Passer au contenu

Mort d'Alaïs à Montpellier : le témoignage poignant et d'une dignité rare du grand-père

Par

Journée forte en émotions aux assises de l'Hérault. Deux personnes sont jugées suite au décès d'Alaïs, morte à 18 ans sous les coups d'un proxénète avec qui elle avait pris ses distances en février 2020 à Montpellier. Ce jeudi, les proches de la victime, dont le grand-père, sont passés à la barre.

Les grands-parents avec une photo d'Alaïs Les grands-parents avec une photo d'Alaïs
Les grands-parents avec une photo d'Alaïs © Radio France - Salah Hamdaoui

Jacques, 76 ans, a confectionné le patchwork de photos qui apparait sur les grands écrans plats de la cour d'assises de l'Hérault. Plusieurs photos d'Alaïs à différentes époques de sa courte vie. À la barre, la voix claire et posée, il commence par se présenter : "Je suis le grand-père de 13 petits-enfants". Rien à voir avec une quelconque superstition, "13 parce qu'Alaïs est toujours parmi nous".

Que la justice répare l'injustice

Cela n'empêche pas qu'aujourd'hui, **la famille est "dévastée", "brisée", "traumatisée" par "la barbarie d'un trio diabolique" (le principal accusé n'a pas pu être jugé puisqu'il s'est pendu en prison, une dizaine de jours avant le procès - ndlr) qui lui a pris "sa vie et ses espoirs".

Pour autant, Jacques tient à partager avec les jurés les moments de bonheur. Il y a la grande voiture, achetée il y a 25 ans, pour transporter cousins et cousines, "une joyeuse bande" dont il entend encore "les rires et les chamailleries". Cette voiture, il la possède toujours, précieux souvenir d'une "vie heureuse". La trottinette d'Alaïs également est conservée avec soin, "elle rouille, mais on l'a toujours".

"On ne veut garder que les souvenirs heureux"

Ce n'est ni "la vengeance", ni "la haine" qui animent le grand-père car il préfère "l'amour et la bienveillance" mais il tient tout de même à ce que la cour garde à l'esprit qu'Alaïs "n'aura jamais de deuxième ou de troisième chance". Alors, "il faut que la justice répare l'injustice".

Son épouse Marie, petit bout de femme de 70 ans, refuse catégoriquement la chaise qui lui est proposée. L'ancienne infirmière en réanimation, qui doit s'appuyer sur une béquille pour se déplacer, est déterminée à rester debout pour témoigner. "Moi j'ai vécu, elle n'a pas vécu. Je suis malheureuse, notre vie n'est plus la même". Au terme d'une semaine procès persiste une image insupportable de sa petite-fille : "On lui a sauté à pieds joints sur la tête".

Une vie qui bascule après un viol

La mère d'Alaïs demande également justice pour son enfant "morte pour des sous". Elle n'est que douleur, colère et tristesse en évoquant le terrible passé de sa fille. Violée à l'âge de 13 ans, point de bascule dans la vie d'une adolescente entrainée dans une spirale mortifère : tentatives de suicide, hôpitaux psychiatriques, fugues à répétition.

Pourtant, malgré toutes "les difficultés et les épreuves qu'elle a traversées", elle a toujours été là pour sa petite sœur, de trois ans sa cadette. Marylou aimerait que les jurés retiennent cela d'Alaïs. Et pour conclure, elle fait ce terrible constat : "Je vais sur mes 20 ans et j'ai déjà vécu plus longtemps que ma grande sœur. C'est pas normal".

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

undefined