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"On peut reconquérir la nature dans le bassin minier", estime le maire démissionnaire de Loos-en-Gohelle

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Après avoir passé plus de 20 ans aux commandes de Loos-en-Gohelle et en avoir fait un laboratoire de transition écologique, Jean-François Caron vient de quitter officiellement ses fonctions de maire. Pour France Bleu Nord, il dresse son bilan.

Jean-Francois Caron, désormais ex-maire EELV de Loos-en-Gohelle Jean-Francois Caron, désormais ex-maire EELV de Loos-en-Gohelle
Jean-Francois Caron, désormais ex-maire EELV de Loos-en-Gohelle © Radio France - Thomas Pontillon

France Bleu Nord: Que ressentez-vous au moment de quitter vos fonctions?

Jean-François Caron : C'est 22 ans d'investissement! La vie d'un maire, c'est sept jours sur sept, 24 heures sur 24. C'est un engagement extrêmement fort qui vous marque! Et puis il y a aussi ce sentiment d'avoir montré que, dans le bassin minier qui n'est pas la terre la plus facile pour l'écologie, on peut reconquérir la nature, améliorer les matériaux ou encore agir sur l'énergie.

Vous avez fait de Loos-en-Gohelle ce qu'on a appelé un laboratoire de la transition écologique. De quelles réalisations êtes-vous le plus fier?

C'est peut-être la centrale solaire qui s'appelle Mines de soleil dans lesquelles 120 familles mettent une partie de leurs économies, et avec laquelle  on a couvert toutes les toitures, toutes les salles de sport, salle des fêtes et on commence à s'attaquer aux toitures privées. Et j'en suis fier parce que c'est de l'énergie renouvelable au pays du charbon, c'est de l'implication des habitants et c'est de la lutte contre le dérèglement climatique.

C'est vous qui avez eu l'idée, qui semblait folle à l'époque, de faire inscrire le bassin minier au patrimoine mondial de l'Unesco. Pourquoi était-ce si important à vos yeux?

J'ai commencé mon activité par la Chaîne des terrils en 1988, qui avait pour objectif de changer le regard sur le territoire minier. On était dans une époque où l'on reniait presque notre histoire. L'inscription au patrimoine de l'Unesco, c'était  une façon de relever la tête d'abord, de rendre de la dignité aux mineurs qui mouraient à 40 50 ans et de relever la tête pour affronter la transformation du bassin minier. Ca touche à l'intime, ça touche à l'image du territoire, ça touche à nos parents, nos grands parents et c'est ce que j'ai fait de plus émouvant et de plus fort dans ma vie, c'est sûr.

Est-ce que c'était un préalable que les habitants changent leur regard sur leur propre bassin minier avant de pouvoir faire bouger les choses?

Quand vous avez un enfant qui n'est pas bien dans sa peau, il aura du mal à réussir dans la vie. C'est pareil pour un territoire. Travailler ce qu'on appelle le pouvoir d'agir, cette estime, cette fierté retrouvée, c'est très important. Et en même temps, il faut passer à l'action, il faut montrer qu'on peut avoir des logements où on ne paie plus  de chauffage. Il y a beaucoup de logements aujourd'hui où c'est le cas. Il faut montrer que la nature peut revenir, il faut aussi des preuves, du concret. Il faut être sur ces deux pieds.

C'est une satisfaction pour vous que des habitants aujourd'hui constatent ces changements dans leur quotidien?

Oui, bien sûr! C'est presque un rêve!  Ca va passer, par exemple par quinze kilomètres de trame verte qu'on a fait dans la ville,  des corridors biologiques et où on a démontré que les oiseaux remontaient par des systèmes de haies et que du coup, on a vu un pic vert dans le jardin public de Loos-en-Gohelle.  Alors ça ne change pas le monde, mais c'est important!

Votre successeur, Geoffrey Mathon, a été élu ce dimanche en conseil municipal. C'est un passage de relais que vous préparez depuis longtemps. Selon vous, que doit-il impulser d'autre que tout ce que vous avez déjà mis en place?

Loos-en-Gohelle est devenu effectivement un peu un laboratoire qui est démonstrateur national pour l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie). On a montré beaucoup de choses et moi, si je quitte la mairie, c'est aussi parce que j'ai créé la Fabrique des transitions avec d'autres territoires en France. On travaille au changement d'échelle: pourquoi ne pas généraliser ce qui est possible à Loos-en-Gohelle?  Si on généralisait par exemple la pose de panneaux solaires sur toutes les toitures de France, ça ferait un changement considérable. Moi, je me consacre à ça. Geoffrey Mathon tracera sa route avec son équipe. Il va mettre, je pense, une sensibilité sociale très forte pour que tous les habitants s'approprient ces changements. On va aussi travailler sur le fait que Loos-en-Gohelle Gohelle et le bassin minier puissent devenir ce qu'on appelle une "destination", c'est à dire un lieu qu'on peut venir visiter. On a déjà eu par exemple des présidents de la République qui sont venus. Le bassin minier a certes des problèmes, c'est sûr, mais il est capable d'apporter des réponses originales. Hier par exemple, on échangeait encore sur la réhabilitation thermique des maisons. On a déjà fait beaucoup, mais il y a encore des gens qui n'arrivent pas à payer leur chauffage, comme ailleurs. Donc il faut continuer à amplifier et faire rayonner ce qu'on a fait à Loos-en-Gohelle.

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