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Tempête Ciaran : cinq mois après, la forêt de Huelgoat panse encore ses plaies

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Cinq mois après le passage de la tempête Ciaran, l'office national des forêts, qui gère les forêts publiques, est toujours à pied d'œuvre pour restaurer la forêt d'Huelgoat, dans le Finistère, qui a particulièrement souffert. Avec deux mots d'ordre : diversité et sécurité.

La parcelle 66 de la forêt domaniale de Huelgoat a particulièrement souffert de la tempête Ciaran. Plus des 2/3 des arbres sont tombés. La parcelle 66 de la forêt domaniale de Huelgoat a particulièrement souffert de la tempête Ciaran. Plus des 2/3 des arbres sont tombés.
La parcelle 66 de la forêt domaniale de Huelgoat a particulièrement souffert de la tempête Ciaran. Plus des 2/3 des arbres sont tombés. © Radio France - Thomas Biet

Les stigmates de tempête Ciaran sont encore bien visibles dans la forêt d'Huelgoat et sur les bords des routes où s'entassent des centaines de troncs. L'office national des forêts, qui gère les forêts domaniales en France (environ 10% des forêts de Bretagne), dresse un premier bilan de ses actions, ce jeudi. L'ouest de la Bretagne a particulièrement souffert sur un axe Douarnenez-Guingamp : jusqu'à 90% des arbres ont été décimés en presqu'ile de Crozon, à Hanvec ou Landevennec.

113.000 mètres cubes à terre

Sur l'ensemble de la région, 113.000 mètres cubes de bois sont tombés à terre dans les forêts publiques. C'est plus que ce que récolte l'ONF en un an habituellement. Un tiers a déjà été vendu, il servira principalement pour fabriquer des palettes pour l'agroalimentaire. Un autre tiers restera sur place, par souci de biodiversité ou parce qu'il est inaccessible.

Les machines des techniciens sont encore à pied d'œuvre sur les parcelles de la forêt d'Huelgoat
Les machines des techniciens sont encore à pied d'œuvre sur les parcelles de la forêt d'Huelgoat © Radio France - Thomas Biet

À Huelgoat, les vents n'ont pas atteint les 200 km/h mais les 150 à 160 km/h enregistrés ont déchiré de larges pans de la mythique forêt. "Le volume de bois à terre est tout même quatre fois moins important que lors de l'ouragan de 1987", explique Pascal Gautier, forestier pour l'ONF à Huelgoat.

Un tiers du bois récolté par l'ONF a déjà été vendu, un autre tiers ne sera pas retiré du milieu
Un tiers du bois récolté par l'ONF a déjà été vendu, un autre tiers ne sera pas retiré du milieu © Radio France - Thomas Biet

Des années de travail avant de retrouver un milieu naturel normal

Il nous emmène sur la parcelle 66, particulièrement touchée. Des arbres ont été déracinés ou décapités. "On voit déjà qu'il y a des petits plants de sapins au sol qui repartent, on peut laisser faire la nature et dans 30 ans, vous avez des sapins bien resserrés partout" explique le forestier.

La stratégie de l'ONF, c'est de laisser faire la nature au maximum tout en lui donnant un coup de pouce pour assurer une diversité. "On va débroussailler par endroits d'ici à 10 à 15 ans pour permettre par exemple à des bouleaux de se développer sans être gêné par la couverture des sapins, explique Julien Prinet, le responsable du service Forêt à l'ONF. On s'autorise aussi sur des petites surfaces à tester des essences méridionales que l'on sait adapter au contexte de sol et au contexte climatique". Car les forestiers réfléchissent au temps long et la tempête est venue accélérer un processus déjà à l'œuvre.

Favoriser la diversité du milieu et introduire de nouvelles essences

Intervenir permet également de jouer sur l'ensemble du massif forestier. "Par rapport aux fougères, par rapport au couvert herbacé parfois très dense et qui empêche en fait le petit arbre de pousser. L'intérêt est aussi d'avoir de grands arbres, des arbres de tailles moyennes et de petits arbres pour assurer une biodiversité maximale" explique Marie Dubois, la directrice de l'ONF en Bretagne.

Entre novembre et décembre, il a fallu parer l'urgence, intervenir aux abords des écoles, prêter main forte. Depuis le début de l'année, les équipes de l'ONF brassent des tonnes et des tonnes de bois dans les parcelles. Avec le printemps et la saison des nidifications et des reproductions, les opérations vont bientôt s'arrêter.

Pour l'heure, les deux tiers des sentiers de la forêt d'Huelgoat ont pu rouvrir. "On fait notre maximum, mais il faut être conscient que le travail à fournir est considérable. Si on n'a pas fini pour la haute saison, on prévoira des itinéraires bis, des déviations".

Le conseiller municipal en charge des espaces verts à la mairie de Huelgoat est confiant pour la saison. "On peut avoir une belle saison, les gens sont compréhensifs et voir cette forêt, ça permet aussi de voir la force de la nature à l'œuvre, explique Gaëtan Peyrebelle. On demande un soutien au Département et à la Région car nous sommes la communauté de communes la plus pauvre de Bretagne". 11.000 euros ont été investis par la collectivité qui espère accueillir 150.000 visiteurs sur la saison.

Cinq équipes vont patrouiller cet été pour éviter les feux de forêts

La vigilance va aussi se porter sur le risque incendie, car la tempête a fait tomber des milliers de tonnes de bois au sol. En cas d'épisode de sécheresse, cela constituera un combustible très important. "Les équipes de l'ONF vont être mobilisés dès le 1ᵉʳ juin avec cinq équipes mobiles en Bretagne qui tourneront avec des pick-up armés de 600 litres d'eau pour être le plus réactif possible" explique Marie Dubois. L'équipe chargée de surveiller les massifs d'Huelgoat sera prépositionnée à Châteaulin. L'autre enjeu à l'automne prochain sera de vérifier qu'il n'y a pas trop d'arbres fragilisés et attaqués par les champignons. "On a aussi une responsabilité sanitaire par rapport aux suites de la tempête".

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