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Violences conjugales : elle écope de 15 mois de prison avec sursis pour avoir donné un coup de couteau à son compagnon

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Une mère de famille de 30 ans installée depuis peu à Perpignan a été condamnée ce vendredi par le tribunal correctionnel de Béziers à 15 mois de prison avec sursis pour violences conjugales avec arme. Le tribunal judiciaire est allé au-delà des réquisitions du ministère public.

Illustration hommes battus Illustration hommes battus
Illustration hommes battus © AFP - Philippe BRUCHOT

Il n'est pas rare que le tribunal correctionnel de Béziers ait malheureusement à juger des violences conjugales. Il n'est cependant pas courant que la victime soit un homme. Sébastien est bien embarrassé de se retrouver ce vendredi du côté des parties civiles. D'autant que depuis ces violences survenues en début d'année 2024 à Béziers, il a accepté de se mettre en ménage avec Alice à Perpignan (Pyrénées-Orientales).

C'est elle qui se retrouve à la barre pour violences avec arme et en état d'ivresse. La jeune femme âgée de 30 ans, qui a elle-même, été victime de violences conjugales de son premier compagnon vivait seule avec ses enfants de 10 et 5 ans issus de deux unions précédentes.

Ce 18 janvier, peu avant 21h, une dispute a éclate. “Sébastien n'arrêtait pas de me reprocher ma manière d'éduquer mes enfants. Ça m'insupporte. Il me disait que j'étais une mauvaise mère" affirme Alice. Elle a fait le choix de se défendre seule, sans avocat, sous-estimant les risques encourus. "Je lui ai dit d'arrêter de me critiquer. Il continuait. J'ai eu l'impression d'être harcelée. Je lui ai demandé de quitter la maison, de rentrer chez lui. Il ne voulait rien savoir. Alors, oui j'ai eu peur qu'il s'emporte".

"Je suis plutôt colérique, c'est vrai. Je m'emporte facilement"

C'est alors qu'elle lui donne une giffle. Il réplique de la même manière. Elle entre dans une colère noire. La prévenue qui était ivre ce soir-là, saisit un couteau, le menace. Ce dernier finit par lui envoyer une chaise pour se protéger. Elle le touche et le blesse à une arcade sourcilière (quatre points de suture). Et comme si cela ne suffisait pas, elle enchaine par des coups de pied tout en mordant sa victime.

La gifle reçue la replonge dans son passé

Son fils de 10 ans qui était présent écarte le couteau, cache une paire ciseaux qui se trouvait à proximité, avant d'alerter les voisins.

"Je ne sais pas ce qui m'a pris, explique Alice. J'ai eu peur de revivre ce que j'avais vécu dans le passé. La gifle a réveillé de lointain souvenir. Sébastien n'est pas violent. On se dispute souvent, toujours pour les mêmes raisons, par rapport à mes enfants. Mais, c'est quelqu'un de très gentil et forcément j'ai été  surprise de sa réaction. Il ne s'occupe pas de mes enfants, mais il est bienveillant avec eux".

"Pourquoi ne pas avoir porté plainte pour harcèlement ?" insiste Nadège Larochette, la présidente d'audience. Alice n'a pas de mots. "D'après vous, quel regard votre enfant a sur vous ? Il explique vous avoir vu boire toute la journée. C'est lui-même qui a vidé une partie de la bouteille dans l'évier. Ce n'est pas à votre fils de vérifier votre consommation d'alcool".

Le couple s'était rencontré deux ans plus tôt

Cette assistante vétérinaire sans emploi, a enchaîné les dépressions depuis son agression par le père de son fils. "J'ai tenté d'arrêter l'alcool, mais je me suis découverte une addiction aux médicaments, alors j'ai repris l'alcool. Alice est connue de la justice, trois condamnations pour diffamation, vol avec armes et non présentation d'enfants.

À la barre, la prévenue, à la limite de l'insolence, a bien du mal à reconnaître sa violence. "Mais comment allez-vous faire avec votre compagnon si vous continuez ainsi" rajoute Nadège Larochette. "Nous avons mis les choses au clair avant d'aménager ensemble. Cela ne se reproduira pas".

"Nous avons vraiment l'impression que vous minimisez les choses l'un et l'autre" s'inquiète la présidente. Le compagnon d'Alice ne s'est pas constitué partie civile et ne souhaite pas s'exprimer. Il n'a pas porté plainte. "J'ai quand même une question à vous poser.  Quels sont vos projets de couple ?"

"Cela dépend d'elle, dit Sébastien. "Nous avons des disputes régulières, mais pas comme en janvier. Nous avons des sentiments l'un pour l'autre. Aujourd'hui, nous souhaitons passer à autre chose".

"L'audition de votre fils m'a interpellé, dit le parquet. C'est lui qui joue le rôle du protecteur. C'est lui qui alerte sa grand-mère et la police municipale. C'est lui qui vide la bouteille d'alcool dans l'évier, et c'est lui encore qui pousse les ciseaux par crainte que vous les preniez. C'est lui qui joue le rôle d'adulte. Cela me gêne. Vous minimisez la gravité des faits. Votre seule réponse, c'est la faute des autres. Je ne remets pas en cause les violences conjugales que vous avez subies. J'espère seulement qu'à la sortie de cette audience, vous suivrez des soins nécessaires pour éviter que cela ne se reproduise. J'espère sincèrement, que c'est la dernière fois que la justice vous voit ici" insiste Julie Schmitt.

Le ministère public réclame 12 mois de prison assorti d'un sursis probatoire pendant deux ans. "Il est important que vous compreniez votre comportement. Si vous n'aviez pas repris une vie de couple avec Sébastien, j'aurais demandé une interdiction de contact entre vous et lui".

Le tribunal ira au-delà du réquisitoire du ministère public et condamne Alice à 15 mois de prison avec sursis, une obligation de se soigner, de réaliser un stage de prévention des violences intrafamiliales et l'interdiction de détenir une arme pendant cinq ans.

"Vous reconnaissez les faits conclut la présidente du tribunal, mais notre difficulté, c'est votre positionnement, par rapport aux faits. Vous avez pris un couteau pour blesser votre compagnon en présence de votre fils. C'est grave. Il est important que vous régliez vos problèmes d'alcool, qu'il y ait un suivi psychologique. Vous êtes la seule référence pour vos enfants. Et ce stage est nécessaire car les disputes, les violences, c'est destructeur pour votre couple, pour vos enfants.*** Il est important que vous en preniez conscience".*

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