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Violences sexistes et sexuelles dans le cinéma et la culture : les députés créent une commission d'enquête

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Les députés ont approuvé à l'unanimité, ce jeudi, la création d'une commission d'enquête sur les abus et les violences sexuelles dans le cinéma, le spectacle vivant, l'audiovisuel, la mode et la publicité. Ils ont répondu à la demande formulée par Judith Godrèche lors de son audition au Sénat.

L'actrice Judith Godrèche lors d'une audition à l'Assemblée nationale, le 14 mars. L'actrice Judith Godrèche lors d'une audition à l'Assemblée nationale, le 14 mars.
L'actrice Judith Godrèche lors d'une audition à l'Assemblée nationale, le 14 mars. © AFP - Amaury Cornu/Hans Lucas

Des députés vont bientôt enquêter sur les violences sexistes et sexuelles dans le milieu de la culture : cinéma, théâtre, spectacle, publicité ou encore mode et audiovisuel. L'Assemblée a approuvé, ce jeudi, la création d'une commission d'enquête sur les "abus et violences" dans ces secteurs. "Il est temps d'arrêter de dérouler le tapis rouge aux agresseurs", affirme la résolution votée à l'unanimité, initiée par l'écologiste Francesca Pasquini. Elle répond à une demande de l'actrice Judith Godrèche, présente dans les tribunes de l'Assemblée ce jeudi.

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Judith Godrèche est devenue l'une des figures de la lutte contre les violences sexuelles sur les mineurs depuis qu'elle a porté plainte contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques qui remontent à son adolescence. Une enquête préliminaire a été ouverte à Paris contre les deux réalisateurs, qui ont réfuté par la voix de leurs avocats respectifs les accusations lancées contre eux.

"Il y a une absence de la loi sur les tournages", rappelle Judith Godrèche

"Il faut que cette commission soit menée à bien. C'était extrêmement émouvant d'entendre ces mots dans un lieu où on fait les lois, alors qu'il y a une absence de la loi sur les tournages", a réagi Judith Godrèche auprès de l'AFP après le vote des députés.

En février, la comédienne avait interpellé le monde du cinéma lors de la cérémonie des César : "Je parle, mais je ne vous entends pas", avait-elle lancé, rêvant d'une "révolution" en pleine vague de libération de la parole dans le cinéma français. Elle a poursuivi son combat en demandant, d'abord au Sénat puis à l'Assemblée, la création d'une commission d'enquête, prenant exemple sur celle qui a travaillé au Palais Bourbon sur le monde du sport. "Allons-nous garder le silence ? Moi, je compte sur vous, je compte sur vous pour protéger les enfants, ne plus les livrer au cinéma sans aucune protection", avait-elle lancé aux députés.

Une évaluation de la situation des mineurs et des majeurs

La commission d'enquête devra "évaluer la situation des mineurs évoluant au sein des secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité", mais aussi des majeurs, après que la Commission des affaires culturelles a étendu le champ d'investigation envisagé.

Elle devra "identifier les mécanismes et les défaillances qui permettent ces éventuels abus et violences", "établir les responsabilités de chaque acteur en la matière", et "émettre des recommandations sur les réponses à apporter".

Francesca Pasquini a salué le vote de ses homologues, disant avoir hâte que la commission se mette au travail et "pass(e) à l'action". "Nous serons avec mes 30 collègues qui feront partie de cette commission d'enquête très attentifs et très déterminés pour qu'elle puisse signer la fin de l'omerta, la fin de la culture du silence et apporter des solutions concrètes. Il est temps d'arrêter de dérouler le tapis rouge aux agresseurs".

"Nous allons agir parce qu'il y a urgence"

"Chère Judith, si les autres ne vous ont pas entendue, nous vous avons entendue, nous députés. Alors aujourd'hui, nous allons faire mieux que vous écouter. Nous allons agir parce qu'il y a urgence", a de son côté affirmé la députée Perrine Goulet (MoDem), présidente de la Délégation aux droits des enfants.

La commission d'enquête doit être formée le 13 mai, et commencer ses auditions le 20 mai, selon Francesca Pasquini. Elle devrait rendre ses conclusions six mois plus tard, en novembre.

Sa création intervient au lendemain de la parution d'un livre de l'actrice Isild Le Besco, où elle revient longuement sur la relation avec Benoît Jacquot, entamée quand elle avait 16 ans. Si elle l'accuse de l'avoir violée, elle affirme ne pas être prête à porter plainte contre lui.

Francesca Pasquini a rappelé dans son intervention l'ampleur des violences sexuelles, avec 160.000 mineurs victimes tous les ans selon l'estimation de la Ciivise, la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, et 84.000 femmes, selon le ministère de l'Intérieur.

"Les mécanismes de prédation, d'isolement et d'omerta sont les mêmes partout, mais ils semblent s'épanouir d'autant plus dans (les) industries (du cinéma, de l'audiovisuel, de la publicité, de la mode et du spectacle vivant) qui fonctionnent en vase clos, comme une grande famille", a-t-elle souligné.

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