"On va encore se fâcher pour une connerie de sanglier" : Groix divisée autour du sort d'une laie et de ses petits

On ne parle que de ça à Groix ces derniers jours. L'histoire de ce sanglier qui, pour fuir une battue à Larmor-Plage le 16 mars dernier, aurait nagé depuis le continent pour se réfugier sur l'île et y mettre bas. Impossible de savoir si l'animal a vraiment parcouru près de neuf kilomètres à la nage pour arriver jusque là, mais une chose est sûre, une laie et ses trois marcassins ont bien été repérés près du bourg. C'est la première fois qu'un sanglier débarque à Groix et l'arrivée fait débat.

C'est la blogueuse de l'île, Anita, 87 ans, qui a lancé les hostilités avec un article consulté plus de 3.000 fois en quatre jours. Dans les commentaires, on s'écharpe : la laie a-t-elle vraiment pu traverser à la nage ? Et surtout, que faire de ces quatre sangliers téméraires, les premiers à poser leurs sabots sur l'île ? Le sujet passionne et divise.

"Déjà un village en campagne, vous imaginez les cancans ? Alors sur une île..., sourit l'octogénaire. On va encore se fâcher pour une connerie de sanglier. Ça prend des proportions.... comme il n'y a pas d'autres informations, il faut bien se mettre quelque chose sous la dent", analyse t-elle. Et le sujet fait causer, confirme la Groisillonne. "Il y a la rivalité chasseurs - non chasseurs, la peur de ce que vont devenir les jardins, et imaginez un sanglier la nuit sur une route ? C'est normal que les gens s'inquiètent, donc c'est normal que les gens parlent", conclut-elle, philosophe.

"Avec ma meilleure amie, on n'est pas d'accord"

Jusqu'à la dispute parfois, constate une habitante. "Même moi, avec ma meilleure amie, on n'est pas d'accord. Moi, j'en ai rien à faire en fait. Mais elle, elle veut absolument protéger la laie avec ses trois petits", soupire-t-elle.  D'autres Groisillons, joints par téléphone, refusent de parler, "c'est trop tendu", répondent-ils. Notre interlocutrice relativise. "Comme d'habitude sur l'île, ça met le feu et puis ça va s'éteindre dans quinze jours, trois semaines."

En attendant, la mairie elle-même est bien embêtée. "Ce matin, nous étions en réunion de bureau et le sujet est arrivé sur le tapis, raconte Gilles Le Ménach. Le maire souhaite qu'on prenne contact avec la sous-préfecture. Ce qu'on aimerait évidemment, c'est que le préfet, en accord avec la fédération de chasse, trouve une solution pour régler ce problème de sanglier qui a dégradé déjà sur le site de Kermoël, le terrain d'une voire de deux personnes".

Chez les chasseurs, le sujet est sensible. "Ca me gonfle", confie l'un d'entre eux, "les gens se mêlent de choses qui ne les regardent pas". Sur le blog d'Anita, le président de la société de chasse de Groix livre sa vision des choses. "Nous avons déjà des problèmes de dégâts de petit gibier sans les sangliers, alors conformément aux directives de notre fédération et des problématiques liés à cette espèce, nous allons en effet essayer de tuer cette laie et ses marcassins", écrit Olivier Pressoir. L'option d'une battue administrative semble en tout cas écartée, au vu du territoire, de l'habitat dispersé et du lancement de la saison touristique, précise le trésorier de l'association de chasseurs, Philippe Chevalier. La sous-préfecture de Lorient n'a pas donné suite à nos sollicitations.