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Un boulanger violenté et retenu pendant deux heures alors qu'il se rendait au travail à Capestang

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Six ans et 18 mois de prison ont été prononcés ce vendredi 12 mai contre deux jeunes poursuivis devant le tribunal de Béziers pour avoir agressé ce mardi un boulanger. La victime qui se rendait à son travail, s’est arrêtée en pleine nuit à Montady pensant que ses agresseurs avaient des difficultés.

Tribunal Béziers Tribunal Béziers
Tribunal Béziers © Radio France - Stéfane Pocher

Qui n'a jamais entendu dire d'un automobiliste son refus de ramasser des auto-stoppeurs par crainte d’être agressé ? C’est une réalité à ne pas cacher, mais heureusement, ce n’est pas monnaie courante. Pourtant, c’est ce que Thibault a vécu ce mardi un peu avant trois heures du matin, alors qu'il allait travailler à Capestang (Hérault). Il pensait bien faire et rendre service.

Ce boulanger de 23 ans, installé à Béziers a été violenté par trois jeunes dont un mineur, munis d’un couteau. La victime s’est arrêtée sur son chemin au niveau de Montady, persuadée que ses agresseurs étaient tombés en panne. 
"J'ai aperçu sur le bord de la route, trois silhouettes me faire de grands gestes. Bon samaritain que je suis, je me suis arrêté pensant qu'ils étaient en panne, qu'ils avaient des difficultés. Mais aussitôt, l’un d’eux a ouvert ma portière de la voiture et m'a mis un couteau sur les côtes" confie ce jeune originaire de Nancy.

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Deux d’entre eux, âgés de 20 et 25 ans, comparaissaient ce vendredi devant le tribunal correctionnel de Béziers pour vol avec violence en réunion ayant entraîné une incapacité totale de travail n'excédant pas huit jours. Le plus jeune est déjà bien connu de la justice pour violences et dégradation. Il encourait 20 ans de prison en tant que récidiviste. L’autre, de nationalité espagnole, est inconnu des autorités. Leur complice (qui est mineur) s’expliquera à une date ultérieure devant le tribunal pour enfants.

L'adresse de la victime identifiée grâce à la carte grise

Les prévenus ont contraint leur victime qui était seule à bord, à les transporter jusqu’à Capestang. Arrivés sur place, ces derniers, qui avaient bu (en petite quantité), espéraient lui dérober sa voiture, une Peugeot 307. Mais en vain. "J’ai résisté" confie Thibault à France Bleu Hérault. "Ce n'est pas la plus belle des voitures, mais j’y tiens. J'en ai besoin pour aller travailler tous les matins. Je n'ai que ça. Je ne pouvais pas la laisser". Les assaillants décident alors de retourner à Béziers et d’aller à son domicile. L'adresse de la victime avait été identifiée grâce à la carte grise du véhicule.

"Je vais te découper, te tuer, on va t'enfermer dans le coffre"

"Je sentais que j'allais m'en prendre une, si je ne faisais pas ce qu'ils me demandaient". Des menaces de mort répétées avec un couteau sur le corps. Je sentais le bout de la lame. Le plus violent me disait, je vais te découper, te tuer. On va t'enfermer dans le coffre ". L'un des trois, porteur du couteau était le plus menaçant.

Un maigre butin, mais une victime choquée

À leur retour à Béziers, les agresseurs décident de fouiller son appartement alors que son ami (et colocataire) dort dans une chambre. Heureusement, ce dernier réussit à quitter la pièce pour appeler la police nationale. Les agresseurs sont ensuite arrêtés par les forces de l'ordre en possession de trois consoles de jeux, gants de moto, et cigarette électronique.

Cette sortie nocturne intrigue la présidente Nadège Larochette : "Mais que faisiez-vous dehors à une heure si tardive avec un couteau". Les réponses sont évasives, et ont bien du mal à convaincre. "On avait juste envie de prendre l'air, de marcher. Rien n'avait été prémédité. Nous n'avions aucune intention" précise le plus impliqué des deux suspects, âgés de 20 ans, déjà bien connu de la justice. Son casier judiciaire mentionne cinq mentions pour vols aggravés, dégradation. Ce père de famille sortait à peine de prison (en janvier 2023).

"Cette affaire est abjecte" - Ministère public

Le parquet Béziers ne mâche pas ses mots face à une telle violence. "Cette affaire est abjecte" déplore David Durand le substitut du procureur de Béziers. "La victime s'est arrêtée comme tout bon citoyen pour aider des personnes qu'elle pensait être en difficulté. Personne ne s'arrête aujourd'hui par peur d'être agressé. Lui, il s'est arrêté et ensuite, il a subi des violences sans un mot parce qu'il ne voulait pas laisser sa voiture. C'était sa seule possibilité pour aller travailler. Il a été un bon samaritain pour vous ramasser si tard dans la nuit. Et plutôt que de le remercier, pendant deux heures, il a subi des menaces avec une arme, des violences morales avec prise de photo de la carte grise pour récupérer son adresse".

Aucun des prévenus ne présente ses excuses

"Psychologiquement, c'est vraiment dur" explique Thibault. "Il ne se passe pas un jour sans que je ne repense à cette agression. Ils étaient vraiment déterminés à avoir de l'argent que je n'avais pas. J'ai vraiment cru qu'il allait me planter. Si Alan n'avait pas réussi à fuir, comment se serait terminée la soirée ?".

Dans son jugement, le tribunal va au-delà des réquisitions et condamne le plus jeune des deux à 6 ans de prison ferme avec maintien en détention. 18 mois de prison ferme sont prononcés contre son complice qui semble avoir été embarqué dans une salle histoire. Ils ont interdiction tous les deux, de séjourner à Béziers, Montady et Capestang pour une durée de cinq ans.

"J'espère que vous vous rendez-vous compte du mal que vous avez fait" conclut la présidente de l'audience Nadège Larochette. "Les faits sont graves. La victime a vécu un véritable cauchemar, comme vous ne l'imaginez pas. Elle a eu un acte citoyen en s'arrêtant, car elle pensait vraiment que vous étiez en difficulté. Vous n'avez rien trouvé de mieux que de l'agresser avec un couteau dans sa voiture et à son domicile. Deux heures de calvaire."

Thibault, très choqué et qui a eu le courage d'affronter ses agresseurs en témoignant à l'audience, sans la présence d'un avocat réclamait 30.000 euros de dommage et intérêt. Le tribunal lui accorde 6.000 euros pour le préjudice subi. Son colocataire, réveillé en pleine nuit par une présence inhabituelle (et qui a eu le réflexe d'appeler la police) reçoit 1.000 euros pour le préjudice moral.

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