L'histoire du nom de Sainte Engrace

Sainte-Engrâce, Santa Grazi, est une commune de Haute-Soule située aux confins de la Navarre et du Béarn. Tout comme ses voisins Haux et Larrau, Sainte-Engrâce fait partie des bourgs royaux de Haute-Soule qui furent fondés au Moyen-Age.

La première mention du village remonte à 1085. Cette année-là, Sanche Ramirez, roi d’Aragon et de Navarre, fit donation à l’abbaye navarraise de Leire du monastère de Sainte-Engrâce… des ports. Le nom du bourg souletin faisait référence aux ports, terme utilisé localement pour désigner les « cols », les « passages en montagne ». Cette même référence est toujours présente dans le nom de la capitale de Cize, Saint-Jean-Pied-de-Port.

Le nom de Sainte-Engrâce fait référence à Engrâce, une jeune femme née au 3ème siècle dans la province romaine de Gallécie, dans l’actuel Portugal. Promise à un noble de la région narbonnaise, elle programma un voyage avec tout son personnel de maison pour le rejoindre. Mais en chemin, elle assista à Saragosse à de cruels actes barbares de la part des autorités locales. Elle essaya de s’y opposer, et toute la troupe fut alors torturée puis exécutée.

Engrâce fut élevée au rang de martyre et figure parmi ceux que l’on appelle les « innombrables martyrs de Saragosse ». Son culte se répandit principalement dans la péninsule ibérique, jusqu’en Soule, à Moncayolle, en Basse-Soule, et donc Sainte-Engrâce, en Haute-Soule.

Sainte-Engrâce se nommait à l’origine vraisemblablement Urdatx, tout comme le village d’Urdax / Urdazubi, en Navarre. Un nom peu documenté qui viendrait selon Jean-Baptiste Orpustan du vieux terme basque urd, « plat », suivi du plus répandu aitz, « rocher », avec un sens final de « plat rocheux ». Le nom correspondrait au petit plateau sur lequel s’est installée la communauté villageoise, autour du monastère, devenu ensuite église collégiale, gérée par des chanoines.
Patxi Salaberri évoque de son côté le mot urde, « cochon, porc », malgré la rareté des noms d’animaux dans la toponymie du Pays Basque.

Le prénom d’Engrâce, tout comme ses variantes Gracianne, Grazi, Garazi, Gexine ou bien Graxiana, qui ont essaimé en Soule pendant des siècles, montrent l’importance du culte voué localement à Engrace de Saragosse.