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VIDÉO - La maire d'Estevelles, Estelle Szabo, se confie sur son changement de genre

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Pour la première fois en France, un maire élu en tant qu'homme va poursuivre son mandat en tant que femme. La maire d'Estevelles, Estelle Szabo, raconte à France Bleu Nord comment s'est opérée sa transition de genre.

La maire d'Estevelles (Pas-de-Calais), Estelle Szabo, était l'invitée ce vendredi matin de France Bleu Nord La maire d'Estevelles (Pas-de-Calais), Estelle Szabo, était l'invitée ce vendredi matin de France Bleu Nord
La maire d'Estevelles (Pas-de-Calais), Estelle Szabo, était l'invitée ce vendredi matin de France Bleu Nord - Capture d'écran France 3

Les habitants d'Estevelles (Pas-de-Calais) ont appris ce jeudi qu'ils allaient devoir désormais saluer "Madame la Maire" en la croisant dans la rue. Estelle Szabo, élue en 2016 en tant Alain Szabo, a officialisé à 63 ans son changement de genre. Ce vendredi matin, invitée du 6-9 de France Bleu Nord, elle est longuement revenue sur son parcours.

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"Confortée dans ma décision"

France Bleu Nord - Jusqu'à présent, les habitants d'Estevelles vous croisaient avec un costume cravate. Vous êtes aujourd'hui vous-même, est-ce que vous êtes soulagée ?

Estelle Szabo - Je suis plutôt confortée dans ma décision, au vu des nombreux messages de soutien que j'ai pu recevoir. Je ne vais pas vous parler de transidentité parce qu'il y a des articles de presse, des films, des documentaires, etc. Tout ça est très bien décrit par des spécialistes. Moi, je le vis, simplement. Et le message, c'est qu'il est possible aujourd'hui, quand on a la confiance de ses pairs, la confiance des autres, la confiance en soi-même, de poursuivre un parcours public politique tout en ayant une différence. Et ma différence, c'est effectivement d'être entrée dans un parcours de transition de genre.

France Bleu Nord - Vous avez quand même attendu 63 ans pour officialiser cette transition, en tout cas auprès de vos administrés. Depuis quand savez-vous que vous êtes une femme née dans un corps d'homme ?

Estelle Szabo - Pour moi, ça s'est révélé quand, vers trois/quatre ans, vous prenez connaissance qu'il y a des filles et des garçons. Dans mon esprit, j'étais une fille. Évidemment, j'ai été corrigée puisque j'ai reçu une éducation de garçon et une vie d'homme. Et cette vie d'homme m'a passionnée. J'ai eu une vie d'homme très intéressante, très satisfaisante et aujourd'hui, je ne fais certainement pas le deuil de mon passé. Ce n'est certainement pas une renaissance : Estelle Szabo est née il y a très longtemps et je suis dans un parcours de vie.

"Il y a plusieurs transitions"

France Bleu Nord - On médiatise aujourd'hui votre transition parce que vous êtes maire d'une commune. Changer de genre, c'est compliqué quand on est maire ?

Estelle Szabo - La transition dans la continuité n'est pas une pathologie, ce n'est pas une maladie. Mais la non-acceptation sociale aujourd'hui des personnes transidentitaires fait que de la souffrance psychologique est générée. On appelle ça la dysphorie de genre, la souffrance liée au fait de ne pas être dans son genre, et celle-ci conduit souvent au suicide et donc elle doit être prise en charge pour être intégrée dans la transidentité. En fait, il y a plusieurs transitions, il y a une transition psychologique. Il faut comprendre ce que l'on est. Mais ça, c'est le propre pour tout individu, parce qu'on fait un travail en psychothérapie pour pouvoir avancer. Ensuite, il y a la transition physique, l'apparence. Et là, on est soutenu par le dispositif de santé puisqu'ici au CHU, un service est dédié à la transidentité. Ensuite, il y a la transition sociale et professionnelle. C'est ce qu'on fait maintenant. Et puis il y a la transition qui est la plus difficile, c'est la transition familiale.

France Bleu Nord - Votre épouse vous soutient, mais est-ce que des gens dans votre entourage ont réagi différemment ?

Estelle Szabo - C'est quand même un choc, par exemple pour vos enfants. Mais mes enfants m'appellent papa, il n'y a rien de changé. Donc, en fait, quand le tsunami est passé, la vie reprend doucement et puis tout se passe bien : mes sœurs, mes frères, mes enfants, mes proches, tout le monde me soutient dans mon parcours.

France Bleu Nord - Pourquoi avez-vous choisi comme prénom 'Estelle' ?

Estelle Szabo - Comme ça, je ne peux pas vous expliquer. Ça m'est tombé dessus. La chance pour une personne transidentitaire, c'est de pouvoir choisir son prénom. Moi, je l'ai depuis que je suis rentrée dans mon parcours donc j'y tiens. Par contre, dans le changement d'identité, je garderais en deuxième prénom le prénom d'Alain. C'est le prénom qui m'a été donné par mes parents. Donc je serai madame Szabo, Estelle, Alain.

France Bleu Nord - Vous avez obtenu le soutien de votre conseil municipal pour poursuivre votre mandat en tant que femme, est-ce que vous allez vous représenter ?

Estelle Szabo - C'est le parcours de vie qui décidera. Mais vous me posiez la question sur les difficultés liées au changement de genre. Je ne veux pas parler de difficultés, mais le parcours est quand même complexe. Et sur le plan de l'état civil, le changement de genre se fait par une demande auprès du tribunal. Le changement de prénom peut se faire en mairie, mais quelquefois, on fait les deux au tribunal. Je trouve qu'on pourrait améliorer un peu la prise en charge de ces dossiers, les simplifier un peu. Ce que je trouve anormal, c'est qu'il faut fournir des attestations de témoins, qu'il faut aller demander à des amis, pour démontrer que vous vivez en femme. Je ne vois pas en quoi ça peut concerner le tribunal, ça me rappelle l'époque où, il y a plusieurs années, il fallait fournir des attestations pour divorcer.

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