres. Mais qu'en tant que président du Conseil départemental de Haute-Garonne, il respecterait les engagements pris par son prédécesseur, Georges Méric. Le Département de la Haute-Garonne est un tout petit financeur du projet, il met sur la table dix fois moins d'argent que le département du Tarn et vingt fois moins que la Région.

Le patron de la Haute-Garonne était l'invité de France Bleu et France 3 Occitanie. Il est aussi revenu sur l'actualité politique de la semaine, marquée par le divorce entamé entre les socialistes et les Insoumis au sein et en dehors de la Nupes.

France Bleu Occitanie : Est-ce la fin de la Nupes ?

Sébastien Vincini : Face aux attentats terribles qui se sont tenus en Israël, face à l'embrasement aujourd'hui du conflit palestinien en Israël, on attendait de la gauche une voix forte à la hauteur du drame qui se déroulait sous nos yeux. Malheureusement, les propos outranciers, les propos qui n'ont pas qualifié ce qui se passait là-bas, c'est-à-dire une attaque terroriste d'un groupe terroriste islamiste, les propos de certains dirigeants comme Jean-Luc Mélenchon, Mathilde Panot ou Danièle Obono ont jeté l'opprobre sur la parole qui aurait dû être forte et à la hauteur de la gauche.

Et alors, est-ce que cela signe la fin de la Nupes selon vous ?

Ces débats, dans le contexte que nous connaissons, je ne suis pas sûr qu'ils soient à la hauteur du moment. La gauche marquée par ces propos là n'a pas été à la hauteur des enjeux et la Nupes a montré ses limites. Je dirai même que les outrances finalement répétées depuis un an de Jean-Luc Mélenchon ont posé un plafond de verre sur la Nupes, sur la gauche qui n'a pas progressé.

Quelle suite alors pour la Nupes ?

Nous avons été très clairs. Nous avons dit que nous n'étions pas d'accord et que nous ne trouvions pas acceptable les propos tenus par quelques dirigeants de LFI, pas tous mais Jean-Luc Mélenchon en particulier. Et nous avons décidé de faire un moratoire sur notre participation à l'intergroupe à l'Assemblée pour nous donner le temps de retravailler à une union de la gauche et des écologistes. Nous considérons encore que c'est la nécessité face aux défis que la gauche doit relever.

Faire une nouvelle alliances sans LFI alors ?

Si elle veut un jour gouverner et être à la hauteur des enjeux, la gauche doit se bâtir sur un socle de valeurs et aussi un fonctionnement démocratique. La gauche est plurielle.

Vous tournerez-vous vers Carole Delga, depuis toujours opposée à la Nupes ?

Je crois que ce n'est pas l'enjeu. Moi, je remets pas du tout en cause ce que nous avons décidé. Je suis même plutôt très fier de ce que nous avons porté parce que ça a levé une espérance et ça répondait à une attente du peuple de gauche. On a aussi le droit de s'interroger comment elle a fonctionné sur le débat des retraites par exemple. Conflictualiser toutes les questions, comme le veut le faire systématiquement Jean-Luc Mélenchon, pose vraiment un plafond de verre sur la gauche. On doit dépasser cela, je veux pas moins de Nupes, je veux plus de Nupes mais mieux de Nupes.

L'actualité du week-end c'est aussi la mobilisation contre l'A69 dans le Tarn voisin. Craignez-vous que cela dérape?

Je ne le crois pas et je ne le souhaite pas. Il y a des oppositions aujourd'hui de plus en plus marquées dans l'opinion et je comprends que des personnes souhaitent se mobiliser. Cette infrastructure, elle a été pensée il y a une trentaine d'années, et je comprends ce qui a amené nos voisins tarnais à porter ce type de projet. Pour autant, aujourd'hui, au regard de la bifurcation écologique et à travers les appels des scientifiques, on a quand même des scientifiques reconnus qui participent au GIEC (Valérie Masson-Delmotte ou Christophe Cassou) et qui qualifient d'aberration scientifique et écologique ce type de projet. Cela nous interpelle. Quand j'ai été élu il y a dix mois, j'ai dit que je ne mettrai pas un centime de plus dans ce projet au regarde de ces impératifs climatiques.

Et la question d'un référendum, y seriez-vous favorable ?

Lorsqu'on décide de ce type d'infrastructure, on ne peut pas nier sciemment les connaissances scientifiques. Ça poserait un problème démocratique. Je crois qu'aujourd'hui, cela revient au gouvernement aujourd'hui de prendre la bonne décision, de reposer peut-être le débat démocratique, s'il met un moratoire ou si il ré-interroge. En tout cas, on ne peut pas nier ce que les scientifiques nous disent au regard de l'impératif du changement climatique.

Dans Mediapart, Olivier Faure le premier secrétaire du parti socialiste (PS) enfonce un peu plus le clou : "Le socialisme s'est longtemps confondu avec le productivisme. Mais ça, c'était avant. Notre projet aujourd'hui, c'est le socialisme écologique [...] Dans le cas présent, le terrain et la science se conjuguent pour demander de renoncer à l'A69." De quoi fracturer un peu plus le PS, la présidente de région Carole Delga fait quant à elle partie des soutiens à cet autoroute.

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