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VIDÉO - 20 ans après AZF, Toulouse se souvient et rend hommage aux victimes

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Toulouse a commémoré ce mardi les 20 ans de l'explosion de l'usine AZF. Le 21 septembre 2001, la plus grande catastrophe industrielle depuis 1945 faisait 31 morts et des milliers de blessés et sinistrés. Des commémorations en ordre dispersé durant lesquelles un parcours mémoriel a été dévoilé.

Les commémorations des 20 ans de l'explosion de l'usine AZF ce mardi 21 septembre 2021 devant le Mémorial érigé sur les lieux de l'ancienne usine. Les commémorations des 20 ans de l'explosion de l'usine AZF ce mardi 21 septembre 2021 devant le Mémorial érigé sur les lieux de l'ancienne usine.
Les commémorations des 20 ans de l'explosion de l'usine AZF ce mardi 21 septembre 2021 devant le Mémorial érigé sur les lieux de l'ancienne usine. © Radio France - Sandrine Morin

Le 21 septembre 2001 l'usine chimique AZF explose à Toulouse à 10h17, faisant 31 morts et des milliers de victimes. Des dizaines de milliers de dossiers d'indemnisation seront ouverts, pour dommages corporels ou matériels. C'est la plus grande catastrophe industrielle en France depuis 1945. La gigantesque déflagration causée par l'explosion de plus de 300 tonnes de nitrate d'ammonium crée panique et paysages apocalyptiques dans la Ville rose. 

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À l'occasion de ce 20e anniversaire de la catastrophe, le maire LR de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, a inauguré ce mardi matin  un "parcours mémoriel" à côté du Mémorial déjà existant sur les terrains de l'ancienne usine AZF. Une volonté affichée de raviver ce lieu de mémoire peu connu des Toulousains. Ce parcours, décidé en 2011, composé de neuf panneaux, retrace en textes et en images l'histoire de l'usine, l'explosion et tout ce qui s'est passé ensuite : mobilisations et batailles judiciaires notamment, jusqu'à la condamnation définitive de l'ancien directeur de l'usine à 15 mois de prison avec sursis pour homicides et blessures involontaires, et de la société exploitante Grande paroisse, filiale de Total, à l'amende maximale de 225.000 euros. 

Auparavant, à 10h17, heure de l'explosion, les sirènes de la ville ont retentit, avant la lecture des noms des 31 victimes décédées lors de la catastrophe. Les institutionnels, ainsi que des représentants de l'association d'anciens salariés d'AZF "Mémoire et Solidarité", du Comité de défense des victimes d'AZF et de l'association Familles endeuillées AZF Toulouse, ont ensuite déposé des gerbes de fleurs devant le Mémorial. Une minute de silence a enfin été observée. Il n'y a pas eu de prise de paroles, aucun discours. Des gens pleuraient pendant la lecture des noms des victimes. 

Nous devons être dans l'apaisement et dans la constance de la mémoire." - Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, sur France Bleu.

Aucun membre du gouvernement n'a fait le déplacement

Aucun membre du gouvernement n'a fait le déplacement pour ces commémorations des 20 ans de la catastrophe. Le Premier ministre Jean Castex a posté ce message sur Twitter : "Il y a 20 ans, l'explosion de l'usine AZF endeuillait la France et plongeait Toulouse dans l'effroi et la sidération. La Nation s'incline respectueusement en mémoire des victimes. Mes pensées accompagnent les Toulousains dont je sais l'émotion toujours vive et le souvenir intact".

Emmanuel Macron, a également transmis ses "pensées aux victimes et à leurs familles" sur Twitter. "La France se souvient" a écrit le président de la République.

Trois cérémonies de commémorations distinctes

Outre cette cérémonie officielle de commémoration organisée par la mairie de Toulouse, deux autres cérémonies pour se souvenir et rendre hommage aux des 31 victimes ont été organisées, symbole des différentes mémoires qui s'entrechoquent, loin d'être apaisées.

L'association des Sinistrés du 21-Septembre et le collectif "Plus jamais ça" n'ont pas participé pas à l'évènement institutionnel qu'ils boycottent. Il lui ont préféré une cérémonie à 9h30 au rond-point du 21-Septembre, quartier Croix-de-Pierre, aux côtés de l’Union Départementale des syndicats CGT de Haute-Garonne et la Fédération CGT des salariés des industries chimique. Cette cérémonie a rassemblé une centaine de personnes. 

"Pas question de participer à la commémoration officielle à côté des gens de Total qui ne veulent pas reconnaître leur responsabilité." - Stéphane Dufau, de l'association des sinistrés du 21-Septembre

Yves Gilbert, du collectif "Plus jamais ça", a dénoncé "la bassesse de Total, qui n'a pas reconnu ses défaillances, et n'a été condamnée à une amende correspondant qu'à 10 minutes de son bénéfice annuel". Pour Stéphane Dufau, de l'association des sinistrés du 21-Septembre et qui a été grièvement blessé, "pas question de participer à la commémoration officielle à côté des gens de Total qui ne veulent pas reconnaître leur responsabilité".

L'association d'anciens salariés d'AZF "Mémoire et Solidarité" a aussi organisé son propre hommage à 10 heures. Car 20 ans après la catastrophe, et malgré la condamnation définitive de l'ex-directeur du site et de l'entreprise, cette association rejette la thèse de la justice selon laquelle le mélange malencontreux de produits chimiques, dû à des "négligences" ou des "manquements aux obligations de prudence", a provoqué la déflagration.

"Le rassemblement des mémoires sera possible à la génération suivante." - Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse

"Tous les ans, il y a des commémorations différentes selon où on se place rappelle l'historien Bertrand Vayssière, professeur d'histoire à l'Université Jean-Jaurès de Toulouse. Il y a la mémoire officielle, en l'occurrence ici celle de la mairie, qui cherche à apaiser, en trouvant le plus petit dénominateur commun. Puis, en dessous, il y a toutes les mémoires officieuses, des acteurs et victimes elles-mêmes, pour qui le passé ne passe pas."

"Le drame a été d'une telle intensité que la douleur est là et la mémoire a du mal à s'apaiser à cause de cette douleur et de douleurs différentes a expliqué le maire de Toulouse à l'AFP. Les salariés ont éprouvé une douleur différente de celle des victimes de l'explosion qui n'étaient pas salariés. Et tout cela est très à vif". Jean-Luc Moudenc estime que des cérémonies communes, "cela ne sera pas de si tôt. Le rassemblement des mémoires sera possible à la génération suivante".

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