"C'était difficile le premier jour, ma fille a pleuré" : à Puteaux, top départ pour l'uniforme sur fond de polémique

Une blouse bleu marine avec le nom de l'école brodée au fil blanc. Pour les maternelles de l'école Defense 2000 à Puteaux, l'uniforme se distingue des écoliers de primaire, qui disposent eux dans leur trousseau d'un polo, d'un sweat et d'un cardigan.

La distribution des blouses s'est déroulée le week-end dernier à la mairie. Depuis, c'est la course à la maison pour Maissa, maman de Rayen, dont les deux autres enfants sont en primaire et portent eux aussi l'uniforme.

"À la maison on est à fond, le matin ils sont tous au taquet !", raconte Maissa dont l'expérimentation semble amuser. Son fils a essayé son uniforme pendant le week-end et il en était "très content".

Mais ce n'est pas le cas pour tous les enfants. "C'était difficile le premier jour, ma fille a pleuré, elle ne voulait pas mettre sa blouse" confie Radia, la maman de Lili, une petite fille de 4 ans. "Elle m'a dit que personne n'allait pouvoir voir ses habits et je lui ai répondu que justement, c'était le principe !"

"On nous l'a imposé"

Le principe effectivement avancé par la mairie de Puteaux : réduire les distinctions sociales, mais aussi créer davantage de cohésion. Nadia, maman de Vlad en petite section, se réjouit donc de cette expérimentation et de ses effets positifs. "Ça va les aider à être une équipe et à créer un vrai esprit de groupe dans la classe", selon elle.

Mais ce matin, il reste des parents dubitatifs qui se plient à la règle à contre cœur. "Nous on était pas d'accord pour cette expérimentation", s'agace devant l'école une des mamans. "On nous l'a imposé et ça en tant que parent on n'a pas apprécié". Elle regrette notamment les délais très courts imposés aux parents pour donner leurs avis en conseil d'école.

Des tenues fabriquées au Bangladesh, au Pakistan et en Turquie

Mais ce qui a surtout surpris certains parents, c'est la découverte qu'ils ont faite en regardant de plus près les étiquettes des nouvelles tenues de leurs enfants. "Made in Bangladesh" ou encore "Made in Pakistan" peut-on lire au revers des polos et des cardigans distribués aux élèves de primaire. Autrement dit, les vêtements ont été fabriqués dans des usines asiatiques. Pour les blouses des maternelles, il n'y a carrément aucune étiquette qui informe de la provenance.

Pourtant, la mairie de Puteaux avait assuré qu'elle privilégierait dans son appel d'offre des prestataires qui assureraient une fabrication européenne, dénonce l'élu d'opposition Francis Poezevara. "Pour convaincre les parents, la mairie avait avancé une fabrication européenne, au Portugal, et respectueuse de l'environnement, réagit l'élu de gauche, c'est donc un raté."

Même surprise du côté de la mairie, qui a découvert en même temps que les parents ces provenances. Le premier adjoint à la maire Vincent Franchi a donc convoqué ce mardi 26 mars le prestataire pour une réunion d'urgence.

"Une expérimentation faite dans l'urgence"

Contacté par France Bleu Paris, il indique avoir demandé des explications à l'entreprise chargée d'approvisionner la ville de Puteaux. Sur la question des blouses, "elles ont été fabriquées en Turquie" a appris Vincent Franchi au cours de cette réunion. Quant à la production dans des usines asiatiques, le prestataire a expliqué n'avoir pas pu assurer une production européenne dans les délais qui lui avait été fourni.

Selon Francis Poezevara, cette polémique est "l'illustration parfaite" que le lancement de l'uniforme à Puteaux s'est fait dans l'urgence et avec des délais trop courts pour rester rigoureux. Puteaux est en effet une des premières villes à tester l'uniforme depuis l’appel à l’expérimentation lancé par le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal en décembre dernier.

Une quatrième école doit rejoindre le test en septembre prochain pour la rentrée et un nouvel appel d'offre a été lancé à cette occasion. La mairie affirme qu'elle sera plus vigilante cette fois-ci pour choisir un prestataire qui assure une fabrication européenne.