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Il y a 20 ans, l'usine AZF explosait à Toulouse

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Le 21 septembre 2001, le pire accident industriel de l'après-guerre survenait dans l’usine de production d’engrais azotés AZF, située à quelques kilomètres du centre de Toulouse. La catastrophe a fait 31 morts, des milliers de blessés, de lourds dégâts matériels et a traumatisé toute une région.

21 septembre 2001. Ce vendredi matin-là, il fait beau, très beau dans le sud de la France, où l'été s'étire. Mais l'ambiance est plombée : depuis 10 jours, le monde vit dans la sidération et l'angoisse après l'attaque du World Trade Center à New York. Les images des explosions des tours jumelles, frappées par des avions de ligne détournés par des terroristes, tournent en boucle à la télé, sur les rares chaînes d'info en continu. Malgré cela, le soleil brille à Toulouse et la journée démarre dans la douceur. Soudain, à 10h17, un éclair déchire le ciel au sud de la ville rose, sur le site de l'usine classée Seveso AZF, située à cinq kilomètres à peine du centre-ville.

D'abord une lumière aveuglante, puis deux énormes "boum" effrayants, un effet de "blast" qui souffle tout sur son passage, un panache de fumée qui s'élève à plusieurs centaines de mètres et un nuage orange qui recouvre Toulouse. Un stock de 300 tonnes de nitrate d'ammonium vient d'exploser dans le bâtiment 221 de l'usine AZF (AZote Fertilisants) de Grande Paroisse, propriété de Total, creusant un monstrueux cratère de forme ovale de sept mètres de long, 40 de large et six de profondeur.

"Ça a été un gros flash, comme si j'avais eu un éblouissement, comme si on avait mis un gros projecteur face à moi. Le temps que je revienne à moi, le décor avait changé, tout avait changé." Eric*

La double détonation est entendue à plus de 80 km à la ronde, un séisme de magnitude 3,4 sur l'échelle de Richter est même enregistré. Le site industriel est dévasté, seule la "tour AZF" tient toujours debout, dans les décombres fumantes. Aux abords de l'usine, le souffle de l'explosion a brisé toutes les vitres, a lézardé les murs, enfoncé des portes, fait tanguer des bâtiments et en a détruit plusieurs. Sur la rocade, à 200 mètres de là, des voitures sont retournées, d'innombrables débris jonchent la chaussée. Les dégâts sont visibles dans un rayon de plusieurs kilomètres, jusqu'au centre-ville.

"Le bruit sourd s'est interrompu donc je décide de sortir de là où je suis cachée et... j'ai plus de fenêtres, plus de chambre d'enfant. (...) Je ne savais pas ce qui arrivait, mais je savais que c'était dangereux." Fabienne*

Dans cette ambiance post 11-Septembre, on pense immédiatement à une bombe, à un attentat. Avec le nuage de fumée, une forte odeur d'ammoniaque s'est répandue dans la ville, ce qui ne rassure personne. La confusion est totale, les Toulousains paniquent, cherchent à se mettre à l'abri ou à fuir. D'autres errent sans fin, en quête de leurs proches dont ils sont sans nouvelles. Les secours et les services de police sont débordés, la ville complètement bloquée. Très vite, le silence retombe sur Toulouse. Dans les minutes et les jours suivants, les habitants réalisent que leur cité restera marquée longtemps.

"Pendant des jours et des jours, les gens ramassaient le verre qui était tombé. On entendait ces bruits de verre cassé partout, partout." Françoise*

Des centaines de personnes sont à la rue, sans logement. Au total, la catastrophe a fait 85.000 sinistrés. Les dégâts matériels, considérables, sont évalués à deux voire trois milliards d'euros. Le bilan humain est lourd : 31 morts, dont 21 employés du site industriel, et plus de 2.500 blessés, dont une trentaine de cas graves... sans compter les milliers de Toulousains toujours traumatisés 20 ans après.

"J'ai raconté à mon fils : "J'étais enceinte de toi, j'avais peur." J'étais en face d'AZF quand le balcon s'est cassé, que ça a sauté, et ça fait toujours un choc, jusqu'à maintenant." Nassera*

* Retrouvez tous ces témoignages dans "Mon AZF, histoires de Toulousains"

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