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Mort d'Alaïs à Montpellier : un huis clos terrifiant et ultra violent

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Journée terrible pour les proches d'Alaïs aux assises de l'Hérault. Mardi, le légiste puis un témoin ont rendu compte des violences inouïes subies par la jeune femme, morte sous les coups en février 2020 à Montpellier. Agressée pour de l'argent par un proxénète avec qui elle avait pris ses distances

C'est au 16 rue Aristide Ollivier que le sort d'Alaïs a été scellé C'est au 16 rue Aristide Ollivier que le sort d'Alaïs a été scellé
C'est au 16 rue Aristide Ollivier que le sort d'Alaïs a été scellé - Google Maps

Le contraste est frappant. À la barre de la cour d'assises de l'Hérault, Sofiane M. raconte d'une voix calme et presque douce une scène d'une violence inouïe, qui remonte au soir du 9 février 2020 à Montpellier. Il se trouvait chez Alaïs Ragot, une connaissance, dans un petit duplex que la jeune prostituée louait sur Airbnb, près de la gare Saint-Roch, pour recevoir ses clients. Ce soir-là justement, il attendra que l'un d'eux reparte pour sortir de la salle de bain où il était caché.

Huis clos dans 30 m²

Mais le client est forcé de rester par deux individus cagoulés qui font irruption. L'un d'eux, Quentin Robert, proxénète qui s'est pendu en prison le 16 mars, parait très excité. L'autre, Driss N., exhibe un pistolet pour tenir en respect Sofiane M. et le second témoin, tous deux obligés de s'asseoir sur le canapé.

"Alaïs était joyeuse, à l'écoute, très courageuse" selon Sofiane M.

Quentin Robert ne cesse de demander l'argent à Alaïs Ragot. Cette dernière s'est affranchie de son proxénète alors, pour lui faire payer, il exige 10.000 euros. Elle a beau répéter qu'elle n'a rien, il continue de demander. Tout en la frappant, "de plus en plus fort" se souvient Sofiane M. La jeune femme le supplie d'arrêter mais il n'en démord pas.

Elle lui propose les 300 ou 400 euros qu'elle a dans son sac, ce qui a le don de "rendre fou" son agresseur. Sa violence  n'a plus de limites, il lui donne alors des coups de couteau. "Comment se fait-il que personne ne soit intervenu alors qu'une jeune femme était en train de se faire massacrer ?" s'indigne Sylvie Gossent, la présidente de la cour. "On était sous le choc" se justifie Sofiane M., "et le pistolet était à un mètre de ma tête".

Une violence sans limites

Il reconnait avoir détourné le regard, quelques instants, pour ne plus avoir à assister à cette barbarie, mais une scène en particulier reste gravée dans sa mémoire. C'est le moment où Quentin Robert saute à pieds joints, plusieurs fois, sur la tête d'Alaïs Ragot qui est au sol. "La scène, je la vis tous les soirs, j'en fais des cauchemars" confie le jeune homme de 24 ans.

Driss N., ceinture alors le fou furieux et le tire vers la sortie mais il est déjà trop tard. Après avoir été alertés, les pompiers notent que la jeune femme est à l'agonie. Quant au médecin-légiste qui a déposé mardi matin devant les jurés, il s'est excusé pour sa macabre "litanie" : trois quart d'heure pour énumérer "les lésions multiples et innombrables" d'une jeune femme devenue méconnaissable.

Au terme de cette journée plus qu'éprouvante, notamment pour les proches de la victime, Sofiane M. et la sœur d'Alaïs se sont retrouvés sur les marches du palais et ils sont tombés dans les bras l'un de l'autre, en pleurs.

Ce même Sofiane avait-il pour fonction de "protéger" Alaïs et ses deux amies, prostituées elles-aussi, qui logeaient à deux pas de chez elle ? Il maintient que non malgré une condamnation pour proxénétisme aggravé dans un autre volet de cette affaire qui impliquait les trois mêmes filles. Toujours est-il qu'elles le présentaient comme leur "ami", la "quatrième copine" de la bande selon l'une d'elle.

Deux accusés comparaissent pour complicité

Aux côtés de Driss N., Priscillia H., est également jugée pour complicité d'extorsion avec violences ayant entrainé la mort. Elle ne se trouvait pas dans l'appartement, mais attendait dans la voiture pour ramener Quentin et Driss à Béziers où ils se sont partagés le "butin" : 400 euros environ, deux montres et deux téléphones portables.

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