Irati, un nom végétal ?

Irati est un massif forestier de 17 000 hectares, répartis entre les villages de Larrau, Lecumberry, Mendive, Orbaizeta et Otsagabia. Un haut lieu de légendes, où vit Basajaun, le personnage de la mythologie basque et pyrénéenne.

Les guides touristiques, qui présentent Irati comme la plus grande hêtraie d’Europe, évoquaient dès la fin du 19ᵉ siècle une « forêt vierge », relativement fantasmée, il faut le dire. Car sur son versant nord, les défrichements et l’exploitation forestière ont en partie modifié sa structure originelle, dès le 16ᵉ siècle.

Les hêtres sont présents en grand nombre à Irati, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Dans le Haut-Moyen-Age, Irati était essentiellement une forêt de chênes, une chênaie de pédonculés (Quercus robur, haritza), le chêne étant très représenté au Pays Basque nord, avec une place toute particulière dans notre imaginaire commun, et dans l’héraldique pyrénéenne. Mais à partir du 11ᵉ siècle, la place de celui-ci s’est réduite, au profit du hêtre (Fagus sylvatica, pagoa). Autre essence, le sapin (abies alba, izaia), a connu au cours des siècles une présence plus ou moins régulière dans la forêt d’Irati, tout comme en Haute-Soule et dans le sud des vallées béarnaises.

Irati désigne la forêt, mais plus généralement un massif montagneux

On parle parfois des « monts d’Irati », mention relevée dans les archives en 1140 sous la forme latine montis irati. Avec des sommets qui culminent à plus de 1 000 mètres : Arthanolatze, Abodi, et bien sûr le Pic d’Orhi, à plus de 2 000 m. C’est aujourd’hui une station très appréciée des amateurs et amatrices de randonnées.

Irati tient son nom du Basque ira, la fougère, un végétal buissonnant que l’on trouve naturellement à Irati. Avec le suffixe collectif -ti, Irati désigne alors un « lieu de fougère », une « fougeraie ». On le retrouve le nom Irati dans plusieurs localités plus au sud, mais aussi avec des variantes : Iradi, Iraeta, Iraun, essentiellement en Navarre.

On retrouve d’autres toponymes comparables à Irati, à savoir une base botanique et le suffixe collectif -ti : Harizti, avec haritz, le chêne pédonculé, Amezti, avec ametz, le chêne tauzin, Zuhazti, avec zuhatz, l’arbre, etc.

Irati, le massif forestier et montagneux, désigne aussi une rivière de plus de 80 km de long, qui naît dans la forêt, et se jette dans la rivière Aragon, près de Sangüesa, en Navarre. Une rivière indispensable, car sans eau, il n’y aurait à Irati ni chêne, ni hêtre, ni même la moindre fougère.