Dix ans d'extrême droite à Hénin-Beaumont : le regard sévère de Marine Tondelier, conseillère municipale d'opposition

Il y a dix ans, le candidat du Front national Steeve Briois était élu maire d'Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais, un ancien bastion de la gauche gangrénée par les affaires. Dix ans plus tard, il se targue d'avoir transformé sa ville et revendique une bonne gestion. Marine Tondelier, secrétaire nationale d'Europe Écologie Les Verts et conseillère municipale d'opposition à Hénin-Beaumont porte quant à elle un regard très sévère sur Steeve Briois et son équipe. Elle dénonce son harcèlement et un opportunisme politique.

"Pour gérer une ville, rien ne vous oblige à humilier vos opposants politiques, qu'ils soient au conseil municipal ou dans la presse, puisqu'ils considèrent que les journalistes sont leurs ennemis, ou dans les employés municipaux, les syndicats ou certaines assos. Rien ne vous oblige à avoir des stratégies de harcèlement, rien ne vous oblige à dénigrer et à manipuler la vérité", reproche Marine Tondelier.

"Dans chaque journal municipal, mois après mois, ça fait dix ans que tous les mois, on raconte n'importe quoi à mon sujet, la dernière nouvelle étant que je n'habiterais pas à Hénin-Beaumont alors que je viens encore de déposer mon fils à l'instant à l'école, que j'habite ici depuis ma naissance", déplore la conseillère municipale d'opposition. "Le maire affiche toujours beaucoup de sérénité en disant que tout va bien, qu'il est le meilleur maire du Nord et du Pas-de-Calais, voire de France, voire du monde. Mais s'il était vraiment le meilleur et s'il était si serein que cela, aurait-il besoin d'utiliser toutes ces méthodes ? Je ne pense pas", souligne-t-elle.

Un "opportunisme politique"

Marine Tondelier estime que le Front national, aujourd'hui Rassemblement national, a remporté la victoire dans un ex-fief de gauche affaibli par les affaires. "On est ici dans une ville dont le maire socialiste, à l'époque, a fini en prison avec 18 chefs d'inculpation. La ville était ruinée, vraiment ruinée. C'étaient les écuries d'Augias. Il y a eu une équipe intérimaire pendant quatre ans qui a fait ce qu'elle pouvait pour redresser. La ville était surveillée par la préfecture. Elle ne pouvait rien dépenser. Les impôts avaient augmenté. C'était le sang, la sueur et les larmes", rappelle la conseillère municipale d'opposition.

"Quand Steeve Briois a pris le pouvoir en 2014, à l'époque, les finances étaient redressées. La chambre régionale des comptes a fait un rapport quelques semaines avant l'élection disant que quelle que soit la personne qui gagne, elle pourra baisser les impôts, réinvestir, etc. C'était un moment opportun politiquement", explique Marine Tondelier.

Arrêté mendicité, arrêté anti-migrants

Marine Tondelier dénonce aussi la politique menée par l'équipe municipale. "On a réussi à bloquer l'arrêté contre la mendicité en ville et arrêté anti-migrants, qui était antirépublicain, xénophobe. Un migrant, vous imaginez bien que ce n'est pas à Hénin-Beaumont qu'il a envie de venir habiter en premier", dit-elle.

La conseillère municipale d'opposition critique aussi certains projets comme la nouvelle piscine qui a entraîné une hausse de 60% du prix du ticket. "La piscine, elle est mieux, mais qui y a accès ? Quand vous avez trois enfants, que vous n'avez pas trop les moyens, est-ce que vous allez payer autant pour la piscine ? Je ne suis pas sûre", regrette-t-elle.

"Ils ont privatisé plein de choses : le funérarium, le crématorium, la crèche, la piscine. Ils hésitent à le faire sur le service jeunesse. Et donc, vous voyez, c'est intéressant parce qu'ils se présentent toujours comme les alliés des plus précaires et tout ça. Et en fait, c'est comme à l'Europe, quand on regarde ce qu'ils font concrètement, c'est quand même des libéraux", conclut l'élue Europe Écologie Les Verts.