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Crise agricole : "On ne recule pas sur les normes environnementales" assure le ministre de l'agriculture Marc Fesneau

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Alors que le congrès national de la FNSEA se termine à Dunkerque, le ministre de l'agriculture Marc Fesneau était l'invité de France Bleu Nord ce vendredi matin. A notre micro, il revient notamment sur la crise agricole qui traverse le secteur depuis janvier et sur les réponses du gouvernement.

Le ministre de l'agriculture est en visite à Dunkerque et dans le Pas-de-Calais ce vendredi Le ministre de l'agriculture est en visite à Dunkerque et dans le Pas-de-Calais ce vendredi
Le ministre de l'agriculture est en visite à Dunkerque et dans le Pas-de-Calais ce vendredi © Maxppp - Fred Dugit/PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP

Le ministre de l'agriculture est à Dunkerque ce vendredi matin pour clôturer le congrès national de la FNSEA, qui a débuté mardi au Kursaal. En amont de sa prise de parole, Marc Fesneau était l'invité de France Bleu Nord.

France Bleu Nord : Qu'allez vous dire aux congressistes aujourd'hui ? Ils réclament du concret après les mesures annoncées par le gouvernement...

Marc Fesneau : Nous allons leur dire le concret que nous avons sous les yeux, grâce d'ailleurs au travail que nous avons fait ensemble sur la politique agricole commune, avec un certain nombre de simplifications. Au niveau national aussi, des simplifications dans le cadre de la loi qui va être présentée mercredi prochain en Conseil des ministres, et qui sera débattue dès le mois de mai à l'Assemblée nationale. Et puis un certain nombre d'autres mesures concrètes pour faire face parfois aux difficultés conjoncturelles que rencontrent un certain nombre de filières. Je pense à la difficulté de filière bovine. Je pense aux difficultés qui sont liées à la filière viticole. Je pense aux difficultés qui sont rencontrées par la filière bio. Alors évidemment, il y a beaucoup d'impatience parce que je crois qu'il y a des choses qui étaient attendues depuis des années, pour ne pas dire des dizaines d'années. Le sentiment que parfois les choses ne vont pas assez vite. Mais c'est l'occasion de dire ce qui a déjà été fait, ce que nous avons encore à faire et là où il peut y avoir des freins et des difficultés. Leur dire ce qu'il reste encore à faire devant nous.

France Bleu Nord : On parle beaucoup de souveraineté alimentaire. Concrètement, qu'est ce que ça veut dire et comment est ce qu'on peut y parvenir ?

Marc Fesneau : La souveraineté alimentaire, c'est d'abord répondre à l'exigence première qui est celui de nourrir sa propre population. Et il y a un certain nombre de filières sur lesquelles nous n'y sommes pas, du à la baisse de compétitivité. La filière volaille, pour ne citer que cet exemple, la filière viande sur un certain nombre de produits viande bovine, la filière fruits et légumes puisque nous sommes importateurs honnêtes sur à peu près 40 à 50 % de nos productions. Et donc là on a mis en place des plans de souveraineté, pour la filière fruits et légumes, et un autre est posé sur la table sur la filière viande aussi. Parce qu'on a besoin à la fois de restaurer l'image que certains ont voulu dégrader et de donner des perspectives en termes d'investissements pour, permettre à ces filières de se relever. La souveraineté c'est deuxièmement d'être capable de faire face aux défis du temps qui est les défis climatiques. On a besoin d'adapter nos systèmes. Pour certains, de leur donner l'accès à l'eau, en accélérant les processus de construction retenues d'eau. La logique, le bon sens, c'est de stocker dans les périodes où nous en avons beaucoup pour pouvoir l'utiliser dans les périodes où nous n'en avons plus. Puis, le troisième élément de la souveraineté, c'est la capacité à nourrir les autres et en particulier la capacité à nourrir ses voisins européens ou aux frontières méditerranéennes. Parce que la souveraineté alimentaire, c'est au bout la souveraineté tout court. Parce que s'il y a des organisations de marché ou des populations qui ne peuvent pas trouver la nourriture dont ils ont besoin chaque jour, évidemment, c'est un sujet qui vient à nos frontières immédiatement.

France Bleu Nord : Quelle place justement pour les normes environnementales dans ce défi contre le changement climatique. Vous reculez d'une certaine manière dessus ces derniers temps. Comment est ce qu'on peut associer demain agriculture et changement climatique ?

Marc Fesneau : Mais on recule pas. La volonté, c'est à la fois d'assumer la transition, mais si la transition ça aboutit à la disparition de l'agriculture alors on n'aura rien fait sur la question du dérèglement climatique. On a besoin de l'agriculture pour stocker le carbone. On a besoin de l'agriculture pour restaurer la biodiversité. Sauf qu'il faut que l'agriculture trouve aussi ses moyens de vivre et sa compétitivité propre. Sinon on la livre à une concurrence qui la fera disparaître. Donc dans les assouplissements que nous avons provoqués et que nous mettons sur la table, la volonté, c'est toujours de le faire avec une forme de bon sens, de faire en sorte que la simplification, ça ne soit pas pour en rabattre, mais que ce soit juste pour qu'on puisse le faire. Par exemple, sur les haies, on simplifie dans la loi les réglementations sur les haies, c'est pas pour qu'il y ait moins de haies, c'est pas qu'il y ait plus de haies. Mais aujourd'hui telle que la réglementation est posée, ça fait qu'il y a plutôt moins de haies que plus de haies.

France Bleu Nord : La voix de la FNSEA a été quand même très audible lors de ces discussions. Quelle quelle place vous donnez aux autres syndicats, les plus petits ?

Marc Fesneau : La place qui est la leur. C'est à dire que dès qu'on a des propositions, on essaie de les examiner. La FNSEA a fait un certain nombre de propositions. C'est sans doute le syndicat qui en a fait le plus. Il n'empêche que la question du bio, c'était partagée par tous les syndicats. La question de l'accès à l'eau, c'est partagé par un certain nombre de syndicats. La question de la simplification, en tout cas sur les volets administratifs et des procédures, c'était partagé par tous les syndicats. La question de l'assouplissement sur un plan national loup, c'était partagé par tous les syndicats. Donc on a pris en compte un certain nombre de choses. Mais la FNSEA avait fait un certain nombre de propositions structurées. Pourquoi nous priverions nous d'organisations syndicales qui veulent nous faire des propositions et le font en responsabilité, dans une logique aussi où on sait qu'on peut avoir des contraintes européennes ou des contraintes nationales.

France Bleu Nord : Quelles solutions avez vous pour les endiviers, qui sont à 90% installés dans les Hauts-de France et qui ne pourront plus utiliser de pesticides d'ici à 2025 ,et qui font aussi face à des coups d'électricité très importants sur l'électricité ?

Marc Fesneau : Sur l'électricité, on y avait travaillé l'an dernier. Sur la question de l'impasse technique liée à l'interdiction des pesticides, il faut d'abord rappeler que c'est une interdiction européenne, donc ça n'est pas une surtransposition française. On poursuit cette année pour 2024, entre guillemets, nous sommes tranquilles. Évidemment, nous ne sommes pas tranquilles pour 2025 et il faut qu'on se projette dès à présent sur 2025. Il y a des éléments de recherche qui sont sur la table. On les pousse cette année pour regarder quelles sont les molécules qui pourraient être utilisées, pour permettre de lever cette contrainte d'une réelle impasse technique. La disparition de ce produit est une réelle technique et donc on y travaille d'arrache pied avec des équipes du ministère et avec des équipes techniques de cette filière.

France Bleu Nord : Concernant les inondations dans le Pas-de-Calais. Où en sont les aides pour les agriculteurs qui ont été touchés ces derniers mois.

Marc Fesneau : On avait réservé une enveloppe de 15 millions d'euros pour ces agriculteurs effectivement touchés. A date, on a payé 7,5 millions d'euros, donc on a été assez vite sur cette question là et on va continuer à déployer les choses. C'est à peu près 500 dossiers qui ont été payés pour faire face dans ce fonds d'urgence aux besoins des agriculteurs. Et puis, après les systèmes d'assurance, l'État de catastrophe naturelle qui prend le relais. Mais là, c'était d'abord pour payer en urgence ceux qui sont obligés de déplacer leur troupeau ont besoin de nourrir leur troupeau et  qui n'avaient pas de trésorerie devant eux. Donc, c'est un fonds qui se déploie dans de bonnes conditions. Ça a été ouvert avant Noël sur ce volet là et je trouve qu'on a plutôt bien œuvré collectivement pour faire en sorte que les choses puissent se faire.

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