"Manque de laïcité", "argent gaspillé", "risible"... Les syndicats perpignanais très critiques sur l'uniforme à l'école

Ils ont reçu leurs deux tee-shirts, leurs deux polos et leur sweat la semaine dernière. Les élèves de maternelle et des deux primaires du groupe scolaire d'Alembert, quartier Saint-Assiscle à Perpignan, vont les enfiler pour la première fois ce lundi, jour de rentrée après les vacances de printemps.

La ville de Perpignan a déboursé 35 euros par élève de maternelle, et 41 euros par élève de primaire pour cette expérimentation. L'État devrait rembourser environ la moitié de la somme.

Si la plupart des parents semblent bien accueillir la nouveauté, les syndicats enseignants sont beaucoup moins convaincus.

"Cet argent aurait pu servir à autre chose"

Nadia Alram, secrétaire départementale SE-UNSA : "Le bâti scolaire dans la ville de Perpignan est très délabré à certains endroits. Des groupes scolaires sont récents et bien équipés, mais d'autres comme les écoles d'Alembert sont vétustes. Il y avait sûrement d'autres dépenses à prioriser, plutôt que d'acheter des uniformes. Quand on voit l'état de la bibliothèque qui est très peu dotée, le manque de ressources pédagogiques, le manque de livres, de manuels, de matériel en mathématiques, de mobilier scolaire adapté, on se dit vraiment que cet argent aurait pu servir à autre chose. C'est risible, car dans les écoles d'Alembert, les rideaux sont dans un état déplorable. Ils devraient pourtant servir à protéger les élèves et les enseignants de la chaleur en juin ou en septembre. Puisqu'il s'agissait d'investir dans du textile, pourquoi avoir choisi les uniformes et pas les rideaux ?"

"Nous avons une vraie inquiétude sur le respect de la laïcité"

Jean-François Nogues, cosecrétaire de la FSU-SNUipp : "Selon plusieurs chercheurs, les uniformes n'ont pas d'effet sur les résultats scolaires. Il y aurait même des effets plutôt négatifs. D'autre part, nous avons une vraie inquiétude sur le respect de la laïcité. Saint Jean-Baptiste a disparu du blason de la ville affiché sur les vêtements, et heureusement ! Mais il reste cette espèce d'éclat de lumière que l'on nomme dans la religion 'lumière divine'. Ce halo lumineux entoure Saint Jean-Baptiste sur le blason de Perpignan, c'est bien un symbole religieux, et cette lumière divine est toujours là sur les uniformes. On verra si les autorités valident ou non cet imprimé. Et puis, si l'on veut vraiment de la mixité à l'école, il ne suffit pas d'enfiler un tee-shirt. Il faut mettre les moyens sur les services d'éducation et organiser la mixité scolaire entre quartiers."