Le mont Baigura, entre rivière et hauteurs

Le mont Baigura culmine à 897 mètres, sur les hauteurs d’Ossès, de Macaye et de Bidarray. Il s’agit d’un oronyme, c’est-à-dire un nom de lieu, mais plus précisément celui d’une hauteur, d’un relief.

Son nom a fait couler beaucoup d’encre, tout comme celui de Baigorry que certains linguistes ont essayé de rapprocher. Et malgré une lointaine ressemblance, Baigorry et Baigura sont deux toponymes distincts.

Leur point commun est le premier élément, qui est le terme bai, ancêtre de l’actuel ibai, qui désigne un fleuve, une rivière, un cours d’eau. Un vieux mot du vocabulaire basque, issu d’après Michel Morvan de l’aquitain, peut-être aussi utilisé en ibère. On le retrouve entre autres dans les noms de Baigorry et de Bayonne.

Une rivière sur les hauteurs ?

Ce qui vient différencier Baigura de Baigorry, c’est le second élément. D’un côté, gorri, « rouge », le nom de Baigorry faisant référence aux « eaux rouges », et donc indirectement à la nature du sous-sol pierreux, avec le fameux grès rose ou rouge de la vallée. De l’autre, le terme gur, gura, qui a disparu, mais qui ressemble fortement à gora, que l’on utilise toujours aujourd’hui pour désigner la position haute, élevée.

Bien que ce terme soit aujourd’hui tombé en désuétude, on retrouve la base gur dans quelques noms anciens, surtout au Pays Basque sud, par exemple Gurmendi, Gurbil, Gurbeaga… Au Pays Basque nord, c’est une ancienne forme, là aussi oubliée, qui nous intéresse. La forme guren, qui est un superlatif, décrit le point le plus élevé, le plus haut. Avec plusieurs exemples dans les noms de maisons anciennes : Mendiguren, à Trois-Villes, Haranguren à Sare, Altzuguren à Espelette.

En somme, le nom du Baigura désignerait ainsi la « hauteur des cours d’eaux », en référence aux nombreux ruisseaux : Errariko erreka, Elhurreko erreka, Elueterreka, Aranteko erreka…