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"On se sent abandonnés par l'État" : les sapeurs-pompiers en grève ce jeudi dans toute la France

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

Les pompiers sont appelés à la grève partout en France ce jeudi, pour réclamer davantage de moyens et une meilleure protection de leur santé au travail. Une manifestation est prévue à Paris, avec des pompiers venus de plusieurs régions.

Un camion des pompiers du Nord lors d'un précédent mouvement de grève, l'an dernier. Un camion des pompiers du Nord lors d'un précédent mouvement de grève, l'an dernier.
Un camion des pompiers du Nord lors d'un précédent mouvement de grève, l'an dernier. © Maxppp - Arnaud Beinat

Les pompiers de toute la France sont appelés à la grève ce jeudi, à l'initiative de tous leurs syndicats. Ils dénoncent le manque d'effectifs, et réclament plus de moyens, une hausse de leur prime de feu, une prime pour les Jeux Olympiques, et des mesures pour protéger leur santé au travail.

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Une manifestation unitaire est prévue à Paris, à laquelle se joignent de nombreux professionnels venus de plusieurs régions. Le défilé partira à 14h de la place de la République, vers la place de la Nation. Des pompiers se réunissent aussi devant leur centre de secours, comme à Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées par exemple.

Les sapeurs-pompiers du SDIS 65 se sont rassemblés devant le centre de secours de Tarbes ce jeudi.
Les sapeurs-pompiers du SDIS 65 se sont rassemblés devant le centre de secours de Tarbes ce jeudi. © Radio France - Flore Catala

Les pompiers confrontés aux polluants éternels

Les personnels des services départementaux d'incendie et de secours se mobilisent notamment pour une meilleure prise en compte des risques pour leur santé. Ils s'inquiètent notamment de leur exposition aux PFAS, les polluants éternels, dont certains ont des effets cancérogènes avérés.

"Les imperméabilisants qu'on utilise pour protéger nos tenues incendies contiennent des PFAS, les émulseurs qui servent à faire la mousse des extincteurs possèdent des PFAS. On est confrontés beaucoup plus que d'autres types de population à ces polluants", a affirmé au micro de franceinfo Jean-Baptiste Auger, pompier à Châteauroux et représentant du syndicat CGT. Mais à ce jour, il n'existe pas d'alternative aux PFAS,  car ils sont très résistants à la chaleur.

Pour le moment, aucune étude ne fait de lien entre des cancers développés par certains pompiers et ces PFAS. Mais Jean-Baptiste Auger demande à ce que chaque pompier soit testé "pour savoir le niveau d'exposition".

"On est déjà contaminés sans le savoir"

"On s'aperçoit quand même que beaucoup de nos camarades se retrouvent impactés par des maladies telles que le cancer. On n'est pas à l'abri, ça fait des années qu'on fait ce métier pour certains, on est déjà contaminés sans le savoir et on a peur pour les prochains surtout", confie Ludovic Herpsont de la CGT du SDIS du Tarn-et-Garonne, au micro de France Bleu Occitanie.

"Les risques liés aux produits toxiques ne sont pas pris en compte", déplore également Arien Pedel, le président du Syndicat Autonome de Haute-Savoie, au micro de France Bleu Pays de Savoie"Alors que le produit retardant des fumées est hyper toxique et qu'aujourd'hui nos protections ne permettent pas de nous protéger," rappelle-t-il.

Lors de la manifestation parisienne, une vingtaine de pompiers vont se faire prélever des cheveux pour les faire tester à une vingtaine de polluants, a expliqué Mickaël Biberon, sapeur-pompier dans la Somme et secrétaire général du syndicat de sapeurs-pompiers CFTC, au micro de France Bleu Picardie.

Mickaël Biberon, secrétaire général du syndicat de sapeurs-pompiers CFTC.
Mickaël Biberon, secrétaire général du syndicat de sapeurs-pompiers CFTC. © Radio France - France Bleu Picardie

"On se sent abandonnés par l'État"

"On se sent clairement abandonnés par l'État", déplore Adrien Pedel, le président du Syndicat Autonome de Haute-Savoie, au micro de France Bleu Pays de Savoie. Yann Perino, pompier professionnel à Chambéry et vice-président du syndicat SNSPP-PATS en Savoie, critique aussi le manque de moyens et de rémunérations. "C'est bien beau quand un pompier décède d'avoir des grands discours de l'État, des grandes larmes et des drapeaux qui sortent de partout, sauf qu'il faut se poser les vraies questions à un moment donné, pas que les pouvoirs publics se manifestent que lorsqu'il y a un drame".

"Des camions tout neufs, mais personne à mettre dedans"

Les pompiers réclament également un meilleur financement de l'Etat pour les Sdis, les services départementaux d'incendie et de secours. Au micro de France Bleu Occitanie, Charly Hollard, pompier professionnel à Ramonville, en Haute-Garonne, et membre de la CGT, "demande que l'État s'implique dans le recrutement des sapeurs-pompiers professionnels, en aidant les Départements avec des budgets fléchés pour des embauches massives."

Pour lui, le manque de moyens commence à avoir des conséquences sur le travail et la mission des pompiers. "On a des véhicules qui sont tout neufs, mais on a personne à mettre dedans", déplore-t-il. "On a des délais d’interventions, notamment sur le sud de la Haute-Garonne, qui sont entre 30 et 45 minutes, juste parce qu'il y a personne à mettre dans le camion, dans le camion et dans la caserne, mais personne ne peut monter dedans."

"Aujourd'hui on sait que les financements des SDIS est à bout de souffle" renchérit Alban Casseron, secrétaire général CGT du Sdis des Hautes-Pyrénées. "On sait que les départements et les communes ne peuvent plus donner plus."

Alban Casseron, secrétaire général CGT du SDIS des Hautes-Pyrénées.
Alban Casseron, secrétaire général CGT du SDIS des Hautes-Pyrénées. © Radio France - Flore Catala

"On a vraiment une perte de sens"

Alexandre Braillard, responsable du syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels en Meurthe-et-Moselle , a pour sa part évoqué "une vraie perte de sens, sur l'essence même de notre métier, qui nous pousse à une énorme inquiétude", au micro de France Bleu Lorraine. "On se retrouve à faire des choses qui sont vraiment à l'écart de tout ce qu'on devrait faire. Par exemple, on se retrouve à déneiger des routes, à aller détruire des essaims et qui sont en fait des missions liées à d'autres services de l'État ou à des entreprises privées ", regrette-t-il.

Pour lui, ces  multiples missions nuisent aux effectifs déjà sous-dotés . Il estime que les pompiers doivent se recentrer sur leur cœur de métier : " Si on s'étale sur un grand panel de missions, on ne sera pas efficace ", détaille-t-il.

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