Économie : tout savoir sur les agences de notation, qui ont maintenu la note financière de la France vendredi

Leur avis sur la solidité de la dette française était particulièrement guetté, après une série de mauvaises nouvelles concernant les finances publiques depuis février. Mais Fitch et Moody's, deux des plus grandes agences de notation, ont laissé leurs notes inchangées. Fin mai, l'agence Standard & Poor's donner à son tour son évaluation de la dette française.

"Cette décision doit nous inviter à redoubler de détermination pour rétablir nos finances publiques et tenir l'objectif fixé par le président de la République : être sous les 3% de déficit en 2027", a réagi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire dans un communiqué. Le gouvernement attendait ces évaluations avec une grande fébrilité, après une série de mauvaises nouvelles budgétaires depuis février : abaissement de 1,4% à 1% de la croissance attendue cette année, nécessité de 10 milliards d'euros d'économies immédiates, avant 20 milliards en 2025. L'Institut national de la statistique (Insee) a aussi annoncé fin mars que le déficit public avait été de 5,5% du PIB en 2023 au lieu de 4,9% espérés, en raison de mauvaises recettes principalement.

Qu'est-ce qu'une agence de notation ?

Les agences de notation sont des entreprises privées. Elles évaluent la solidité financière d'un État, mais aussi d'un département, d'une commune ou d'entreprises privées comme des banques ou des sociétés industrielles. Leur objectif principal est de s'assurer que les dettes peuvent être remboursées. Il existe des dizaines d'agences de notation, mais trois d'entre elles sont particulièrement renommées : Moody's, Fitch et Standard & Poor's.

Les agences donnent des notes

Les agences de notations, comme leur nom l'indique, donnent des notes. La meilleure note, c'est le triple A : elle vient récompenser les excellents élèves. L'Allemagne et les Pays-Bas font partie de ces rares "premiers de la classe". Juste en dessous, la note AA correspond à une santé financière de qualité moyenne supérieure, la note B correspond à la qualité moyenne inférieure. La pire note - synonyme de défaut de paiement pour un État - est la lettre D : le pays n'est plus en capacité de rembourser ses dettes.

Comment établissent-elles ces notes ?

Pour noter les États, elles scrutent ses grands indicateurs économiques et financiers : croissance, déficit budgétaire, dette, dépenses ou encore recettes fiscales. Quand la note est publiée, ce vendredi 26 avril pour la France, les grands investisseurs sont alors guidés afin de placer de l'argent dans le pays de leur choix et d'investir dans la dette de leur choix.

C'est à ce moment que la note peut pénaliser un pays : si elle est décevante, les investisseurs vont avoir tendance à s'en détourner. L'État devra ainsi augmenter ses taux d'intérêts pour les attirer de nouveau, mais il pénalisera davantage son économie avec des taux plus élevés.

Quelle est la note de la France ?

Les notes ne sont pas tout à fait les mêmes dans toutes les agences.

Par exemple, chez Fitch, la note française avait été degradée à AA- "avec perspective stable" en 2023, contre AA auparavant. Vendredi soir, l'agence a réaffirmé cette note, qui signifie que le risque de défaut est très faible. Elle avait prévenu dès le début du mois qu'elle ne comptait pas la changer.

Moody's pour sa part n'a pas à proprement parler "réaffirmé" sa note de Aa2, avec perspective stable, un cran au-dessus de celle de Fitch, mais ne l'a pas modifiée non plus.

Chez Standard & Poor's), la France a perdu son triple A depuis une dizaine d'années.

Pourquoi ces agences sont critiquées ?

Pour certains observateurs, ces agences ont un rôle "relatif". Lorsque la France a perdu son triple A pour la première fois en 2012, les investisseurs n'ont pas fui alors que l'annonce avait été un coup de tonnerre à l'époque. Les agences sont surtout critiquées, car elles sont payées par les entreprises qu'elles notent : le risque de conflit d'intérêt est élevé. En 2007, les agences avaient été pointées du doigt : elles avaient donné de bonnes notes à des produits financiers qui avaient ensuite déclenché la crise des "subprimes", à l'origine de la crise financière de 2008.