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Uniforme à l'école : "Les syndicats enseignants sont à côté de la plaque", rétorque le maire de Perpignan

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Alors que les élèves du groupe scolaire d'Alembert à Perpignan font leur rentrée ce lundi habillés de leur tenue unique, le maire Louis Aliot répond aux syndicats enseignants, très critiques au sujet de cette expérimentation.

Louis Aliot, maire de Perpignan et vice-président du Rassemblement national. Louis Aliot, maire de Perpignan et vice-président du Rassemblement national.
Louis Aliot, maire de Perpignan et vice-président du Rassemblement national.

Les 665 élèves du groupe scolaire d'Alembert à Perpignan ont enfilé leur uniforme pour la première fois, ce lundi, jour de rentrée après les vacances de Pâques. Le port de la tenue unique est expérimenté dans plus de 90 établissements en France. Invité de France Bleu Roussillon, le maire de Perpignan est revenu sur les critiques des syndicats enseignants.

France Bleu Roussillon : Le kit d'uniforme comprend un pull, deux polos, et deux tee-shirts. Tout est bleu marine, avec une partie du blason de la ville de Perpignan, c'est-à-dire le drapeau catalan avec un éclat lumineux au centre, mais sans le Saint Jean-Baptiste. Le regrettez-vous ?

Louis Aliot : Oui, parce que c'est le blason de la ville et je ne vois pas ce qu'il y a de choquant.

La figure de Saint Jean-Baptiste est un symbole religieux...

Oui, mais à ce moment-là, que font les écoles de Saint-Cyprien, de Saint-Hippolyte, de Sainte-Marie, de Saint-Estève ? Il faut gommer les "saint" partout, y compris dans les noms de villes ?

Mais on parle là de l'école publique.

Le blason de la ville a 1.000 ans. Pourquoi le gommer ? Je trouve que ce sont des polémiques inutiles menées par certains syndicalistes dont on connaît les opinions plutôt à gauche. C'est dommage parce que, pour avoir discuté avec un certain nombre de parents, eux s'en moquent éperdument. Les syndicats sont obsessionnels. Et l'éclat de lumière, que les syndicats décrivent comme "lumière divine", n'est autre que le soleil du Roussillon. La ville s'appelle Perpignan-La Rayonnante. 90% des parents ont voté pour les uniformes. Les syndicats ont des propos méprisants, en disant que c'est dérisoire, que tout ça est ironique. Mais ce sont eux qui ne sont plus dans le vrai, qui sont à côté de la plaque.

Les syndicats évoquent le manque de moyens dans l'école d'Alembert, qui expérimente l'uniforme. Ils énumèrent les besoins : livres, meubles, rideaux pour protéger de la chaleur. L'argent des tenues n'aurait-il pas pu servir à autre chose ?

Nous mettons plus de 25 millions d'euros dans les écoles chaque année à Perpignan. Ils veulent des climatisations. Très bien. Est-ce écologique ? Qui paie l'électricité ? Tous ces gens-là parlent sans savoir.

Ils ne parlent pas de climatisation, mais de rideaux.

Non, ils parlent aussi de climatisation. Je l'ai vu dans un certain nombre d'articles. Mais ils ne se rendent pas compte. L'État a été gouverné 40 ans par la gauche. Qu'a fait la gauche pour les écoles ? Ces gens-là sont victimes aujourd'hui du système qui a été fait par les ministères français depuis 40 ans. Je le déplore, comme eux. La mairie de Perpignan met d'énormes moyens, des ventilateurs, etc. On essaye aujourd'hui de rendre les lieux plus frais pour les enfants. Mais on ne peut pas investir massivement dans les écoles, au risque d'entamer gravement les finances de la commune.

Les uniformes ne sont-ils pas un peu gadget ?

Ce n'est pas gadget parce que ça permet la cohésion du groupe et ça permet, je pense, d'apaiser les esprits dans les écoles. Ce sont les professeurs qui se sont portés volontaires dans cette école-là et ce sont les parents qui l'ont appuyé. Bien sûr, ça a un coût, et il est supporté par la mairie pour moitié et par l'Etat.

Les tenues coûtent 35 € par élève de maternelle, et une quarantaine d'euros par élève de primaire.

Et il faudra qu'on discute à l'avenir des moyens de financement, si cela se généralise. On a vu à Béziers il y a quelques semaines, que les enfants étaient ravis de leurs uniformes. Là-bas aussi, il y a eu quelques esprits chagrins qui ont critiqué.

Quels critères allez-vous étudier pour juger si l'expérimentation est positive ou pas ?

Les enseignants le diront. La mairie n'est là que pour payer le matériel. On n'est pas là pour entrer dans le programme pédagogique des écoles. Ce sont les enseignants et la directrice académique qui verront si cela a une utilité ou pas. Je sais simplement, au regard de ce que j'entends, que certains parents l'attendent parce que cela gomme les différences et met un point d'égalité entre les enfants.

Si jamais la tenue unique est généralisée à toutes les écoles de la ville de Perpignan, qui va payer ? La mairie ou les parents ?

La mairie en paiera une partie et l'Etat devra se porter garant du financement également. Les parents auront très certainement une participation à assumer, comme cela se fait dans d'autres écoles. Mais c'est trop tôt pour le dire. Puis se posera le problème de la tenue elle-même. Est-ce qu'on achète du fabriqué français ? Est-ce qu'on achète du fabriqué ailleurs ?

Où les tenues actuelles sont-elles fabriquées ?

On n'a pas pu déroger au marché. Donc ils sont fabriqués à l'étranger, un peu en France pour la sérigraphie par exemple. Mais si on veut du made in France l'année prochaine, on le sait, cela aura un surcoût d'à peu près 60%.

Y a-t-il moyen que les écoles créent leur propre blason ?

Si on crée des blasons supplémentaires, cela aura un coût et je pense qu'on n'a pas les moyens d'avoir deux blasons sur la tenue.

Parlons des élections européennes, qui ont lieu le 9 juin. Êtes-vous candidat sur la liste du Rassemblement national, menée par Jordan Bardella ?

Ça se pourrait. Mais on ne sait pas encore. Je suis en discussion avec la direction du RN. Il y aura quelqu'un des Pyrénées-Orientales, c'est sûr. Il se peut que ce soit moi, mais si c'est le cas, je serai dernier de liste donc non éligible car je ne souhaite pas abandonner la mairie de Perpignan.

N'y aura-t-il qu'un seul candidat des Pyrénées-Orientales ?

Il y a 83 places, il y a la métropole et les Outre-Mer, il y a des candidats d'ouverture, des candidats sortants. Il faut la parité. Et donc c'est très compliqué de construire la liste. Il y a surtout une centaine de départements en France.

Est-ce que cela se joue entre vous et le maire de Baixas Gilles Foxonet ?

Cela se joue entre plusieurs personnes, mais vous aurez le dénouement le 1ᵉʳ mai, puisqu'il y a le meeting de Jordan Bardella et de Marine Le Pen, au Palais des Congrès de Perpignan.

Hier, le Grand maître du Grand Orient de France était à Rivesaltes. C'est la plus grande obédience maçonnique. Il dit que le Rassemblement national est un parti raciste. Que répondez-vous ?

S'il a dit cela, on va être obligé de le poursuivre en justice. Mais je vais vous rapporter ce qu'un ami franc maçon depuis 40 ans m'a dit : "La position du Grand Orient de France ne reflète absolument pas la réalité maçonnique. Le Grand maitre ne représente que lui-même et ses sbires socialistes. Une grande majorité des frères autour de moi voteront RN aux élections européennes." Donc c'est une obédience de gauche qui, depuis des lustres, alimente une certaine haine du courant national. C'est son opinion, c'est sa vision des faits. Mais cela ne concerne pas, heureusement, l'ensemble des milieux philosophiques, y compris à Perpignan.

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