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La galère des élèves de seconde pour trouver un stage en entreprise au mois de juin

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C'est la grande nouveauté pour les élèves de seconde cette année : ils doivent trouver un stage en entreprise de deux semaines, du 17 au 28 juin. En Haute-Garonne, les patrons pourtant volontaires ne sont pas tous prêts et les lycéens ont du mal à trouver une entreprise pour les accueillir.

Le patron du MEDEF en Haute-Garonne estime que seuls 30% de ses adhérents réussiront à accueillir un stagiaire de seconde cette année (photo d'illustration). Le patron du MEDEF en Haute-Garonne estime que seuls 30% de ses adhérents réussiront à accueillir un stagiaire de seconde cette année (photo d'illustration).
Le patron du MEDEF en Haute-Garonne estime que seuls 30% de ses adhérents réussiront à accueillir un stagiaire de seconde cette année (photo d'illustration). © Maxppp - PHOTOPQR/LE TELEGRAMME/ FRANCOIS DESTOC

Grande nouveauté pour les élèves de seconde : ils doivent trouver un stage en entreprise de deux semaines, du 17 au 28 juin 2024.

L'idée c'est que les lycéens ne se retrouvent pas comme les années précédentes livrés à eux même une fois les cours terminés en raison des épreuves du bac. L'échéance est dans deux mois et les élèves de seconde sont très peu nombreux à avoir trouver chaussure à leur pied.

"C'est compliqué parce que tout le monde a les mêmes dates"

Voilà ce qu'en disent ceux rencontrés dans le centre ville de Toulouse : "Ce qui est compliqué, c'est que tout le monde a les mêmes dates" dit Clélia. Elle ajoute "En troisième, on avait une semaine, certains c'était en novembre, d'autres en décembre, d'autres en janvier, février et là il y a tout le monde qui demande en même temps, c'est hyper compliqué." Pour qu'on comprenne bien, Clélia donne des chiffres : "Dans notre lycée, on doit être peut être 200 en seconde, si on ajoute tous les autres lycées, c'est difficile de trouver un stage dans l'entreprise de son choix." L'adolescente précise : "Moi, ce serait pompier ou infirmière. Je me demande comment trouver. On essaie de garder espoir."

Clara, l'amie de Clélia, a un peu plus de chance : "Moi j'ai trouvé pour la première semaine, mais je suis encore en recherche pour la seconde". Les entreprises aux portes desquelles elle frappe lui donnent des réponses parfois déconcertantes : "Ils disent qu'ils ne peuvent pas nous prendre parce qu'on est mineur." Clara est pourtant très motivée elle a fait  un CV et une lettre de motivation : "C'est quelque chose qu'on veut vraiment faire. Ça nous laisse un peu sur notre faim. C'est un long chemin de croix."

Des patrons pas encore prêts

Il faut dire que les chefs d'entreprises, même s'ils sont favorables à l'accueil de ces stagiaires de seconde, ne peuvent pas toujours s'organiser en conséquence.

Le patron du Medef en Haute-Garonne essaye de montrer l'exemple. Pierre-Olivier Nau dirige le musée Aeroscopia de Blagnac, au nord de Toulouse, et organise des visites guidées. Cette année, il accueille quatre stagiaires de seconde : "Moi, j'ai confié pour mission à ma responsable RH de recevoir les CV, les centraliser et de distribuer les opportunités à tous les chefs de service, de leur dire tu prendras un stagiaire de seconde pendant ces deux semaines. C'est l'occasion de prise de responsabilités, des managers pour leur dire ta mission va s'accroître de cette responsabilité là de prendre un jeune, lui faire connaître ton métier. Et on souhaite que tous les adhérents, toute entreprise fassent absolument la même chose."

Le président du Medef 31 commente : "On est un peu le pays de la dernière minute, il faut qu'on essaie d'évoluer, mieux prévoir, mieux planifier. C'est tout nouveau pour nous de recruter des stagiaires de seconde, on le fait un petit peu en troisième depuis quelques temps, mais c'est tout nouveau, donc il faut qu'on s'habitue. Pour un chef de service, c'est pas une évidence, ça ne vient pas spontanément. Donc c'est de l'éducation à faire chez nous aussi et ça prend un petit peu de temps. Mais ça ira mieux l'année prochaine, je vous le garantis."

Le patron du Medef de Haute-Garonne estime que cette année environ 30% de ses 3.000 adhérents réussiront en 2024 à faire de la place pour ces jeunes stagiaires de seconde.

Parents d'élèves mécontents

Éric Pinot, le président de la FCPE de Haute-Garonne, confirme la difficulté des élèves à trouver une entreprise qui les accepte et trouve l'idée de ce stage en classe de seconde démagogique, elle redoute qu'il n'accentue les inégalités sociales : "C'est l'enfer pavé de bons sentiments. C'est à dire qu'on veut que les élèves se confrontent un peu au secteur professionnel. Ça pourrait être une bonne idée, mais comme d'habitude, c'est construit dans l'approximation totale."

Le responsable du réseau de parents d'élèves s'indigne : "Face aux inégalités sociales de ce pays, il va y avoir une inégalité aussi sur la recherche, sur l'obtention de ces stages en fonction du capital social et du réseau des parents, Une fois de plus, on va stratifier les choses et les parcours des étudiants. Une fois de plus, la réponse ultime du gouvernement qui est vraiment inadmissible, c'est que ceux qui n'auront pas de stage à ce moment là vont se retrouver à faire le SNU. Ça me rappelle un peu les années 60 quand aux États-Unis, on envoyait les pauvres à l'armée."

Éric Pinot commente :  "Comme d'habitude, ce sont des effets d'annonce complètement démagogiques. Mais on s'en fout en fait pour de vrai, le gouvernement prend ça à la légère et n'importe comment. Cela vilipende l'école, vilipende les parents et vilipende les enfants, c'est vraiment n'importe quoi."

il y a en France quelque 500.000 élèves de seconde concernés par ces stages, ajoute la FCPE.

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