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Entretien avec Samir Bellahcène : "À Kiel, j'ai compris ce que c'est d'être un vrai professionnel"

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Avant sa venue à Montpellier mercredi 24 avril pour affronter le MHB son club formateur avec son club actuel de Kiel en 1/4 de finale de Ligue des Champions, le gardien international Samir Bellahcene s'est confié à France Bleu Hérault : le match chez lui, sa vie à Kiel et l'Equipe de France.

Samir Bellahcene de retour à Montpellier mais dans les buts de Kiel Samir Bellahcene de retour à Montpellier mais dans les buts de Kiel
Samir Bellahcene de retour à Montpellier mais dans les buts de Kiel © Maxppp - Marcel von Fehrn

Vous en rêviez de ce match face à Montpellier ?

Samir Bellahcene : Forcément oui, parce que jouer à la maison, c'est quelque chose d'exceptionnel. J'étais un peu un peu dégoûté de ne pas avoir pu participer au Trophée de Continents avec l'Equipe de France à Montpellier il y a un mois.  J'étais blessé. Ca m'a mis un coup. J'aurais vraiment voulu jouer avec l'équipe de France à l'aréna, chez moi, devant ma famille et mes amis.

Mais bon, au final ce sera avec mon club de Kiel. Après, je ne sais pas si c'était le meilleur tirage. On connaissait Zagreb déjà, on avait gagné deux fois, donc peut être qu'on aurait mieux aimé jouer Zagreb. Mais voilà, on va jouer contre  Montpellier.  Moi je suis content de rentrer parce que je sais que je serai bien entouré au FDI Stadium..

Le FDI stadium qui va être plein à craquer

Samir Bellahcene : oui, je sais, d'ailleurs dès que je l'ai su, j'ai pris pas mal de tickets de mon côté. Je remercie le club d'ailleurs.

Mais du coup, c'est du plaisir ou ça met la pression ?

Samir Bellahcene:  Non, franchement, c'est du kif, c'est du kif, purement du kif. Je n'ai aucune pression, Je suis très content d'une part parce que je vais jouer un grand match face à des copains, des gens que je connais devant ma famille et d'autre part parce que c'est un quart de finale de Ligue des Champions. Et c'est le plus loin où je suis allé dans cette compétition, avec le rôle que j'ai maintenant, j'étais avec le MHB contre Flensbourg, ma dernière année ou l'avant dernière année mais j'étais troisième gardien.

Là j'y vais pour avoir un rôle à part entière. Et puis c'est la Ligue des Champions. C'est la plus belle compétition en club. Et donc à l'issue de ces deux matches un ticket pour le final four à Cologne, donc, ce sont des matchs à pression, certes, mais pour moi, je le prends qu'avec du kif comme tout, comme j'ai pris toute cette année qui s'est écoulée.

Montpellier et Kiel ont des parcours qui ressemblent cette saison. Des difficultés en championnat, vous êtes que quatrième, ça veut dire que Kiel ne disputera pas la Ligue des champions l'année prochaine ce qui sera certainement le cas pour Montpellier. En revanche, vous avez fini premier de la  poule en Ligue des champions. Le président du MHB Julien Deljarry a dit que c'est peut être la meilleure année pour Montpellier d'affronter Kiel.

Samir Bellahcene : Je ne sais pas. On verra après. C'est vrai cette année, on a eu deux visages, le visage en Bundesliga. Après moi, j'ai découvert ce championnat et je trouve que c'est très compliqué. Il y a beaucoup, beaucoup de grosses équipes, même armées comme on est, au final, on voit que devant nous, ce sont des équipes avec des effectifs hors normes tout comme le nôtre. Magdeburg, Flensburg et c'est Berlin qu'on attendait pas vraiment qui joue le titre. Il y a beaucoup de moyens ici en Bundesliga. On peut perdre ou faire match nul chez le 11e.

"C'est rare de voir autant de concurrence dans un championnat"

Ça veut dire que le club mise quasiment tout sur la Ligue des champions

Samir Bellahcene : C'est pas un secret, on gagnera pas la Bundesliga. On n'a pas gagné la Coupe d'Allemagne, on a gagné la Supercoupe en début de saison mais Kiel est un club qui chaque année gagne un titre au minimum. Et donc la seule possibilité qu'il nous reste de gagner un titre, c'est cette Ligue des Champions. Donc forcément qu'on joue pour gagner ce titre.

Est ce qu'on se méfie quand même de Montpellier ? On a vu que Montpellier était capable d'aller battre  Barcelone par exemple.

Samir Bellahcene : Mais bien sûr. En tout cas, de notre côté, on le prend pas à la légère. Peut être que sur le papier, on a plus de rotations, mais moi et pas que moi, tout le monde le sait que ça va être très compliqué, surtout à Montpellier. Et j'aurais préféré peut être jouer à l'Aréna, parce que je sais que Bougnol  (FDI stadium) c'est un chaudron. Et j'ai bien prévenu mes coéquipiers qui ne le connaissent pas.

"Montpellier est une grande équipe européenne avec deux titres de champion"

Vous avez quand même l'avantage de jouer le match retour chez vous

Samir Bellahcene : Bien sûr, c'est ce qu'on a pu aller chercher avec notre première place, mais on va quand même tout donner sur ce match aller pour essayer d'être le moins en danger possible en match retour. C'est pas un match facile. Et comme vous l'avez dit justement, il y a le Montpellier de Ligue des Champions et le Montpellier du championnat. On a pu le voir contre Zagreb la victoire à Barcelone.et même contre Vesprem même s'ils ont perdu. Montpellier, c'est une grande équipe européenne qui a deux Ligues des champions, une très récemment. On les prend pas à la légère du tout.

Samir on va revenir sur cette saison incroyable pour vous, quand vous regardez en arrière , vous dites : ah oui quand même.

Samir Bellahcene :Très récemment, j'ai fait un peu le point. J'en avais besoin. On a eu quand même un mois entre guillemets, tranquille, avec un match par semaine, donc ça permet de se poser un peu avec moins de déplacements. J'ai pu faire le point, me recentrer un peu. Et ouais, c'était fou, Un début de saison à Dunkerque, Kiel et l'Equipe de France, surtout avec ce titre de champion d'Europe. Mais non, franchement, c'était une année, elle n'est pas finie.... c'est d'ailleurs ce que j'espère qu'elle sera le plus longue possible cette année et j'espère pour la première fois ne pas avoir de vacances d'été.

C'est sûr, c'est la plus belle année de ma carrière. Je suis très fier de ce qui s'est passé. Ce sera l'année prochaine qu'il va falloir confirmer. Maintenant, le plus dur reste à faire. C'est bateau ce que je dis , mais c'est vrai.

"C'est un club où on s'entraine beaucoup, tout le temps"

Vous rêviez de jouer en Allemagne et à Kiel, maintenant que vous y êtes qu'est ce que ca change, est ce qu'on appréhende le handball différemment ?

Samir Bellahcene : Exactement. Tout a changé, personnellement, j'ai changé du tout au tout, que ce soit physiquement, que ça soit mentalement, tout est lié. Ça a été une année de gros changement pour moi. J'ai enfin, on va dire, compris ce que c'était d'être un sportif professionnel parce que tu ne peux pas l'être plus qu'ici. Si tu ne l'es pas, tu réussiras pas.

C'est à dire ? C'est une discipline de vie différente ?

Samir Bellahcene : C'est une discipline de vie différente parce qu'avec deux matches par semaine, tu ne peux plus te permettre certaines choses, tu es toujours toujours sous tension. On a très peu de repos, on s'entraîne beaucoup, je ne crois pas  qu'il y ait des clubs où ça s'entraîne plus dur. Quand j'en parle avec les gens autour de moi et les joueurs en équipe de France, ils disent ici, quand tu joues quatre ans ici, c'est comme si t'en avais fait huit tellement c'est usant. Et en vrai, j'en ai fait une et sincèrement, j'ai l'impression d'avoir fait le tour du monde.

C'est usant mais je suis content, franchement, Il y a tout qui change dans la manière de s'entraîner, là, la façon d'aborder les matchs. Quand je jouais un match par semaine avec Dunkerque, si j'avais une mauvaise passe sur un match, ça me prenait la tête pendant une semaine. Ici t'as pas le temps, si tu commences à te miner la tête, ta saison, elle sera ratée. Donc ça a été vraiment un grand progrès pour moi et ça m'a permis, je pense aussi de pouvoir intégrer l'équipe de France pleinement.

Il y a l'équipe mais il y a la ville aussi pas déçu ?

Samir Bellahcene : Non, j'ai aussi cette chance. C'est que Kiel ressemble beaucoup à Dunkerque dans la vie, le style de vie, vu que c'est une ville portuaire comme Dunkerque, mais plus grande. Mais c'est exactement la même situation géographique avec le Danemark à côté, à Dunkerque, j'avais la Belgique, je suis à quarante minutes de Hambourg. A Dunkerque c'était Lille. Avec l'aéroport d'Hambourg, je peux rentrer à Montpellier dès que j'ai du repos . Non, franchement, c'est dans la continuité.

On sent que vous êtes un homme heureux.

Samir Bellahcene : Ah oui, je suis très heureux. Je ne peux pas être plus heureux qu'actuellement.  C'est une nouvelle vie et je commence à bien la maîtriser on va dire. J'étais agréablement surpris justement en arrivant à Kiel parce que j'avais un peu cette appréhension avec ce collectif entre guillemets de superstars. Je me suis dit bon, ça va être un peu compliqué, chacun a son ego, alors que pas du tout. J'ai des coéquipiers vraiment géniaux et on a une super équipe et un super esprit d'équipe. Et c'est ce qui fait aussi que malgré peut être ces difficultés en championnat, on arrive quand même à performer, à se relever à chaque fois en Ligue des Champions ou le match d'après en Bundesliga. Mais maintenant, je suis très content de l'environnement, que ce soit sportif ou la vie ici, c'est génial.

"Je ne peux pas être plus heureux qu'actuellement"

Samir et l'Equipe de France, après le titre européen auquel vous avez participez, du coup vous avez forcement envie de faire les JO de Paris ?

Samir Bellahcene : bien sûr, comme tout sportif français, j'ai envie d'y aller. J'espère y être. Peu importe mon rôle, j'espère, Je vais tout faire pour y aller en tout cas. Et voilà, c'est à Paris, c'est à la maison. Il y a un an, je n'aurais jamais cru pouvoir y prétendre, même en ayant fait ce stage en avril l'année dernière. Pour moi, c'est un stage de découverte où j'y allais sur la pointe des pieds. Et puis il s'est passé tellement de choses entre temps,  maintenant je peux rêver d'y aller donc. J'espère que je pourrais y prendre part après si je n'y suis pas ......C'est comme ça, c'est le sport mais moi mon objectif c'est de perdurer en équipe de France, donc si ça n'est pas cette année, ce sera j'espère pour dans quatre ans. Mais en tout cas, là, je vais tout donner pour y aller, bien sûr.

Et vous êtes en concurrence avec les deux gardiens de Montpellier ? Ça veut donc dire qu'au Stadium, il  va y avoir aussi quelque part de cette concurrence pendant le match.

Samir Bellahcene : Pas forcément. Est ce que  c'est ce match là qui va jouer? Charles ( Bolzinger) je le connaissais un peu, mais j'ai appris à découvrir Rémi (Desbonnet)  que je connaissais pas trop. J'ai vraiment passé un super mois de janvier avec tous les deux. C'était un trio qui a super bien marché, que ce soit dans les préparations de match, que ce soit à l'entraînement, dans la vie de tous les jours. Donc, il y a la concurrence qu'il y aura sur le terrain, mais en dehors, ce sont des gens que j'apprécie vraiment.

Le MHB reçoit Kiel ce mercredi 24 avril à 20h45 au FDI Stadium

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